Pucerons et adventices, les fléaux de 2020 pour la betterave
Bien que le sujet ait copieusement occupé la campagne 2020, la jaunisse virale n’est pas la seule menace qui a pesé sur le rendement betteravier.
Bien que le sujet ait copieusement occupé la campagne 2020, la jaunisse virale n’est pas la seule menace qui a pesé sur le rendement betteravier.
La prochaine campagne betterave devra être au minimum «bonne» pour faire oublier celle qui se termine, ont témoigné les intervenants du comité technique de l’Institut technique de la betterave (ITB) de la Somme, en ce début de semaine. En termes de rendements, la moyenne départementale se situe à 74 tonnes à 16 contre 89,6 tonnes à 16 de moyenne quinquennale. Pour expliquer cette contre-performance, plusieurs explications : conditions météo, complexité du désherbage et jaunisse virale.
Des conditions météo perturbantes
En ce qui concerne les conditions d’implantation des betteraves 2020, les choses ont plutôt mal démarrées dès l’hiver 2019-2020 avec des précipitations importantes, supérieure à la moyenne saisonnière de 50 %. Conséquence, les labours d’hiver ont été difficiles à réaliser et ont duré dans le temps (entre octobre et janvier). La pluviométrie du mois de mars n’a, quant à elle, pas non plus facilité les préparations de sol, avec un ressuyage «compliqué» dixit Yohan Debeauvais. Dans les quinze jours suivant les semis, c’est ensuite le vent, fort et desséchant, qui a perturbé les débuts de la croissance des futures betteraves. «Beaucoup de lits de semences ont séché, étaient motteux, ce qui a entraîné des retards de levées», décrit le délégué de l’ITB pour la Somme. À partir de ces enseignements, il préconise pour les prochains semis de «bien préparer son sol, d’éviter autant que possible les sols motteux et de bien choisir ses outils». Le lit de semences devra, quant à lui, être «humide», sans être trop profond (maximum
2,5 cm).
Importance du choix variétal
Face au stress hydrique qui aura ensuite touché un certain nombre de parcelles, il n’existe pas malheureusement de solution-miracle : «Le principal levier que l’on peut utiliser est le choix variétal, reconnait Yohan Debeauvais. Une variété tolérante au stress hydrique donnera toujours de meilleurs résultats qu’une variété sensible, associée à une protection fongicide appropriée». Dans le département de la Somme plus qu’ailleurs en France, l’année 2020 restera également marquée par une présence d’adventices particulièrement forte. Les principales espèces rencontrées sont les chénopodes, suivis par les chardons et laiterons. Pour lutter efficacement contre les adventices, «la première chose à faire est de bien connaître l’historique de la parcelle et l’observer régulièrement», a rappelé Cédric Royer, expert désherbage de l’ITB. Car c’est bien de ces observations que dépendra le choix de la stratégie de désherbage et les solutions les plus appropriées.
Des semences enrobées à venir
Bien que la Somme ne soit pas le département le plus touché par la jaunisse virale en 2020, la perte de productivité liée à la maladie se chiffre à 20 %, selon l’ITB 80. Si le secteur d’Ault a été le premier touché, la maladie s’est ensuite déplacée. Pour conclure, l’ITB est revenu sur l’autre volet du dossier «jaunisse» avec la mise en œuvre de la consultation de l’arrêté ministériel devant réautoriser l’utilisation des néonicotinoïdes de manière temporaire en production betteravière ; mais aussi sur les engagements de la filière. Parmi ces engagements, celui de réduire de 25 % la dose de NNI utilisée pour l’enrobage des semences. «À 75 % de la dose autorisée par l’autorisation de mise en marché (AMM), on garde une protection efficace contre le puceron vert Apter», a précisé Ghislain Malatesta, responsable du département Expérimentation et expertises régionales de l’ITB. Son directeur général, Vincent Laudinat a tenu, quant à lui, à «rassurer» les producteurs sur la disponibilité des semences enrobées, avant les prochains semis : «Tout le monde est prêt, a-t-il déclaré. Les enrobages pourront être réalisés d’ici fin janvier».