Biodiversité
Quatre kilomètres de haies pour protéger un captage d’eau
En s’associant à un partenaire privé, Christophe Desmis, un agriculteur du Santerre, fait le pari de planter quatre kilomètres de haies pour limiter le ruissellement et l’érosion dans une zone de captage.
En s’associant à un partenaire privé, Christophe Desmis, un agriculteur du Santerre, fait le pari de planter quatre kilomètres de haies pour limiter le ruissellement et l’érosion dans une zone de captage.
Dans le Santerre, Christophe Desmis n’a pas attendu de pouvoir profiter d’un dispositif d’aides publiques pour replanter des haies au milieu de ces champs. C’est en revanche en s’appuyant sur l’expertise de l’entreprise PUR Projet qu’il s’est engagé à replanter quatre kilomètres de haies sur sa ferme installée à Vrély, dans la Santerre. Pour l’agriculteur engagé dans plusieurs démarches d’amélioration de ses pratiques - filière CRC pour le blé, «zéro résidu de pesticides» avec Bonduelle -, planter des haies sur son exploitation est d’autant plus pertinent qu’une partie du parcellaire de sa ferme se trouve sur une aire de captage d’eau potable gérée par le SIEP du Santerre. De cette zone de captage dépend l’alimentation en eau potable de quelque 40 000 habitants, mais aussi celle de l’usine Mousline.
1,5 kilomètre pour débuter
Milieu de semaine dernière, c’est aidé par des étudiants du Lycée agricole de l’Oise (Airion) qu’un premier chantier s’est mis en place. En l’espace d’une journée, les étudiants de BTS «aménagement paysager» et «agronomie productions végétales» (APV) ont ainsi planté
1,5 kilomètre de plants, en deux lieux. Si la première rangée d’arbustes reprend l’ancien lit d’un cours d’eau disparu, l’autre a été implantée en bord de champ, sur un talus. Dans les deux situations, l’effet recherché est le même : freiner l’écoulement de l’eau, et donc le ruissellement, mais aussi favoriser son infiltration et enrichir la biodiversité locale. «Si on fait cela, c’est pour garantir la qualité de l’eau», assurait la semaine dernière l’agriculteur, reconnaissant que «des erreurs ont été faites dans le passé». En replantant des haies sur des parcelles d’où elles ont disparu, il espère pouvoir continuer à les cultiver : «Si on ne fait rien, on finira un jour par ne plus avoir le droit de cultiver ici… Ce sont pourtant des terres où l’on peut faire de belles choses en céréales, en colza, en betteraves, mais il faut en prendre soin.» L’emprise représentée par les haies ? «Sur 4 kilomètres, je vais perdre 80 ares…», relativise M. Desmis.
Compensation environnementale
L’engagement pris avec PUR Projet lui a permis «de ne pas avoir un centime à débourser», hormis pour l’intendance du chantier. De la préparation du terrain jusqu’à la livraison des plants dans la cour de la ferme, «tout a été financé sans argent public». Une fois la plantation réalisée, un suivi de cinq ans est assuré par PUR Projet pour s’assurer de la pérennité du projet. PUR Projet se charge de son côté de trouver des entreprises multinationales soucieuses de compenser leur impact sur l’environnement en leur permettant de financer des opérations de reconquête de la biodiversité et de captation du carbone. Il peut ainsi s’agir de projets d’agroforesterie, de reforestation ou encore de restauration des écosystèmes marins.
Effet boule de neige recherché
Compte tenu des conditions météo des derniers mois, le chantier a dû être reporté à deux reprises. Le fait d’associer des étudiants à l’opération ? «C’est toujours intéressant, constate M. Desmis. Ils sont demandeurs et cela permet d’échanger.» Président de la société de chasse locale, Christophe Desmis voit également dans la plantation de haies un effet positif pour la petite faune sauvage. Le jour du chantier de plantation, il n’y avait donc rien de surprenant à ce que quelques sociétaires soient venus prêter main forte. À l’heure de la pause méridienne, l’agriculteur a profité de la rencontre avec les étudiants et leurs professeurs pour rappeler toutes les démarches entreprises «depuis une trentaine d’années» pour améliorer l’impact environnemental de sa ferme : «Il y a tout un tas de choses que l’on fait et qui ne se voient pas… La gestion de l’azote, l’utilisation des outils d’aide à la décision…», détaillait-il. Avec la plantation de haies sur son exploitation, «c’est encore une autre initiative, mais celle-là, elle a le mérite de se voir», expliquait l’exploitant. Et d’espérer que d’autres lui emboîteront le pas. La prochaine tranche du projet qui l’intéresse devrait porter sur le secteur de Rosières-en-Santerre/Vauvillers, dans un secteur plus urbanisé.