Retour sur le congrès de la FNSEA à Brest
Une délégation d’une cinquantaine de personnes des Hauts-de-France a participé au congrès de la FNSEA les 28, 29 et 30 mars à Brest.
Le 71e congrès de la FNSEA s’est déroulé dans une atmosphère particulière, un mois après la disparition de Xavier Beulin. L’Europe et le statut de l’agriculteur ont été les thèmes centraux des débats. Le premier jour, traditionnellement consacré au huis clos, est un moment d’échange important entre la FNSEA et le réseau. Le conseil d’administration de la FNSEA a également été renouvelé cette année, au cours du congrès. La Région Hauts-de-France compte désormais sept administrateurs à la FNSEA, sur soixante-cinq membres qui composent le conseil d’administration (cf. ci-dessous). Ce nouveau conseil d’administration procédera à l’élection du bureau mi-avril.
Le huis clos est l’occasion de l’intervention de toutes les régions administratives. Certaines problématiques conjoncturelles ont touché toutes les régions telles que les difficultés liées à la crise économique et climatique, bien entendu. D’autres problématiques sont extrêmement pointues et spécifiques à une région. C’est le cas de la grippe aviaire en Nouvelle Aquitaine, les critères de délimitation des zones défavorisées pour de nombreuses régions, la problématique du loup, l’enjeu du stockage de l’eau…
Le statut de l’agriculteur
Les pratiques agricoles évoluent. De nouvelles situations se présentent sur le terrain remettant en cause la définition de l’actif agricole. La FNSEA et les JA se sont saisis de cette question cruciale qui impacte le versement des aides Pac, l’utilisation des terres, la fiscalité… Cette question revêt une importance toute particulière en Hauts-de-France. «Notre situation de frontalier nous expose aux entreprises belges ou hollandaises, qui louent nos terres et notre savoir-faire, pour en ramener le fruit et la valeur ajoutée chez eux», a expliqué Laurent Degenne, dans son intervention au nom de la région.
Par ailleurs, le développement du travail à façon pose également question de la définition de l’actif agricole. «Où s’arrête le recours normal à la prestation de service, où commence la dérive ? Peut-être dès lors que l’exploitant a tellement délégué qu’il n’a plus la maîtrise des décisions prises sur sa ferme. Là-dessus, nous avons besoin de tenir une ligne ferme. L’enjeu porte sur l’installation des jeunes», a-t-il ajouté.
Selon la FNSEA et les JA, l’objectif de cette réflexion sur le statut de l’agriculteur est de faire perdurer le modèle d’agriculture familiale sur le territoire. Il ne s’agit pas d’un modèle de taille d’exploitation, ni d’exclusion de certains systèmes. Il s’agit de remettre les hommes et les femmes au centre des responsabilités de l’exploitation agricole. Parmi les pistes de définition de l’agriculteur professionnel figurent l’exercice de l’activité agricole, la possession d’un diplôme agricole ou une expérience, le contrôle et la direction de l’exploitation, la disposition de moyens de production, la réalisation d’un volume d’activité, l’inscription sur un registre générant des droits. Cette définition de l’agriculteur donne lieu à un statut clair dans l’attribution des soutiens publics, qui oriente l’utilisation des terres, protecteur du patrimoine privé, et bénéficiant d’une fiscalité adaptée. Les critères de définition étant établis, il convient désormais de fixer les curseurs pour chaque critère.
Europe et agriculture
Dans son rapport d’orientation sur l’Europe et la future Pac, la FNSEA déplore l’essoufflement du binôme franco-allemand et les incertitudes liées au Brexit. Dans ce contexte, l’Union européenne devra définir les lignes de sa prochaine Pac. La FNSEA demande d’abord la relance de la convergence des politiques entre les Etats-membres. En ce qui concerne l’emploi, cela se traduit par la mise en place d’un salaire minimum dans chaque Etat-membre. De la même manière, une harmonisation est attendue en ce qui concerne les normes sanitaires et environnementales. L’agriculture et l’agro-alimentaire sont victimes de distorsions de concurrence liées au coût du travail et aux écarts d’application des normes.
Encore une fois, de par sa situation géographique, la région Hauts-de-France est particulièrement exposée à ces phénomènes.
Dans son rapport, la FNSEA identifie le DPB comme un socle de base auquel doivent être associés d’autres leviers permettant la mise en œuvre d’une véritable politique agricole. C’est le cas des aides couplées ou des outils de gestion des risques permettant de sécuriser les systèmes au niveau sanitaire, climatique ou économique. Le second pilier doit intégrer un volet de modernisation et d’innovation. L’objectif pour la prochaine Pac est de donner une place significative à l’investissement productif. Le second pilier étant géré par les Régions, les FRSEA ont un rôle majeur à jouer auprès des conseils régionaux pour la mise en œuvre des stratégies retenues par les filières.
Elus à la FNSEA
- sur la liste régionale : Laurent Degenne, président de la FRSEA (80), Christian Durlin (62) et Olivier Dauger (02)
- sur la liste nationale : Luc Smessaert (60), Henri Brichart (02)
- via les associations spécialisées : Philippe Pinta, président de l’AGPB (02)
- via les sections sociales nationales : Luc Roland, président de la SNFM (60)