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Recul du trait de côte picard : conséquences sur l’agriculture

Approuvé le 19 octobre 2015, le Plan de prévention des risques naturels des falaises picardes a changé la donne pour les agriculteurs.

Eboulement de la falaise à Saint-Quentin-La-Motte ayant entraîné une partie d’une parcelle cultivée.
Eboulement de la falaise à Saint-Quentin-La-Motte ayant entraîné une partie d’une parcelle cultivée.
© Florence Guilhem



On ne peut rêver plus beau paysage. Des falaises crayeuses de Mers-les-Bains à Onival qui donnent à voir l’océan à l’horizon et des plages de galets magnifiques en contrebas. Leur érosion ne date pas d’hier due à l’hétérogénéité de la falaise, l’action de l’eau de mer, la corrosion provoquée par les embruns marins, l’infiltration des eaux de pluie dans la falaise, etc. Lentement, mais inexorablement, la destruction se fait par effritement ou écroulement massif.
La lutte contre le recul de la falaise est une longue histoire, semée de différents essais : protection de la base de la falaise, perrés et digues parallèles au rivage, rétention des galets, enrochements, etc. Mais rien n’y a fait. La falaise continue à reculer, entraînant chaque année, entre Mers-les-Bains et Ault la perte d’une frange de pâtures et présentant un danger pour les habitants demeurant à son bord.
Après le drame causé par la tempête Xynthia et celui de la Faute-sur-Mer, le débat sur la protection du littoral a refait surface, poussant l’Etat à réactiver différents dispositifs tels que des Plans de prévention des risques naturels (PPRN). Ainsi en a-t-il été fait avec celui des falaises picardes englobant les communes d’Ault, de Saint-Quentin-La-Motte et de Woignarue, prescrit en 2013 et approuvé deux ans plus tard. Deux cent une maisons sont concernées, ainsi qu’une dizaine de parcelles agricoles exploitées par huit agriculteurs.

Préservation des personnes et des biens
Ce plan est destiné «à préserver les personnes et les biens dans les zones soumises au recul littoral, aux éboulements ou glissements de falaises et à éviter un accroissement des dommages dans le futur». Pour ce faire, une série d’interdictions visant l’occupation ou l’utilisation des sols, et des mesures dont l’objet est de réduire les risques, ont été définies. La zone rouge est rendue inconstructible.
Parmi les mesures de protection concernant directement l’agriculture dans la zone rouge, se trouve l’interdiction de toute activité agricole, sauf le pâturage, dans une bande de 40 m à compter du bord de la falaise, et obligatoire dans un délai d’un an à compter de la date d’approbation du PPRN. Les chemins et les fossés doivent être enherbés.
Pour ce qui est des mesures de prévention, l’aération du sol, pour les terres agricoles, par sarclage ou binage entre les périodes de développement végétal, et le maintien en place des chaumes après la moisson, est recommandée. De même, il est conseillé, au-delà de la frange non cultivée de 40 m le non labour des parcelles ou le respect d’un sens cultural parallèle à la côte avec des bandes enherbées de 5 m en bas de parcelle. Autres recommandations : l’utilisation d’amendements organiques afin de garantir un taux de matière organique compatible avec la rétention d’eau dans le sol ou encore la mise en place d’ouvrages légers de ralentissement de l’écoulement tels que les plis, les diguettes, les talus, la mise en remblai des chemins d’accès transversaux à la pente, etc.
Dans les faits, aucun agriculteur n’était au courant de l’obligation de mettre en herbe dans un délai d’un an. Cela va changer suite à une réunion, vendredi dernier, entre la DDTM, le Conservatoire du littoral, la FDSEA et la chambre d’agriculture. Un courrier devrait être prochainement envoyé aux agriculteurs concernés pour leur rappeler les obligations qui leur incombent. «Des mesures d’accompagnement leur seront proposées, notamment l’acquisition à l’amiable des terres par le Conservatoire du littoral. L’idée est d’avoir une approche d’ensemble sur le sujet», précise Damien Lamotte, directeur général adjoint de la DDTM.

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