Quand les fermes deviennent des œuvres d’art...
Thierry Guillot, alias Glass Hysteria, est graphiste en région parisienne. Mais il aime se ressourcer dans la maison familiale de Thory, près d’Ailly-sur-Noye. L’art urbain se mêle alors au milieu agricole…
Une fresque sur le mur d’une exploitation, à l’entrée du village de Thory, rappelle que les vaches laitières ruminaient dans cette ferme il y a encore quelques années. Quelques rues plus loin, la représentation d’un étang au coucher de soleil, où s’épanouissent des canards et un faisan, laisse deviner que l’agriculteur est un amateur de nature et de chasse. Au-dessus, pas de doute, le commerce de paille fait vivre l’exploitation, puisqu’un tracteur attelé à un plateau bien chargé y est peint. Ces œuvres sont nées des bombes de peinture de Thierry Guillot, alias Glass Hysteria.
«J’ai toujours été graphiste, se présente l’artiste, qui habite à Epinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis. J’ai travaillé pour la promotion des ventes de grosses boîtes agro-industrielles, mais ma passion est tout ce qui touche au naturel.» Alors entre deux contrats pour Lu, Jacques Vabre ou Coca Cola, l’homme aime retrouver sa paisible campagne samarienne, dans la maison de ses grands-parents. «Ici, je connais tout le monde. Les agriculteurs du village sont mes amis d’enfance.»
Raconter l’histoire du village
Lui a cependant gardé sa vie urbaine, où il a exploré diverses techniques de création artistiques : gravure sur verre, graffiti… Grafitti ? Il avoue avoir pratiqué cette activité en «pirate», au début. «Mais nous avons la chance que ce soit devenu un besoin, pour redorer les quartiers à l’abandon.» Ce même besoin se fait sentir en campagne. Une idée lui est alors venue, à force de passer devant les murs vierges des fermes. «Ils peuvent raconter l’histoire du village, à travers l’histoire de chaque grange, chaque enceinte.»
Délicat, au début, de vendre le tag, perçu comme une activité sauvage. «Je suis allé discuter de leurs envies avec les agriculteurs, je leur ai fait des propositions de décors sur ordinateur pour qu’ils puissent se rendre compte. Nous avons discuté des détails…» Et à cette suggestion, quelques amis ont été emballés.
Communication positive
Bertrand Pruvot, installé dans la Grande rue, agriculteur et marchand de paille, a été le premier à accepter le projet. «C’est un moyen de montrer ce que nous faisons, et puis ça égaille la façade», confie-t-il. Une communication positive bienvenue, à l’heure où les habitants des villages s’éloignent de plus en plus du milieu agricole. «Lorsqu’on met un peu de paille dans le caniveau, c’est toute une histoire. Mais cette fresque n’est que du positif. Beaucoup de gens s’arrêtent pour voir. La discussion est facilement entamée.» Certains profitent même d’un tour de la ville pour admirer l’ensemble des œuvres.
Thierry Guillot confirme : «Lorsque je suis en pleine création, tout le monde vient me voir pour poser des questions. Je n’arrive pas à bosser ! (Rires)». La réussite des premiers projets fait désormais effet boule de neige. Quatre fresques ont déjà été réalisées dans le village, et quatre autres sont en prévision, dont l’abri de bus de la commune. «J’aimerais faire encore plus de fermes et, pourquoi pas, me voir confier des bâtiments et des murs d’autres communes.»
Contact : Thierry Guillot, 06 50 42 93 04
Facebook : @glasshysteria
Instagram : glass_hysteria