Betteraves
Saint Louis Sucre bluffé par le robot FarmDroid
«Une innovation majeure dans les grandes cultures», c’est ainsi que Thomas Nuytten, directeur betteravier de Saint-Louis Sucre (SLS) qualifie le robot de semis et de désherbage FarmDroid qui était
en démonstration fin de semaine dernière dans une parcelle de betteraves de l’est de la Somme.
«Une innovation majeure dans les grandes cultures», c’est ainsi que Thomas Nuytten, directeur betteravier de Saint-Louis Sucre (SLS) qualifie le robot de semis et de désherbage FarmDroid qui était
en démonstration fin de semaine dernière dans une parcelle de betteraves de l’est de la Somme.
Dans les champs du Santerre, il est plus discret que certains ensembles tracteur-semoir que l’on a l’habitude d’y croiser, mais la présence d’un robot autonome pour effectuer les semis de betteraves a fait son «petit» effet, fin de semaine dernière. Sur une parcelle d’Étienne Daudré, à Marché-Allouarde, le groupe sucrier Saint-Louis Sucre organisait une démonstration de semis de betteraves à l’aide du robot FarmDroid. De conception danoise, FarmDroid est importé sur le sol français par la société Stecomat. Pour ceux qui n’auraient pas encore croisé sa route, il se présente équipé d’un châssis monté de deux roues parallèles à l’arrière et d’une roue directionnelle à l’avant. L’entraînement est électrique grâce à deux batteries alimentées par quatre panneaux photovoltaïques. Grâce à ses batteries, il peut fonctionner 24h/24. En l’occurrence, milieu de semaine dernière, il avait ainsi continué son chantier dans la nuit du 23 au 24 mars, sans s’interrompre. Les conditions séchantes ne semblaient pas être une difficulté : «On a suffisamment préparé le sol pour trouver un peu d’humidité et permettre une bonne implantation de la graine», avançait Thomas Nuytten, directeur betteravier de Saint Louis Sucre.
Recherche d’autonomie
Une fois le passage du robot effectué, se pencher sur le rang est la première chose que réalise le responsable de Saint Louis Sucre. Et de constater que «la graine est bien plombée avec une pression pneumatique, à une profondeur de 2,5 cm». Grâce au semis robotisé, «on a un rang homogène», remarque également M. Nuytten qui détaille le principe de géolocalisation de chaque graine : «La position de chaque graine est enregistrée par un système RTK pour être géolocalisée. Ces données sont stockées et serviront ensuite lors du désherbage.» Sur une surface d’un hectare, ce sont ainsi pas moins de 120 000 points qui seront enregistrés. Pour Thomas Nuytten, pas de doute, «il s’agit d’une vraie rupture technologique». Lorsque les trémies destinées à recevoir les semences sont vides, le robot s’arrête et envoie un signal d’alerte à l’agriculteur. Idem lorsque les conditions météo se dégradent. Il se met alors en veille avant de repartir une fois que l’horizon est dégagé. Pour paramétrer le robot, un smartphone suffit.
En termes de rendement, on estime que le FarmDroid peut semer une surface de 6 ha en 24h. Pour le désherbage, on table sur «quatre à cinq hectares en 24h», selon Thomas Nuytten. Pour l’exploitant qui utilise ce type d’équipement, «c’est aussi un gain de temps et une économie de main-d’œuvre quand on connait les difficultés à recruter». Face à une telle efficacité, la tentation d’opter pour un modèle plus grand, plus large, mais donc aussi plus lourd existe. Problème, la réglementation ne le permet pas…, au grand dam du responsable de Saint Louis Sucre : «Techniquement, le constructeur nous assure qu’il peut aller au-delà de six rangs, mais le robot ne doit pas peser plus de 10 t et ne pas dépasser la vitesse de 10 km/h pour pouvoir être laissé seul dans une parcelle…»
Réduction d’IFT
Lors de l’étape du désherbage, il suffira de remplacer les six éléments semeurs par six autres éléments désherbeurs. À la clé, une recherche de diminution des indices de fréquence de traitement (IFT) grâce au désherbage mécanisé via le robot plutôt qu’en ayant recours à un pulvérisateur. Des essais conduits sur l’une des fermes «Mont Blanc» de Saint Louis Sucre ont montré l’an dernier qu’il était possible de diminuer l’IFT de «70 %» selon les dires de Thomas Nuytten, «sans perte de rendement constatée par rapport à une conduite conventionnelle. Au final, il n’y a qu’un seul insecticide avant couverture». S’offrir la possibilité d’utiliser moins d’intrants n’a rien d’un luxe dans le contexte actuel : «Cela s’inscrit dans notre stratégie de transition vers l’agroécologie, commente le responsable de SLS. On apporte une solution technique dans un contexte de réduction des homologations de produits phytopharmaceutiques.»
Objectif décarbonation
Le robot que l’on a vu à l’œuvre la semaine dernière dans le Santerre reste la propriété de son distributeur en France, Stecomat qui le loue à Saint Louis Sucre, avec une option d’achat. L’industriel en dispose toutefois de deux autres en propriété, en fonctionnement dans le département de l’Eure. Sans attendre les résultats de la future récolte, Thomas Nuytten se montre très satisfait, enthousiaste et prêt à poursuivre le déploiement de ce genre d’outils. L’objectif ? «Montrer que Saint Louis Sucre est engagée dans la décarbonation de ses activités, indique le responsable betteravier de SLS. Avec ce robot, nous n’émettons plus de gaz à effet de serre pour le semis et nous avons la possibilité de la réduire considérablement pour le désherbage. C’est quelque chose auquel nos clients sont de plus en plus sensibles.»