Prochaine moisson : un bon potentiel de rendement en perspective
Le comité régional des céréales de Picardie a examiné les estimations de récolte et les évolutions des surfaces.
Les cultures de la prochaine récolte présentaient, à la fin juin, un bon potentiel de rendement, légèrement supérieur à la moyenne quinquennale. C'est ce qu'a estimé le comité régional des céréales de Picardie réuni le 3 juillet dernier sous la présidence de Jacques de Villeneuve.
Une estimation assortie toutefois de réserves car, outre l’état d’avancement des cultures, les conditions climatiques du mois de juillet restent déterminantes.
La moisson des escourgeons est en cours et celle des blés serait envisagée fin juillet, début août.
Retour sur la campagne 2013-2014
Les conditions de semis pour l’ensemble des cultures d’hiver ont été bonnes. Elles ont permis globalement une implantation optimale des cultures. De décembre à la mi-mars, les températures hivernales particulièrement douces ont été à l’origine d’une précocité des cultures. Ainsi, au sortir de l’hiver, une avance de quatre semaines par rapport à l’année dernière était constatée au stade épi 1 cm pour les blés et les orges d’hiver d’après les observations du programme Céré’obs développé par FranceAgriMer (http://cereobs.franceagrimer.fr).
L’ensemble des cultures a bénéficié largement de l’ensoleillement exceptionnel des mois de mars et avril avec des températures moyennes supérieures de 1 à 2°C par rapport à la normale sur 20 ans. Dans le même temps, la région accusait un déficit pluviométrique, sans pour autant poser des problèmes d’absorption de l’azote par les plantes.
Toutefois, ces conditions ont moins profité aux cultures de printemps, ces dernières subissant un stress hydrique lors de leur implantation pour les orges de printemps notamment.
Les précipitations excédentaires de mai, couplées à des températures fraîches, ont ralenti quelque peu l’avance du cycle de développement des céréales, ce dernier n’étant plus que de deux semaines au stade épiaison.
Maladies maîtrisées
Les conditions climatiques printanières ont favorisé le développement des maladies, notamment la rouille jaune. Mais les protections mises en place ont permis de les maîtriser.
Le mois de juin, chaud et sec, a permis un remplissage optimum des grains. Les premières coupes d’escourgeons ont eu lieu à la fin du mois. Cependant, pour les céréales à paille, des inquiétudes demeurent sur le risque élevé de verse mécanique. En effet, les orages s’abattant sur les épis lourds pourraient avoir des conséquences sur le rendement et la qualité des grains.
Blé : légèrement supérieur à la moyenne quinquennale
Dans le dernier relevé Céré’Obs, les conditions de culture des blé picards sont qualifiées à 78% «de bonnes* à très bonnes» (contre 81 % en 2013 à la même période), 92 % (contre 80%) pour les orges d’hiver et 70% (contre 86%) les orges de printemps.
Dans l'immédiat, l'estimation du rendement blé tendre se situe autour de 88 qx, soit légèrement supérieure à la moyenne quinquennale.
La production picarde de blé serait en légère diminution par rapport à 2013 (- 2,5%), autour de 4 846 000 tonnes. Les trois départements picards présenteraient des rendements similaires, la Somme légèrement supérieure par rapport aux deux autres départements.
Les membres du Comité sont unanimes pour retenir l’aspect relativement hétérogène des cultures et font remarquer que beaucoup d'éléments sont encore difficilement mesurables à ce jour, notamment l’impact des maladies (rouille, fusariose…) et les températures échaudantes. Les conditions de maturation des blés au cours des prochains jours semblent un élément déterminant.
La moisson des escourgeons est en cours. Les premières résultats sont encourageants, tant au niveau qualitatif que quantitatif. D’après les estimations, les rendements approcheraient les 84 qx au niveau régional, en augmentation par rapport à l’année dernière.
En ce qui concerne les orges de printemps, les conditions climatiques du printemps ont été moyennes. Les rendements attendus seraient en diminution par rapport à 2013, autour de 67 qx. Une interrogation demeure également sur la qualité finale, compte tenu de l’aspect hétérogène durant les levées.
Colza et pois en hausse
Les rendements prévus en colza devraient être en augmentation par rapport à l’année dernière, autour de 39x, équivalente à la moyenne quinquennale.
Les pois présentent un bon potentiel.
Le rendement en Picardie pourrait se situer autour de 48 qx, en augmentation par rapport à l’année dernière (47 qx).
A l’instar des pois de printemps, les féveroles ont bénéficié de conditions climatiques favorables.
Cependant il est encore un peu tôt pour avoir une bonne appréhension du rendement. Le potentiel de rendement serait en hausse par rapport à l’an passé, autour de 47 qx.
* le stade «condition de culture = bonne» correspond à un état de croissance normal incluant les facteurs limitants habituels pour la région.
Estimations de surfaces
- Blé tendre : la sole picarde devrait être en progression de 1 % par rapport à l’année dernière, proche des 552.000 ha, soit environ 50% de la surface agricole utile.
- Orges d’hiver : en augmentation de 13 % par rapport à 2013 à 67 000 ha.
- Orges de printemps : en baisse de 5 %, autour de 35 000 ha.
- Maïs : en retrait de plus de 21% par rapport à l’an passé, les prix du marché de la campagne précédente incitant les agriculteurs à ne pas se porter sur cette culture. Il est difficile de chiffrer exactement la part qui sera affectée au maïs grain, compte tenu du transfert possible du maïs ensilage en maïs grain.
- Colza : après une augmentation continue depuis cinq ans et une sole record en 2013, les surfaces diminueraient cette année, autour des 138 000 ha (- 4%). L’explication serait due en partie, à l’instar du maïs, au prix moins rémunérateur sur la campagne 2013-2014.
- Pois protéagineux : en hausse de 7,5 %, autour 16 000 ha.
- Féveroles : en baisse de 3%, autour de 15 500 ha.
Source : les estimations du service statistique de la Draaf consolidées par les premières extractions des déclarations PAC des exploitants.
Un accord protéines
Jacques de Villeneuve, président du comité régional des céréales, s'est félicité lors de ce comité de l’entrée en vigueur de l’accord interprofessionnel protéines à compter du 1er juillet 2014. Même si la mention d’un taux de référence de protéines dans les contrats conclus entre les producteurs et les collecteurs pour cette nouvelle récolte n’est pas encore obligatoire (contrats récolte 2015), il n’en demeure pas moins que les collecteurs doivent sensibiliser dès à présent leurs livreurs à cette nécessité et faire usage de pédagogie pour cette année de transition.En ce qui concerne les contrats conclus entre les collecteurs et leurs clients (exportateurs, industriels, meuniers, FAB…), cet accord s’applique dès le 1er juillet 2014.Les professionnels ont toutefois relevé les difficultés pratiques à satisfaire à la fois les exigences environnementales et l’amélioration du taux de protéines, tout en soulignant la nécessité d’étendre l’utilisation des outils d’aide à la décision et des innovations technologiques mises à disposition des agriculteurs.