Pommes de terre
Quelles pommes de terre bio adaptées aux aléas climatiques ?
2021 fut l’année du mildiou alors que 2022 fut l’année de la sécheresse. Dans ces conditions climatiques extrêmes, y a-t-il des variétés robustes qui pourraient franchir les étapes du dérèglement climatique sans encombre ? Deux années de résultats d’essais variétaux contrastés permettent de sortir quelques candidates du lot.
2021 fut l’année du mildiou alors que 2022 fut l’année de la sécheresse. Dans ces conditions climatiques extrêmes, y a-t-il des variétés robustes qui pourraient franchir les étapes du dérèglement climatique sans encombre ? Deux années de résultats d’essais variétaux contrastés permettent de sortir quelques candidates du lot.
2021 une année de sélection pour discriminer les variétés face au mildiou
Les années se suivent et ne se ressemblent plus dans la conduite d’itinéraire en pomme de terre bio ! L’année 2022 ayant été tellement chaude et sèche que le mildiou ne s’est jamais développé, même en condition irrigué en bio. Dans ces conditions, impossible de discriminer les variétés sur ce critère. Certes, le choix variétal est le seul levier pertinent dans la lutte avant les traitements autorisés à base de sels de cuivre. Il nous faut donc retourner sur les résultats 2021 pour faire ressortir les différences variétales face à l’épidémie sévère de mildiou. Deux types culinaires de pomme de terre avaient été essayés.
En chair ferme, le choix variétal est plus limité et deux variétés se partage le marché : Ditta et Allians. Les variétés mises en essai ont toutes été touchées par le mildiou à des degrés divers mais, malgré une protection fongicide ténue, aucune n’a vraiment résisté comme le montre le graphique 1, et l’ensemble des variétés seront détruites complètement. Cependant, Allians reste toujours la référence agronomique dans ces conditions extrêmes où le rendement net au calibre atteindra 28 t/ha.
Pour le type consommation, là encore, les variétés ont permis d’obtenir un classement en fonction de leur tolérance au mildiou. (Graphique 2). À noter que certaines variétés sont touchées précocement par le mildiou comme Camel alors que d’autres ne seront atteintes qu’un peu plus tard comme Connect ou Ecrin par exemple. Enfin, certaines ne seront touchées que plus tardivement durant l’épidémie. Ce qui leur octroie une certaine tolérance au mildiou. Otolia, Lévante ou encore Cayman en font partie et sont des cultivars intéressants. Sarpo Mira se révèle même résistante, mais avec sa chair blanche, elle n’est pas adaptée au marché français ; dommage !
De bons résultats en pomme de terre irriguée cette année
En l’absence de pluviométrie en 2022 sur l’essai variétal, et compte tenu des excès de chaleur, le mildiou était complètement absent cette année, même en conditions irriguées. Sans condition limitante, les variétés ont pu exprimer leur potentiel pour atteindre une moyenne de 54 t/ha en consommation et de 40 t/ha en chair ferme.
Le graphique 3 reprend les rendements obtenus en 2022 et permet de classer les variétés en fonction de leur potentiel agronomique. Sans surprise, on retrouve depuis deux à trois ans Maïwen, Otolia et Céphora en tête de classement pour les consommations. Otolia aura notre préférence grâce à une régularité et homogénéité de calibre auquel il faut ajouter une qualité de peau très intéressante. Carolus, Byzance et Caïman sont plutôt à orientation frite industrielle. Lady Jane sur le créneau fritable, pour sa 1ère année d’essai en bio, se positionne bien également. Quant à Espéranto, de type chipable (en jaune sur le graphique), elle tient régulièrement la 1ère place du podium parmi toutes. Pour la 1ère fois en 2022, nous avons essayé un type grenaille avec la variété Jacky. Plus de 93 % de calibre (40 – 60 mm) était positionné dans une seule catégorie ce qui augure un bon résultat dans le type grenaille.
Quelles seraient les candidates face aux dérèglements climatiques
Face à ces deux années contrastées, on peut donc retenir la ou les variétés qui passent toutes les étapes du dérèglement climatique. On se référera aux essais bio menés par la Chambre du Nord-Pas-de-Calais qui apporte un plus large choix de comparaison entre 2021 et 2022 (graphique 4). L’année 2021 marquée par le mildiou limite le rendement moyen de l’essai qui plafonne à 27 t/ha. Seules les variétés tolérantes tirent leur épingle du jeu : Alanis, Acoustic, Otolia, Satis, Cayman ou encore Kelly. En comparant ces variétés en 2022 année de la sécheresse, les variétés comme Alanis, Otolia, Cayman, Lady Jane ou Maïwen résistent mieux que les autres variétés. Ainsi, lorsqu’on recroise les deux années, nous pouvons établir une liste de variété dites «robustes» c’est-à-dire qui soit au moins tolérante au mildiou et à la sécheresse ; Alanis, Cayman, Kelly, Lady Jane, Maïwen et Otolia. Cette liste permet aussi de pérenniser la production de pomme de terre dans les assolements et d’augmenter la résilience des fermes bio face aux aléas climatiques
À l’image de la filière pomme de terre belge et hollandaise bio, une liste annuelle de variétés est établie tous les ans et sans cesse renouvelée en fonction des résultats agronomiques de l’année d’essai, mais aussi en fonction de nouvelles variétés disponibles. Cette liste est également partagée par les opérateurs de l’aval jusqu’aux metteurs en marché.
Ainsi le consommateur final n’achète plus un nom de variété, mais avec un peu de communication, achète un type culinaire. Un travail identique va être entrepris dans ce sens dans les Hauts-de-France afin que les habitudes changent et que le choix variétal soit un critère vertueux pour le producteur qui voit son IFT fortement diminué. Gageons que le consommateur, par son acte d’achat, participe également à l’effort environnemental qui lui est demandé.