Sainte Emilie dans la dynamique de développement de Cristal Union
Première assemblée générale pour les 887 adhérents de la coopérative de Sainte Emilie.
La coopérative de Sainte Emilie, membre du groupe Cristal Union, tenait sa première assemblée générale le 6 février dernier, sous la présidence de Jérôme Fourdinier et en présence des dirigeants du groupe, dont le président Olivier de Bohan . Elle compte aujourd'hui 887 adhérents qui représentent près de 83% des planteurs livrant à la sucrerie de Sainte Emilie. «Et la porte reste ouverte pour ceux qui voudraient adhérer», a indiqué Jean-Marc Wissocq, vice-président de la coopérative, qui présentait le rapport d'activité pour la campagne 2013.
Allongement de campagne
On en retiendra que les surfaces ont augmenté de 3% et que cette dernière campagne s'est soldée par un rendement très correct pour l'année à 86,5 tonnes à 16. Le volume de betteraves industrielles (hors quota) contractualisé a été multiplié par 2,5 depuis 2011 pour atteindre 287 000 tonnes. Toutes les demandes ont été accordées. "Prenez des contrats, mais ne produisez pas de betteraves excédentaires", a lancé Jérôme Fourdinier, se faisant l'écho de la volonté des dirigeants du groupe Cristal Union de développer l'entreprise. De ce fait, l'usine qui avait jusqu'ici une durée de campagne faible, va voir celle-ci s'allonger, passant de 88 jours en 2013 à 94 jours prévus cette année, et atteindre assez rapidement l'objectif des cent jours.
Autre évolution notable et attendue, l'arrivée du déterrage : deux chantiers cette année avec des trémies dans un premier temps, mais l'avaleur sera en même temps expérimenté. L'objectif est de tout déterrer d'ici trois ans, voire deux si possible. "Nous réfléchissons à adapter le dispositif tare terre aux spécificités des territoires dans le cadre de l'accord interprofessionnel qui doit rester souple", a précisé Bruno Labilloy, directeur agricole du groupe.
Attendre encore un an
La modernisation du centre de réception est également à l'ordre du jour avec la suppression du décolletage manuel prévue dès 2014. L'industriel devra consentir par ailleurs à étudier certains points, notamment les pertes au lavage, a indiqué Jérôme Fourdinier.
Côté prix, les planteurs ont bénéficié d'une bonne rémunération, 25 euros/t, pour les betteraves industrielles. Mais il leur faudra encore attendre un an pour bénéficier des résultats du groupe Cristal Union qui ont été excellents en 2013. "Ne serait-ce pas l'occasion de verser un complément de prix aux adhérents de Sainte Emilie dès maintenant. Nous avons hâte d'avoir une vraie part du gâteau", a lancé Jérôme Fourdinier.
Et l'après quota ?
En ce qui concerne la partie industrielle, l'usine de Sainte Emilie a enregistré en 2013 un record de production journalière de sucre à 2 648 tonnes et a souvent dépassé les 2 500 tonnes. Le seul point noir a été la tare terre supérieure à 30% certaines semaines. La sucrerie fera cette année l'objet de différents investissements qui en amélioreront la performance.
Cristal Union investit beaucoup pour faire baisser ses coûts de production de manière à affronter en bonne position la concurrence qui va se développer entre les groupes sucriers après la fin des quotas. "Il nous faudra au moins deux ans, voire trois, pour passer le cap difficile de la baisse des prix du sucre qui va marquer la fin des quotas et la hausse de la production. Les cours devraient remonter ensuite", a indiqué Alain Commissaire, directeur général de Cristal Union. "On espère des prix de betteraves dans une fourchette entre 25 et 30 euros. Mais même si les prix ne sont pas soutenus en 2017, nous produirons davantage", a-t-il souligné.
Cristal Union a un plan de développement des surfaces de l'ordre de 15 à 20 000 ha, plutôt au sud de Paris, là où les durées de campagne des usines sont les plus courtes, développement qu'il veut associer à la recherche de meilleurs rendements aux champs… avec comme but d’atteindre une production annuelle de 2 Mt de sucre d’ici 2017-2018.
INTERVIEW
de Jérôme Fourdrinier
Président de la coopérative de Sainte Emilie
"Il était temps que l'on fasse quelque chose pour la tare terre"
Le déterrage va être introduit à Sainte-Emilie accompagné d'un changement dans la politique de la tare terre. Quelles seront les conséquences pour les planteurs ?
Depuis deux ans le niveau de tare terre devient insupportable pour l’industriel comme pour le planteur. Trop d’agriculteurs seront pénalisés à hauteur de 150 euros par hectare cette année. Sainte Emilie était l'une des dernières usines à ne pas déterrer, il était temps que l’on fasse quelque chose. Cela permettra aux planteurs de livrer moins de terre à l’usine, donc d’être moins pénalisés en cas d’année humide. Chaque planteur devra gérer le cordon de terre laissé par la machine. Une participation financière leur sera demandée ; c’est donc une sorte d’assurance obligatoire pour laisser la terre dans les champs.
Autre changement : la suppression du décolletage. Là aussi, quelle incidence pour les planteurs ?
Le décolletage manuel est donc terminé au centre de réception, un collet forfaitaire de 7% sera appliqué à l’ensemble des réceptions. L’agriculteur ne devra plus sur-décolleter ses betteraves aux champs mais apporter le maximum de matière à l’usine.
Je suis particulièrement content que cette source de conflit au centre de réception soit enfin définitivement remise au placard. Mais attention, des pénalités seront appliquées si les betteraves arrivent avec trop de feuilles. L’expérience de Sillery et Erstein qui ont adopté cette méthode de réception en 2013 montre que cela se passe très bien.
La campagne va s'allonger. Comment pensez-vous accompagner les planteurs ?
Cela va induire une augmentation des durées de campagnes. Il faudra commencer plus tôt et terminer plus tard. Il nous faudra revoir le système de bonifications pour les arrachages précoces et s’organiser pour niveler et bâcher les silos de betteraves si la météo de fin de campagne l’exige. Nous y réfléchissons déjà.
L'industriel veut augmenter le volume de betteraves contractualisées. Quel est l'intérêt pour les planteurs ?
Dans la dynamique de Cristal Union, la coopérative propose aux planteurs de nouveaux contrats de betteraves industrielles. Pour l’usine cela permettra de baisser les charges fixes, et les coopérateurs auront la possibilité d’augmenter leurs emblavements en betteraves. A moyen et long terme nous pensons que cette culture laissera une marge supérieure aux céréales et cela nous permettra de diversifier nos assolements. La culture de la betterave a tous les atouts en Picardie.