Quelles solutions contre le vulpin pour la fétuque et le ray-grass ?
Le pôle technique semences fourragères des Hauts-de-France organisait une visite au champ, vendredi 28 mai, de ces essais désherbage conduits sur les cultures fétuque élevée et ray-grass anglais porte-graines. Des résultats à retenir, d’autres à confirmer.
Le pôle technique semences fourragères des Hauts-de-France organisait une visite au champ, vendredi 28 mai, de ces essais désherbage conduits sur les cultures fétuque élevée et ray-grass anglais porte-graines. Des résultats à retenir, d’autres à confirmer.
Ray-grass, luzerne, fétuque élevée, trèfle violet ou encore dactyle, ces cultures, destinées à la production de semences se développent petit à petit, au fil des années, dans notre région.
Ces cultures dites aussi «techniques» et exigeantes en termes de résultats qualitatifs apportent, aux agriculteurs, de la diversité dans leurs assolements mais aussi dans leurs revenus. De plus, d’un point de vue agronomique, celles-ci sont également intéressantes. En effet, elles couvrent au minimum durant dix mois les parcelles et certaines fourragères peuvent même rester implanter plusieurs années (deux à trois ans).
Or, une des difficultés que rencontre aujourd’hui un bon nombre de producteurs de ces petites graines est la gestion des adventices dans les parcelles avec, notamment, la présence du vulpin. Difficulté qui, par ailleurs, s’accentue suite au retrait succinct de certaines matières actives.
Trouver des solutions, des alternatives pour continuer à produire des semences fourragères en Hauts-de-France est donc le défi que s’est lancé le pôle technique semences fourragères Hauts-de-France, présidé par Christophe Damonneville, agriculteur et producteur de semences fourragères à Fontaine-sur-Somme (80). En partenariat avec la Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (Fnams) et Noriap SFP, le pôle technique travaille et cherche des solutions aux impasses techniques relevées sur le terrain en réalisant, chaque année, directement au champ, chez des agriculteurs, différents essais. Les essais mis en place par le pôle technique s’orientent plutôt sur l’utilisation d’autres produits phytopharmaceutiques et donc, d’autres matières actives. Le GIEE, monté par quelques agriculteurs du pôle technique, travaille, quant à lui, sur des alternatives «non chimiques».
Ainsi, cette année, le pôle technique a mis en place deux essais désherbage, un sur la culture fétuque élevée porte-graine puis un autre sur la culture de ray-grass anglais porte-graine avec pour cible le vulpin. Les essais ont démarré l’automne dernier et différentes modalités, soit différents programmes de désherbage, ont donc été testées.
Essais fétuque élevée
Douze programmes de désherbage ont été testés sur la fétuque élevée porte-graine (voir les différents programmes testés dans le tableau 1) et tous ont montré une efficacité plutôt bonne. En effet, les différents programmes ont été évalués comme efficace contre le vulpin à plus de 60 %. L’application du Tramat (2 l/ha) en post-levée, puis le mélange Défi (5 l/ha) et Tolurgan 50 sc (3,6 l/ha) à l’automne au stade plein tallage suivi d’une troisième application de Kerb flo (à 0,2 ou 0,3 l/ha) au début du repos végétatif des plantes se révèlent être les programmes de désherbage contre le vulpin les plus efficaces (85 % d’efficacité). Néanmoins, attention, même si ces programmes sont efficaces, ils sont dits «assez phyto», soit très peu sélectifs (ils sont les moins bien notés en sélectivité).
Efficaces contre le vulpin à hauteur de 80 à 85 % et plus sélectifs, l’utilisation des produits Glosset (produit à base de flufénacet) et Maténo (produit à base de diflufénicanil, aclonifène et flufénacet), à l’automne, après un Tramat en post-levée, obtiennent des résultats intéressants. Toutefois, ces deux produits ne sont pas encore homologués sur les plantes fourragères porte-graines. Des demandes d’extension pour l’utilisation de ces produits sur ces cultures ont été déposées par la Fnams. À suivre.
Autres modalités testées et également intéressantes sont celles utilisant le produit Xinia, mais celles-ci ne sont pas à retenir suite au retrait du produit annoncé par la firme phytopharmaceutique.
Essais ray-grass
Sur la culture ray-grass anglais porte-graine, seize programmes désherbage ont été testés (voir tableau 2). Là, aussi, tous ont montré une efficacité contre les vulpins de plus de 60 %, hormis pour le programme qui prévoyait une seule application en prélevée du mélange Cent + Prowl qui, lui, ne se révèle efficace qu’à hauteur de 10 %.
Evalué efficace à 85 %, les programmes de désherbage prévoyant une application en prélevée de Tramat (2 l/ha), puis au stade post-précoce, une seconde application avec le produit Aurora (produit à base de carfentrazone éthyl) ou du mélange Compil + Primus sortent en tête. Néanmoins, attention, toutes les modalités testées sur ray-grass ne sont pas sélectifs et obtiennent donc des notes élevées en sélectivité. Les applications ont-elles été faites à des stades de la plante trop jeunes ? De plus, depuis la mise en place de ces essais, les règles d’application concernant l’utilisation du Tramat ont changé. Demain, ce produit ne pourra plus être appliqué en prélevée, mais restera autorisé en post-levée.
De nouveaux essais, tenant compte de ces évolutions et résultats d’essais seront donc mis en place cet automne par le pôle technique. D’autres seront reconduits afin de confirmer les résultats obtenus cette année.