Robotique et numérique en agriculture
Le Salon robonumérique a eu lieu les 15 et 16 octobre à Saint-Quentin.
Le bilan est très positif pour cette 2e édition.
La robotisation en agriculture ne date pas d’aujourd’hui. Cela fait plusieurs dizaines d’années qu’elle est en marche avec des matériels dotés d’intelligence artificielle. «Cela va continuer et même s’accélérer», assure Bernard Bachelier, ingénieur agronome, ancien directeur du Cirad et auteur d’une étude pour le cercle de prospective Basf.
De plus en plus, les matériels sont et seront dotés de technologies plus incroyables les unes que les autres : système de guidage, coupures de tronçons, système de modulation des doses d’intrants, pression des pneumatiques ajustable en fonction des besoins de traction, nouvelles motorisations…
Le Big Data peut être un «big» problème
Le boom des données extraites des champs et des animaux a fait naître dans les années 2000 de nouveaux acteurs dans le secteur agricole. Ce qui pourrait poser un problème de taille… Des entreprises spécialisées dans le traitement des données récupèrent les informations, les traitent et s’en servent à des fins commerciales. Imaginez que, depuis ses bureaux californiens, The Climate Corporation, rachetée en 2013 par Monsanto pour près d’un milliard de dollars, soit mieux renseignée sur les parcelles de la Picardie et les vaches de Thiérache, que les agriculteurs ou leurs coopératives elles-mêmes ?
Imaginez que la société américaine puisse conseiller les meilleures semences, les meilleurs engrais, les meilleures rations, grâce à une multitude de données fournies par l'agriculteur lui-même, ses machines agricoles, des capteurs placés dans les champs ou sur les animaux. Imaginez qu'elle le prévienne avant tout le monde de l'émergence d'un risque de grêle ou de maladie, et qu'elle puisse lui désigner la vache ou le mètre carré de terre à traiter ? Monsanto a compris qu’il fallait aller plus loin que la vente de semences et de produits phytos et en retire une valeur ajoutée supplémentaire.
Ce qui inquiète Bernard Bachelier, «ce ne sont pas les données brutes qui importent, c’est la façon dont elles sont traitées». Autrement dit, il faut rester prudent dans la diffusion de ses propres données.
Il va plus loin. Pour lui, la question est d’éviter que les données agricoles soient captées par des intervenants extérieurs pour en faire des unités de valorisation économique. «Si on veut que les données et leur valorisation restent du domaine du secteur agricole, il faut que la profession se mobilise et investisse pour maîtriser ce numérique qui doit servir à une agriculture de précision plus environnementale, à avoir de la traçabilité pour répondre aux attentes de la société, et pour alléger le travail des agriculteurs. Pour cela, ce sont aux acteurs du secteur agricole de contractualiser avec les agriculteurs en s’engageant à n’utiliser ces données qu’au bénéfice des agriculteurs eux-mêmes.»
Des données agricoles à protéger
Aux Etats-Unis, Land o’lakes, une des plus grandes coopératives agricoles implantées à Arden Hills, dans le Minnesota, a acheté Geosys, une entreprise française en conseils agricoles. En France, c’est le groupe In Vivo qui a décidé d’investir dans le Big Data en créant Smag, fournisseur de logiciels pour l’agriculture. Cette start-up de plus de cent salariés entend équiper, à terme, un agriculteur sur trois avec ses logiciels (Agreo et Atland) et ses applications mobiles. Aujourd’hui, Smag, issue de la fusion entre Neotic et Maferme, se base sur une stratégie partenariale. Et dans la vente, en distribuant ses produits aux agriculteurs par le biais des coopératives ou négoces, et dans la conception en s’appuyant sur une politique d’ouverture.
«La clé de l’agriculture du futur, c’est une interconnexion entre agronomes, informaticiens, mathématiciens, mais aussi écologues, modélisateurs, économistes, sociologues. C’est l’intelligence collective et il faut oser réunir des gens qui ont des champs de compétences différents. C’est de là que viendra la richesse, surtout dans la valorisation de la donnée pour l’agriculteur», explique Delphine Tailliez-Lefebvre, responsable service Etude et expertise chez Invivo Agrosolutions.
La fin de l’homme ?
Qu’il soit de compagnie comme Nao, qu’il soit d’aide à la personne en assistant le personnel médical et en accompagnant les personnes âgées et les enfants autistes, comme Milo, ces robots humanoïdes soulèvent de nombreuses questions. Autrefois, les robots étaient cantonnés à répéter une même tâche à l’infini. Aujourd’hui, ils sont là pour divertir, tenir compagnie, stimuler les malades... et prennent forme humaine. Certains estiment que la robotisation pourrait doubler le taux de chômage actuel en France d’ici à dix ans, car ils supplanteraient les professeurs des écoles, les salariés, les chirurgiens,… bref, ils s’immisceraient dans quantité de professions.
Pour les concepteurs de robots, l’avis est tout autre. Les droïds et autres robots faciliteraient le travail des salariés, les soulageraient même, apporteraient compétitivité pour les entreprises et favoriseraient les relocalisations. La France aujourd’hui est en retard en matière de robotisation par rapport à ses concurrents européens et mondiaux. La peur de l’évolution est toujours au menu des Français. Pourtant, selon les chiffres, c’est en Corée que le taux de robots par salariés est le plus fort et que le taux de chômage est le plus faible.
Alors, faut-il avoir peur des robots humanoïdes ? Sont-ils nos amis ou nos ennemis ? Faut-il s’inquiéter à l’instar de films cinématographiques comme «I-Robots» où les robots prennent le dessus sur les humains… ou encore «Matrix» dans lequel les hommes deviennent des outils, des piles pour les machines… L’avenir nous le dira…