Semis de printemps
Préserver la structure des sols
En ce début du mois de mars, le retour du soleil couplé à des températures plus clémentes incite les agriculteurs à envisager les semis de cultures de printemps.
En ce début du mois de mars, le retour du soleil couplé à des températures plus clémentes incite les agriculteurs à envisager les semis de cultures de printemps.



Avant toute intervention, il est important d’observer les conséquences de la météo sur vos parcelles.
En effet, cet hiver 2024-2025 a été moins arrosé que l’hiver précédent. Il est tombé entre novembre et février 319 mm en 2025, contre 407 mm en 2024. Toutefois, ces pluviométries restent tout de même au-dessus de la moyenne (293 mm) (voir graphique ci-dessous).
Malgré près d’une centaine de millimètres en moins en 2025, le niveau des nappes phréatiques est souvent plus élevé en ce début de printemps que l’année dernière compte tenu des précipitations relativement importantes durant l’année 2024 (810 mm à Abbeville). Cela peut engendrer des résurgences de nappes à certains endroits et des stagnations d’eau dans quelques vallées.
La structure des sols fortement sollicitée depuis deux ans
À la faveur de ces précipitations intenses, de nombreuses parcelles ont subi des dégradations importantes de leur structure. Des chantiers de récolte de betteraves ou de pomme de terre, en conditions difficiles, ont engendré des tassements en profondeur. Il n’est pas rare d’observer des tassements à des profondeurs de 30 à 40 cm, là où les outils de restructuration ne peuvent pas intervenir. Même la récolte des céréales a pu dégrader les horizons profonds. Compte tenu des conditions d’humidité de l’année 2024, les fenêtres de tir pour passer avec un outil de restructuration ont été très limitées.
Face à cette situation exceptionnelle, il peut être envisagé, si vous constatez des tassements en profondeur ou des signes de mauvais drainage dans les horizons inférieurs, d’intervenir en ce début de printemps avec un décompacteur pour aider les cultures sensibles aux tassements à explorer les horizons profonds.
En tout état de cause, il faudra veiller à intervenir lorsque le fond sera suffisamment ressuyé et éviter le mélange des horizons.
Le gel, pas plus de 5 cm !
Auparavant, avec des hivers bien plus rigoureux qu’aujourd’hui, on pouvait espérer une action du gel sur une restructuration naturelle partielle en fonction des textures de sol. Avec - 3,7 °C le 11 janvier au poste d’Abbeville, température la plus froide pour le moment, il ne faut pas attendre de miracles. Ces quelques jours de gel ont simplement fait évoluer les 4 à 5 premiers centimètres principalement dans les sols avec un taux d’argiles au-delà de 25 à 30 %.
A contrario, un labour réalisé tôt en saison dans un sol pauvre en argiles a, à la faveur des fortes pluies de janvier, entraîné une fermeture de surface. Cette situation est problématique car elle engendre une destruction des agrégats de surface et peut provoquer de l’érosion.
Février a été bénéfique pour le ressuyage
Avec 23,4 mm en février au poste d’Abbeville, ce faible niveau de précipitations a compensé le surplus de janvier (160 mm). En effet, les sols étant saturés en janvier, cette période d’accalmie a permis aux sols de drainer les eaux dans les horizons inférieurs dans les situations où il n’y avait pas de tassements sévères en profondeur. En parallèle, un début de ressuyage a pu s’enclencher qui a permis d’avoir au début du mois de mars un horizon relativement correct. Toutefois, le fond de cet horizon est encore plastique dans plusieurs situations notamment dans les sols argileux et limoneux.
À texture équivalente, le ressuyage sera plus lent en système non labouré et demandera un décalage de quelques jours pour intervenir en bonnes conditions.
Attention à la température du sol
En ce début du mois de mars, même si dans certaines parcelles (cranettes, sables) l’horizon semble relativement ressuyé, la température du sol n’est pas encore à son optimum pour une levée rapide et uniforme. En effet, c’est avec un minimum de 10°C que l’on obtient une bonne levée de la betterave sucrière. Les températures relevées en ce début de mois vont de 5°C à 9°C pour le plus réchauffé. Il s’agit d’un sol sableux labouré. La photo ci-dessus illustre la température de cette parcelle.
Le gradient de températures observé illustre bien les caractéristiques du type de sol. La température la plus basse est observée dans les sols profonds de fond de vallée là où le ressuyage n’est pas complètement abouti. À l’inverse, ce sont les sols sableux des plateaux qui se réchauffent plus vite. Cela montre bien l’importance d’aller observer ses parcelles, d’autant plus que l’exploitation est couverte par des sols hétérogènes.
Une préparation superficielle
Une fois que tous les éléments (ressuyage, T°) seront réunis, vous pourrez envisager une préparation de votre lit de semences. Il faudra être attentif à ne pas bouleverser les horizons profonds. En effet, l’humidité présente dans le profil ne devra pas être trop exposée aux conditions séchantes de surface. Il serait dommage de ne pas profiter de la recharge hivernale pour alimenter la culture au printemps. Un travail sur les cinq premiers centimètres sera suffisant pour garantir un bon démarrage de la culture. Cette intervention devra permettre un bon rappui du sol sans excès de terre fine. En effet, le maintien d’un certain niveau d’agrégats en surface, notamment pour les sols limoneux, limitera le risque de battance et d’érosion des sols.
Ces pertes par érosion sont irréversibles. C’est votre capital sol qui en prend un sérieux coup !
