Sana Terra : point sur les récoltes et les prix
La coopérative Sana Terra a organisé son assemblée générale, le 12 décembre dernier, à Rosières-en-Santerre.
C’est malheureusement souvent la même histoire. Quand la récolte est bonne et de qualité, sans accident climatique ici et dans les autres zones de production, les prix ne sont pas au rendez-vous. Ainsi en a-t-il été pour la récolte du blé de 2017 (155 000 t collectées) chez les coopérateurs de Sana Terra, avec des rendements, en moyenne, de 95 qx/ha, une teneur en protéines de 12,04 % et un poids spécifique autour de 78 kg/hl. 55 % de la collecte part en meunerie, essentiellement en Belgique et en France, le reste est destiné à la biscuiterie et à l’alimentation du bétail.
Si les prix du blé étaient bas, la coopérative les a cependant optimisés. Elle propose un prix final à 148,50 €/t, auquel est ajouté un euro de plus suite à la proposition de l’assemblée générale. «Dès la moisson, le conseil d’administration avait validé à 140 €/t afin de ramener de la trésorerie dans les exploitations le plus vite possible, et ce, en dépit du risque potentiel que cela pouvait représenter pour la coopérative en raison des fluctuations du marché», rappelle Pierre Delignières, président de la coopérative Sana Terra.
Pour le colza, ce sont 8 600 t qui ont été collectées en 2017. «Si le colza se caractérise par de faibles emblavements, les rendements, eux, ont été supérieurs, en moyenne, à 50 qx/ha. On peut s’attendre à ce que les emblavements repartent à la hausse, surtout dans le Santerre, les surfaces de betteraves plantées après la fin des quotas étant confrontées à des prix bas», commente Pierre Delignières. Le prix du colza, après complément du prix de juin, a atteint les 350 €/t.
La culture du maïs devra, elle aussi, repartir à la hausse pour les mêmes raisons. La collecte 2017 s’est élevée à 4 000 t, avec un rendement moyen de 90 qx/ha. Le prix du maïs a été fixé à 155 €/t.
«Ce n’est pas une production significative chez nous, mais nous souhaiterions la développer, car le maïs est une bonne alternative aux cultures des céréales. Il n’y a aucun problème de désherbage et cette culture engendre un fort apport en matières organiques. Enfin, elle est peu gourmande en temps», précise Jean-François Florin, directeur de Sana Terra.
Parmi les autres cultures, considérées comme des niches par la coopérative, on trouve le pois marbré. 520 t ont été collectées en 2017. La production dédiée à l’oisellerie a été payée 300 €/t. «Il y a de réelles opportunités de marché pour cette culture, mais les pois sont difficiles à produire, car on n’arrive plus à faire des rendements, soit pas plus de 40 à 50 qx/ha», indique Pierre Delignières. Petite collecte aussi pour l’orge de brasserie de printemps, soit autour de 2 500 t, qui ont été payées en prix moyen à 175 €/t.
Acomptes fixés pour les récoltes 2018
La collecte, toutes cultures confondues, est stable. Des progressions ont été enregistrées en blé, soit autour de 3 % date à date, mais avec des rendements plus faibles. La qualité est, elle, au rendez-vous et les assolements sont stables. Aucun chiffre n’est cependant avancé, car «on fera les comptes à la fin», indique Jean-François Florin. L’acompte versé pour la moisson 2018 en blé s’élève désormais à 165 €/t, soit 15 € de plus de ce qui avait été défini dans un premier temps.
Les acomptes sont aussi revus à la hausse pour les orges, soit 160 €/t (+ 30 €), et le colza, soit 328 €/t (+ 8 €). «Nous lançons aussi nos engagements pour la récolte 2019. En ce qui concerne le blé, nous garantissons 20 % de la production à 175 €/t minimum», tient à préciser Pierre Delignières.
Séparation du conseil et de la vente des phytos
Bien que l’on n’en sache toujours pas plus sur ce qui sera définitivement arrêté, après la nouvelle mouture présentée le 14 novembre, la coopérative Sana Terra sait d’ores et déjà que «le conseil que l’on vendra, en volume, ne couvrira pas ce que l’on prélevait sur les phytos si l’on choisit cette option. Conséquence : cela remettra en question le modèle économique des coopératives. Ce sera également un chamboulement sur le plan humain et dans les exploitations», souligne Pierre Delignières. La question qu’il faudra alors se poser est la suivante : «Quels seront les besoins des agriculteurs demain ? Qu’on choisisse le conseil ou la vente, il faudra s’adapter. Cela passera par des coûts de fonctionnement en baisse», dit Jean-François Florin. D’où l’importance de travailler d’ores et déjà en optimisation avec les autres coopératives pour limiter la casse.
Chiffres clés
186 222 t : collecte 2017, toutes cultures confondues
155 000 t : collecte du blé en 2017, soit 81 % de la collecte totale
8 600 t : collecte du colza en 2017
4 000 t : collecte du maïs en 2017
67 M d’euros : c’est le chiffre d’affaires de Sana Terra
23 M d’euros : chiffre d’affaires approvisionnement, dont 10,5 M pour les phytos, 7,3 M pour les engrais, 2,3 M pour les semences et 2,4 M pour les plants de pommes de terre