Production ovine : l'heure est à la reconquête
Le marché de la viande ovine est actuellement porteur. La Fédération nationale ovine en profite pour lancer un nouveau programme d’actions techniques et de promotion.
Elle l'a expliqué lors de sa tournée régionale à Amiens.
Comme chaque année, la fédération nationale ovine (FNO) réalise des tournées régionales. Pour les régions du Nord, de la Picardie, de l’Ile-de-France et de la Haute Normandie, une vingtaine de personnes s’est réunie à Amiens le 3 février. Valéry Lecerf, éleveur dans le Pas-de-Calais a succédé à Lysiane Jullien de la Seine-Maritime en tant qu’administrateur régional à la FNO.
Un gros sujet sur lequel la FNO se mobilise est la prédation. «29 départements ont été touchés en 2014 contre 19 en 2013, soit plus de 1 000 éleveurs concernés», a expliqué Mylène Foussier, chargée de mission à la FNO. A noter qu’il y a eu six attaques de loup dans les Ardennes.
6,35 euros/kg de carcasse en moyenne en 2014
«La Nouvelle-Zélande et l’Australie qui représentent 12% de la production mondiale, dominent les exportations mondiales», a expliqué Mylène Foussier. Et de poursuivre, «la Chine est devenue le plus gros pays consommateur de viande ovine au monde et elle est principalement approvisionnée par la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Uruguay. Conséquence, les exportations de ces pays vers l’Europe diminuent et donc les prix augmentent».
La France est le premier pays importateur européen de viande ovine et le premier marché déficitaire avec une production qui représente environ 40% de la consommation française. «La consommation des ménages français a chuté de 3% en 2013 car la disponibilité est faible, le prix au détail reste élevé. De plus, les consommateurs français d’agneau sont de plus en plus âgés : en 2013, 74% avaient plus de 50 ans d’après le panel Kantar», a ajouté la chargée de mission.
Le prix au producteur s’élève à 6,35 euros/kg de carcasse en moyenne en 2014. «Il est en hausse par rapport à 2013 et le contexte fait que les prix devraient continuer à augmenter sur le long terme, avec des fluctuations sur le court terme», a précisé Jean-Roch Lemoine, administrateur à la FNO. Et ce alors que les coûts de production continuent à régresser en raison de la baisse des prix de l’aliment et de l’énergie.
Identification électronique
«L’identification électronique des petits ruminants devait être obligatoire au 1er janvier 2015 mais les observations montrent qu’entre 15 et 20 % des animaux ne sont pas encore identifiés électroniquement. La Dgal (Direction générale de l'alimentation) a donc souhaité une solution transitoire afin de ne pas laisser autant d’animaux de côté. Car la non mise en conformité a des impacts sur la conditionnalité des aides PAC», a expliqué Mylène Foussier.
La date a ainsi été reportée et les nouvelles obligations sont les suivantes : à partir du 1er janvier 2015 et jusqu'au 31 décembre 2016, les animaux nés entre le 9 juillet 2005 et le 30 juin 2010 sont identifiés électroniquement dès lors qu’ils quittent l’exploitation dans laquelle ils sont détenus. A partir du 1er janvier 2017, les détenteurs identifient électroniquement tous les animaux des cheptels nés avant le 1er juillet 2010.
«L’identification électronique est obligatoire pour la mise en marché des ovins et caprins. Elle n’est pas exigée pour les ovins qui restent détenus sur leur exploitation et qui sont nés entre le 9 juillet 2005 et le 30 juin 2010», a rappelé Mylène Foussier.
La procédure classique d'électronisation encadrée par l'EDE - la boucle de gauche est coupée et remplacée par une boucle électronique - est maintenue et reste la procédure de référence : les éleveurs devront le faire avant le 1er janvier 2017.
Dans la période allant jusqu'au 31 décembre 2016, dans l'attente de l'électronisation de son cheptel et afin de répondre à l’obligation d’identification électronique pour la mise en marché d’animaux n’ayant jamais eu de repère électronique, l’éleveur, s’il dispose d’un stock de repères électroniques, peut poser l’un d’eux en surbouclage, en sus des deux repères conventionnels existants. Le numéro de la boucle électronique étant différent de la boucle conventionnelle, il enregistre la correspondance entre ce nouveau numéro et l’ancien numéro dans son registre d’élevage. L’animal ainsi identifié peut quitter l’exploitation pour toute destination, à l’exception des exploitations d’élevage.
Inn’Ovin remplace le programme Reconquête ovine
Suite à l’évaluation du programme «Reconquête ovine» lancé en 2009 dont l’objectif était d’augmenter l’attraction de la production ovine et dans l’élan du séminaire «dessine-moi un mouton» qui a réuni en septembre 2014 l’ensemble des acteurs du monde ovin de l’amont à l’aval, la filière ovine (lait et viande) lance avec l’ensemble de ses partenaires un nouveau programme d’actions techniques et de promotion, Inn’Ovin.
«Nous avons de nouveaux objectifs pour ce programme : produire plus d’agneaux et de lait pour satisfaire la demande et ainsi créer plus d’emplois sur l'ensemble du territoire. Notre souhait est d’accroître le revenu des éleveurs tout en améliorant leurs conditions de travail et donc l'attractivité du métier», a commenté Jean-Roch Lemoine.
Enfin, un débat sur l’accompagnement technique dans la région a été mené l’après-midi.
Oviplan : un logiciel en ligne pour mûrir son projet
L’institut de l’élevage a réalisé, à la demande de la FNO, un outil accessible en ligne gratuit sur www.idele.fr appelé Oviplan. Il permet d’aider de futurs éleveurs à planifier la conduite qui correspond le mieux à leur région et à leur exploitation en prenant en compte notamment la disponibilité en bâtiment, en main-d’œuvre, en herbe, le potentiel agronomique des terres.
La simulation permet de dimensionner au mieux l'atelier. En rentrant les surfaces et le temps de main-d’œuvre disponible, Oviplan indique la taille du troupeau qui semble la mieux adaptée à l’exploitation.
Une autre étape décrit les caractéristiques techniques et économiques du projet. L’outil est basé sur les références recueillis via les réseaux ovins suivis par l’Institut de l’élevage et les chambres d’agriculture.
Cet outil d’aide à la décision permet de dégrossir le projet en orientant vers la conduite la plus adaptée au contexte de l'exploitation mais ne remplace pas le technicien.