Réussir le sursemis de légumineuses en prairie
Dans le cadre du plan protéines végétales, le gouvernement propose une aide financière afin d’encourager la pratique du sursemis de légumineuses dans les prairies.
Dans le cadre du plan protéines végétales, le gouvernement propose une aide financière afin d’encourager la pratique du sursemis de légumineuses dans les prairies.
L’enrichissement des prairies en légumineuses revêt de multiples intérêts pour les exploitations agricoles, des performances agronomiques et zootechniques jusqu’à l’amélioration des résultats technico-économiques. Pour mettre à profit cette opportunité, il convient de répondre aux deux questions suivantes : comment réussir un sursemis de légumineuses ? Quelle(s) espèce(s) et quelle(s) variété(s) choisir ?
Le bon contexte
Si l’on souhaite implanter une légumineuse, c’est parce qu’elle est absente ou en quantité insuffisante. Il convient donc, tout d’abord, d’identifier la cause de cette absence et de la résoudre afin de garantir la pérennité de la légumineuse sursemée. Les causes peuvent être un excès d’azote, un traitement herbicide sélectif anti dicotylédones (même ancien), une exploitation mal adaptée, une fertilité et/ou un pH qui ne convient pas.
La bonne période
Les légumineuses sont des plantes de lumière et de chaleur. Les mois de juin et juillet sont donc les périodes idéales pour envisager un sursemis. Afin de réussir l’implantation, quelques simples points clés doivent être respectés. Il convient tout d’abord d’intervenir sur une végétation ouverte et rase. Si la végétation est haute et dense, il sera difficile pour les jeunes plantules de trouver la lumière. L’idéal est de réaliser le sursemis derrière une coupe d’ensilage.
La bonne méthode
Il est conseillé d’ouvrir le sol avec un outil à dents ou à disques. Beaucoup de semoirs en sont équipés. Il est indispensable de vérifier où sont situées les graines. L’objectif est de les placer à 1 cm de profondeur, dans la terre et non pas dans la matière organique que l’on peut trouver en surface d’une prairie. Il convient ensuite de plomber le sursemis par le passage d’un rouleau, de préférence compartimenté ou simplement par le piètement des animaux. Les graines de légumineuses sont petites et lourdes et leur utilisation en sursemis est ainsi facilitée par rapport aux graines de graminées qui sont plus légères. Le sursemis doit impérativement être anticipé afin d’éviter tout apport d’azote qui favoriserait la flore en place au détriment des espèces sursemées.
La bonne espèce
Quelles légumineuses choisir ? Pour toute situation, il existe une espèce adaptée. Ces situations sont déterminées par l’usage prévu d’une part, et par le type de sol et son statut hydrique d’autre part. La parcelle est-elle humide ou saine en hiver, fraîche ou séchante en été ? Les réponses à ces questions détermineront la ou les espèces adaptées. Certaines plantes d’intercultures peuvent, grâce à un système racinaire puissant qui se développe rapidement, améliorer la structure du sol. Certains systèmes racinaires pivotants sont même capables de descendre en-dessous de la semelle de labour, s’il y en a une. La lutte contre les parasites tels les nématodes peut passer par le semis de variétés anti-nématodes (certaines navettes, moutardes, radis).
Le choix des espèces de plantes d’intercultures doit donc se faire en fonction des services attendus mais aussi en s’assurant qu’il y ait une rupture sanitaire entre les plantes cultivées comme la phacélie ou le sarrasin.
En plus des fonctions agronomiques et environnementales, les intercultures rendent également service à la biodiversité en assurant le gîte et le couvert aux insectes et à la faune sauvage.
La bonne variété
Pour chacune de ces légumineuses, il existe des variétés, plus ou moins nombreuses selon les espèces. Ces variétés sont, par définition, différentes les unes des autres. Il y a donc des critères variétaux, différents d’une espèce à l’autre, qui vont permettre de choisir la ou les variétés les plus adéquates. Il est alors fondamental de bien connaître ces critères de choix variétaux. En effet, employer une variété adaptée ou se tromper revient au même prix, exige le même travail pour un résultat qui peut être totalement différent.
Pour les luzernes type nord, les critères variétaux sont : la dormance, le départ en végétation, la vigueur à la sortie de l’hiver, la production totale, la pérennité, la résistance aux nématodes, à la verticiliose, à l’anthracnose, la teneur en protéines, la valeur UFL.
Pour les luzernes type sud, les critères variétaux sont : la dormance, la production totale, la résistance à la verse, la résistance aux nématodes et à la verticiliose.
Pour le trèfle violet, les critères variétaux sont : la date du début floraison, du départ en végétation, les productions en première coupe, au printemps, en été-automne et sur l’année entière, la pérennité, la résistance à la verse et à l’oïdium.
Pour le trèfle blanc, les critères variétaux sont : le type botanique, l’agressivité, la date de floraison, du départ en végétation, la vigueur à la sortie de l’hiver, la production totale et la pérennité.
Pour le sainfoin, la gamme variétale est peu étendue. On dispose de sainfoin simple, qui ne fleurit qu’une fois, dont la pérennité est de trois ans, et de sainfoin double, qui fleurit plusieurs fois et dont la pérennité est de deux ans.
Le lotier offre, pour le moment une gamme réduite. Mais cette espèce est prometteuse, face au changement climatique et au fait que l’on en rencontre de plus en plus à l’état sauvage, même en bordure de route.
En suivant ces principales recommandations, le sursemis de légumineuses dans les prairies devrait être facilité. Cette pratique, soutenue par une volonté gouvernementale de favoriser la production de protéines végétales dans notre pays, est plus que jamais d’actualité. L’enrichissement des prairies en légumineuses est pertinente techniquement et économiquement. Il répond au double enjeu d’une agriculture agro-écologique ainsi que de produire plus en réduisant les impacts environnementaux de l’agriculture.