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Sana Terra continue de reprendre des parts de marché

La progression de la collecte s'inscrit dans l'objectif de franchir rapidement la barre des 200 000 tonnes.

© AAP

Pour la première fois depuis la fusion entre la coopérative de Villers-Bocage et La Santerroise, devenue Sana Terra après la fusion avec la coopérative de Rosières, les adhérents ont été invités en assemblée générale dans le secteur nord, au château de Naours. Ce 10 décembre, ils étaient cent quatre-vingt-cinq, une assistance record, à avoir répondu à l’invitation du président, Xavier Pinchon, qui a rendu compte du résultat financier et des activités du troisième exercice de la coopérative.

Transferts
Avec 185 000 T de céréales et d’oléo-protéagineux, la collecte de la récolte 2013 a progressé de 15 000 T par rapport à la précédente et de 25 000 T par rapport à celle de 2012, première année de l’ère Sana Terra. Cette progression significative permet de maintenir l’objectif annoncé de franchir rapidement la barre des 200 000 T. La zone nord contribue à la collecte totale pour 36 % soit 65 780 T contre 119 140 T pour la zone Santerre mais elle est déficitaire en capacité de stockage. Ce déficit a nécessité le transfert de l’excédent vers les silos de Rosières ou de Foucaucourt et fera l’objet d’une étude d’investissement notamment dans le secteur de Vignacourt. La zone Santerre a nécessité également des transferts depuis Arvillers et Fresnoy-les-Roye vers Rosières. A noter que le site de Rosières dispose d’une capacité de stockage importante depuis le rachat à la Sitpa il y a quelques années des bâtiments pommes de terre. Enfin, si Epénancourt est un site éloigné et moins alimenté que les autres, c’est un atout pour Sana Terra grâce à son port d’expédition par péniche.

43% des blés pour la meunerie
La qualité sensationnelle des blés de la récolte 2013 a permis de les classer en blés VRM (recommandés par la meunerie française) pour 44 600 soit 30 % de la collecte, en BPMF (blés panifiables pour la meunerie française) pour 34 000 T soit 22, 6 % de la collecte, en BP et BPS pour 64 000 T 42,6 % de la collecte. Les blés de variétés fourragères ne représentaient que 1 800 T et les biscuitiers, 6 100 T.
Les débouchés purement meuniers, français et belges, ont absorbé 64 000 T soit près de 43 % du volume. L’amidonnerie française, belge et hollandaise a acquis 32 000 T au total vers ces trois destinations soit 21 % du volume. Grâce à la bonne teneur en protéines, un débouché à l’exportation s’est ouvert via le port de Dunkerque pour 40 000 T soit 26,6 % du volume. Enfin, 14 000 T ont été vendues à des fabricants d’aliments du bétail belges et hollandais.
Pour les autres éléments de la collecte, à noter le choix de Béatrix comme variété d’orge brassicole de printemps face à Sébastian dont le taux de grains fusariés pénalise fortement sa valorisation brassicole. Le maïs grain a vu sa collecte doubler en passant à près de 7 000 T réceptionnées. L’investissement dans un séchoir installé à Rosières y est certainement pour beaucoup.

La valorisation des apports
Partie prenante dans Cérémis avec Unéal (1,3 Mt), Agora ( 0,9 Mt) et Céréna (0,6 Mt), Sana Terra avec ses 185 000 tonnes a pu mettre en place sa politique d’engagement et de contractualisation auprès de ses adhérents. «Sans compter la sécurité des opérations et le faible niveau du coût d’intermédiation, Cérémis sécurise notre commercialisation et nous met à l’abri de graves difficultés financières», a rappelé Benoît Dewas, directeur de Sana Terra.
Sa politique de prix a permis à la coopérative de faire remonter les apports au prix moyen aux deux tiers de la collecte 2013 contre moins de la moitié en 2011. «L’engagement sur le versement d’un prix garanti de 212 euros la tonne de blé sur un quart des apports a été tenu dès janvier 2014 par le versement de compléments de prix conséquents», a précisé Benoît Dewas.

32% du résultat redistribué
Côté résultats financiers, Sana Terra a dégagé 78,millions d’euros de chiffre d’affaires, 475 318 euros de résultat net dont 32 % ont été reversés sous forme d’intérêt aux parts sociales et de ristourne sur les appros. L’endettement à long et moyen terme se situe à 3,4 millions d’euros et va diminuer très sensiblement dans les trois années à venir. «Une évolution qui va permettre à la coopérative d’investir dans de nouvelles capacités de stockage pour combler le déficit de la zone Villers-Bocage et éviter les transferts», a rappelé Benoît Dewas.

Bien gérer la récolte 2014
Très défavorisée par les défauts qualitatifs de la récolte 2014, Sana Terra a cherché à bonifier au mieux ses grains pour éviter de dénoncer ses contrats, opération toujours coûteuse. Après un essai de triage concluant à la table densimétrique existante, il avait été décidé d’investir dans une seconde table installée à Foucaucourt. Celle-ci est opérationnelle, jour et nuit, sept jours sur sept, depuis le 10 octobre. Ainsi équipée, Sana Terra peut fournir les volumes demandés dans les critères convenus.
Depuis la moisson, le marché s’est ajusté à la qualité. Des acheteurs ont modifié leurs cahiers des charges alors que d’anciens acheteurs tels que la Corée, les Etats-Unis, l’Espagne ou le Portugal ont réapparu. De mauvaises conditions climatiques en Russie, au Brésil ou en Australie accompagnées d’une parité euro/dollar favorable aux exportations ont fait progressivement remonter les prix Matif qui ont regagné 30 euros la tonne en deux mois.

Taux de protéine trop juste
Côté valorisation, un premier complément de prix de 45 euros sur 20 % des apports engagés a été décidé par le conseil d’administration et sera versé fin décembre. Les termes du contrat qui prévoient de verser un prix minimum garanti de 165 euros sur 20 % des volumes engagés sont ainsi déjà remplis. «Pour ce qui concerne l’impact du temps de chute de Hagberg, le conseil d’administration a décidé de le mutualiser, compte-tenu du triage à la table densimétrique qui le corrige en grande partie. En revanche, le taux de protéine est trop juste. Avec la variété, la protéine sera l’élément de la segmentation pour la valorisation finale de cette récolte», a expliqué Benoît Dewas.

Jean-François Florin futur directeur de Sana Terra

Sachant que Benoît Dewas va bientôt faire valoir ses droits à la retraite, il fallait que le conseil d’administration se positionne en vue de sa succession. En janvier de cette année, il s’est arrêté sur la proposition des cadres de la coopérative emmenés par Jean-François Florin visant à assurer la continuité en autonomie de Sana Terra. Ils ont motivé leur position par le souci de prolonger l’activité de la coopérative sans changement pour les adhérents, par la capacité de maintenir le rang de Sana Terra dans son environnement concurrentiel et de préserver son outil de collecte en gardant une taille raisonnable. La performance de l’équipe, centrée sur les métiers de base que sont la collecte et l’approvisionnement et la mise en valeur des activités dans le commerce de la pomme de terre et la production de semences, a été mise en avant.
Ce projet a séduit le conseil d’administration qui l'a validé par 96 % des voix le 12 mars.
Jean-François Florin, 33 ans, prendra officiellement ses fonctions au 1er juillet 2015 et il sera accompagné par Benoît Dewas jusqu’en février 2016.

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