Présidentielle : la société civile se mobilise pour l’Europe et l’emploi
Au-delà des organisations syndicales de l’agriculture,
bon nombre d’organisations représentant la société civile prennent position sur l’élection présidentielle et ce qu’elles demandent aux candidats.
La défense de la Pac : c’est, de manière inhabituelle, et en parallèle aux organisations d’exploitants, ce que demande la FGA-CFDT, la branche agricole et agro-alimentaire de la CFDT. Face au risque d’une arrivée au pouvoir du Front national, elle défend, dans un communiqué du 9 mars, le maintien de la France dans l’Union européenne, notamment pour les atouts que l’Europe apporte en matière agricole et d’emploi dans le secteur. La FGA-CFDT rappelle aux candidats à la présidentielle, qui envisagent une sortie de l’Union européenne que l’Europe est une «zone de libre-échange […] très profitable à l’agriculture française» dans la mesure où «les échanges agro-alimentaires de la France avec l’Union européenne sont structurellement excédentaires», et que «les principaux clients de la France sont ses voisins» européens (Allemagne, Belgique). Le premier client hors Europe - les Etats-Unis - n’arrivant qu’en 7e position. La CFDT-FGA appelle les présidentiables à «remettre le débat sur l’Europe au c½ur de la campagne», et à soutenir que «l’Europe est la solution».
Si le syndicat de salarié défend l’Europe en raison de son impact sur l’emploi, neuf acteurs du secteur ont interpellé très directement les candidats à l’élection présidentielle sur le marché des emplois liés à l’agriculture, le 27 février dernier, au Salon de l’agriculture. «Nous manquons de visibilité. Nous devons faire (re) connaître de nombreux métiers agricoles aujourd’hui méconnus», explique Bernard Gardès, président de l’Anefa (employeurs et salariés de la production agricole). Selon la filière, 25 % des agriculteurs recrutent, et 12 000 emplois salariés agricoles restent «vacants chaque année». En production agricole, c’est notamment le cas en viticulture, bovins laitiers, maraîchage, grandes cultures et porcins. Par ailleurs, l’Apecita (emplois cadres, ingénieurs et techniciens de l’agriculture et de l’agro-alimentaire) constate que les offres d’emploi pour les Bac + 5 manquent. Et dans le même temps, des emplois Bac + 2/Bac + 3 ne sont pas pourvus.
Qui recrute ou peu ?
En tête de liste des métiers dits «en tension», ceux du machinisme agricole. «Le secteur est terni par une mauvaise image», déplore-t-on à l’Apecita. Pourtant, les machines sont à la pointe d’un point de vue technologique. Les métiers agricoles s’automatisent. «C’est moins pénible.» Selon les données d’Axema (constructeurs de machines agricoles), 4 000 postes seraient à pourvoir en 2017. En outre, «dans le machinisme, 77 % des offres d’emploi déposées à l’Apecita sont en contrat à durée indéterminée, contre 53 % dans les autres secteurs d’activité».
A l’inverse, certaines filières n’offrent que très peu de débouchés. Mais, en amont, l’enseignement et la formation agricole continuent d’en faire la promotion. Par exemple, les emplois liés à la protection de la nature et de la biodiversité sont peu nombreux, notamment en Bac + 5, explique-t-on à l’Apecita qui développe : «Les formations devraient adapter leur contenu pour orienter vers les métiers du traitement des déchets et de l’énergie, où il y a des postes à pourvoir.» L’Apecita et d’autres ont des réunions régulièrement avec le ministère de l’Agriculture pour adapter les parcours d’enseignement et de formation au marché de l’emploi. «Nous avons alerté le ministère de l’Agriculture sur le décalage entre la formation et le marché de l’emploi», précise Mylène Gabaret, directrice de l’Apecita.
Les entreprises de l'eau présentent cinq défis pour les candidats
Les entreprises de l’eau (FP2E) ont présenté, le 7 mars, cinq défis déclinés en dix propositions destinées aux candidats à l’élection présidentielle. Un des défis est la transition écologique. Ainsi, Bertrand Camus, président de FP2E, explique que l’élimination des pollutions dans les cours d’eau est une préoccupation majeure des Français. Il rappelle que les entreprises travaillent notamment avec les agriculteurs pour limiter les sources de pollution liées aux intrants. En bout de chaîne, il faut aussi investir dans les usines de traitement. «Entre 1990 et 2010, on a beaucoup investi dans les traitements de matière carbone, azote, phosphore. Demain, nous devrons investir dans des équipements plus sophistiqués pour lutter contre les micropolluants (perturbateurs endocriniens, médicaments).» Par ailleurs, il explique qu’à peine 0,1 % des eaux usées traitées est réutilisé en France. «Cela mériterait d’être encouragé, alors que l’objectif fixé par la Commission européenne est de multiplier par six les volumes d’eaux usées recyclées.» Cette eau pourrait notamment être utilisée pour l’irrigation en agriculture.