Quelles conséquences du Brexit en Hauts-de-France ?
Pour faire du Brexit une opportunité et non un danger,
le président de Région appelle le gouvernement à passer à l’action et le monde économique local à plus de coordination.
Il semble que le pire scénario soit désormais envisagé : celui d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord à l’amiable. Accord de sortie ou non, il faudra bien se préparer ; la Région et ses entreprises sont en première ligne. Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, veut accélérer le mouvement.
Afin d’éviter d’être victimes de la concurrence des ports belges, les acteurs économiques de la région sont invités à se mobiliser : «Les ports et tunnels doivent travailler ensemble, a insisté Xavier Bertrand. Ce sera la catastrophe si on n’y va pas main dans la main», a-t-il répété lors d’une conférence de presse organisée à l’issue d’un comité stratégique consacré au sujet, lundi 8 octobre à Lille.
«Il faut une mobilisation totale»
L’Etat est également attendu au tournant. «Il faut que le ministère de l’Agriculture se bouge maintenant», a lancé Xavier Bertrand. Alors que le nombre de douaniers supplémentaires nécessaire est désormais connu (sept cents personnes vont être recrutées), il reste de nombreux flous, notamment dans le secteur agroalimentaire. «Il faut que l’on sache exactement combien de vétérinaires il y aura en plus, combien d’experts agricoles seront nécessaires et quand devront-ils être sur le terrain», a insisté le président de Région. «Il faut une mobilisation totale de l’Etat français, a-t-il ajouté. Pour garder une fluidité des échanges, il va falloir recruter, mais aussi investir massivement dans les nouvelles technologies pour effectuer les formalités de douane.»
Le Brexit, qu’il se fasse de manière «hard» ou «soft», aura en effet des conséquences importantes sur l’organisation des contrôles, en termes de «moyens humains et d’infrastructures, a souligné le préfet des Hauts-de-France, Michel Lalande. Au cours d’un week-end de fin d’été, ce sont des centaines de milliers de personnes qui transitent (entre les deux pays), mais aussi trente-cinq mille poids lourds et trente mille véhicules.» Des contrôles renforcés signifient donc de longs embouteillages. Ce que Xavier Bertrand veut éviter en les positionnant en amont, notamment dans le tunnel sous la Manche à l’aide d’outils performants. Un coordinateur national, a en outre, été nommé le 2 octobre dernier. Pour Vincent Pourquery de Boisserin, «si les infrastructures ne sont aujourd’hui pas prévues pour que les contrôles aillent vite, l’asymétrie (avec Londres) est corrigeable.» Son rôle sera «de mettre en harmonie les mesures nécessaires et d’identifier les difficultés des acteurs en région. La principale étant qu’aujourd’hui toutes les discussions se déroulent à Bruxelles», a-t-il souligné.
Mobiliser les entreprises locales
Egalement concernées, les entreprises régionales doivent se tenir prêtes. «Nous devons mobiliser les entreprises, y compris les entreprises agricoles, pour qu’elles comprennent qu’elles seront assujetties à ces contrôles douaniers.» Dans la région, près de cinq mille cinq cents structures sont en effet concernées par des échanges directs avec le Royaume-Uni. «Il va falloir les informer», a souligné Philippe Hourdain, président de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de la région. Des réunions d’information avec la douane en région sont déjà prévues. Un portail numérique sur le Brexit est également dans les cartons. Afin que l’économie de la région ne pâtisse pas de ce grand bouleversement qu’est le Brexit, il faudra que chacun des acteurs concernés soit prêt avant le 29 mars prochain, date à laquelle la sortie du Royaume-Uni deviendra effective.