Projet Sol-D’Phy2
À Rubempré, des stratégies pour restaurer un sol très dégradé
Richard Vilbert, polyculteur bio de Rubempré, est au chevet de ses sols. Mais en 2019, une récolte de carottes en très mauvaises conditions a fortement dégradé une parcelle. Pour étudier les stratégies de restauration du sol, il a intégré le projet Sol-D’Phy2 autour de la fertilité physique des sols. Il témoignait lors des rencontres grandes cultures bio, qui avaient lieu à Ablaincourt-Pressoir fin novembre.
Richard Vilbert, polyculteur bio de Rubempré, est au chevet de ses sols. Mais en 2019, une récolte de carottes en très mauvaises conditions a fortement dégradé une parcelle. Pour étudier les stratégies de restauration du sol, il a intégré le projet Sol-D’Phy2 autour de la fertilité physique des sols. Il témoignait lors des rencontres grandes cultures bio, qui avaient lieu à Ablaincourt-Pressoir fin novembre.
La fertilité des sols est une des préoccupations majeures de Richart Vilbert, polyculteur à Rubempré. Et pourtant, une de ses parcelles s’est retrouvée complètement tassée à la suite d’une récolte en mauvaise condition. L’occasion d’intégrer le projet Sol-D’Phy2, que pilote Agro-transfert, qui vise à déployer un conseil agronomique pour préserver ou restaurer la fertilité physique des sols. Il témoignait lors des rencontres grandes cultures bio, qui avaient lieu à Ablaincourt-Pressoir fin novembre.
«En 2000, j’ai supprimé le labour, puis la ferme a été convertie en bio en 2009. Entre deux, en 2004, j’ai investi dans une charrie déchaumeuse, avec laquelle j’ai recours à un déchaumage agronomique sur 15 cm, qui me permet de reculer les dates de semis des céréales de quinze jours», explique le polyculteur. En 2019, dans un souci d’allongement de la rotation des cultures, Richart Vilbert a mis à disposition une de ses parcelles pour la production des carottes. «Celles-ci ont été récoltées en novembre 2019, un mois très pluvieux. C’était un champ de boue», se souvient-il.
En juin suivant, après un passage de déchaumeur pour reboucher les ornières, un profil de sol était réalisé dans la parcelle. «Je constatais du tassement quasi-partout», assure Olivier Ancelin, agro-pédologue à la Chambre d'agriculture de la Somme, partenaire de Sol-D’Phy2 . Le coût des dégâts fût estimé à 4 000 €/ha, qui comprend les coûts de mécanisation nécessaires pour améliorer la structure du sol, et la perte de rendement de la culture suivante liée au tassement. Trois modalités ont été décidées pour régénérer la parcelle : «Les stratégies étaient la régénération mécanique, avec un déchaumage profond et un décompactage deux ans après, la régénération naturelle avec l’implantation de couverts, et un travail superficiel (uniquement du décompactage) associé à un travail de régénération naturelle», présente Olivier Ancelin.
Travail superficiel et fissuration
Cinq ans plus tard, les résultats sont différents. La première modalité (travail mécanique du sol), s’avère la plus performante. 15 à 20 % des zones sont encore tassées, mais le niveau structural et correct. «Les actions mécaniques ont permis d’aérer le sol, qui a favorisé la régénération biologique.» L’expert ajoute : «un travail du sol à 15-20 cm et une fissuration mécanique restructure la couche travaillée, renforce et accélère la régénération biologique dans les couches sous-jacentes».
La modalité travail superficiel associé au travail naturel présente aussi un résultat correct, bien que moins qualiteux que la première modalité. Le travail uniquement naturel ne suffit pas, en revanche. «Sur 20 cm, le sol est un peu restructuré, mais l’horizon profond est encore très tassé.» Ceci est en partie dû à la nature du sol, qui présente une teneur en argile limité. Une des clés est aussi de laisser du temps au temps. «Il faut au moins trois ou quatre ans pour retrouver une structure de sol favorable.»