Sans marché aux bestiaux d’Arras, l’élevage régional sera affaibli
La Communauté urbaine d’Arras (CUA), propriétaire du marché aux bestiaux, va cesser cette activité jugée trop onéreuse fin 2021. Pour les négociants de la région, cette «grave décision» impactera toute la filière d’élevage.
La Communauté urbaine d’Arras (CUA), propriétaire du marché aux bestiaux, va cesser cette activité jugée trop onéreuse fin 2021. Pour les négociants de la région, cette «grave décision» impactera toute la filière d’élevage.
L’Arrageois possède depuis plus de quarante ans l’un des plus grands marchés aux bestiaux au Nord de Paris… Et il ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Hérité de l’ancien syndicat intercommunal de l’abattoir, ce marché installé sur 4 ha à Tilloy-les-Mofflaines,
chaque jeudi matin, était jusqu’alors géré par la Communauté urbaine d’Arras (CUA). Mais les élus ont pris la décision de «cesser de financer à fonds perdus» cet endroit. Le dernier concours d’animaux de boucherie aura lieu en décembre, et plus aucun bovin n’y sera accueilli à partir de janvier.
«Ce marché aux bestiaux, que personne n’a songé à valoriser, aura coûté pour ces deux dernières années 100 000 € de frais de fonctionnement et 200 000 € d’investissements à la CUA. Une somme à laquelle il aurait fallu rajouter d’autres frais pour moderniser l’endroit, remettre aux normes les installations», est-il indiqué dans les colonnes de La Voix du Nord. Contactée lundi matin, la CUA n’a pas trouvé le temps de répondre à nos questions.
«Ce qui nous arrive est grave !»
Pour les marchands de bêtes, la décision a été brutale. «Ce qui nous arrive est grave ! Toute la filière d’élevage de bovins régionale sera impactée», s’insurge Henri Ducrocq, négociant de bovins installé à Noyelles-en-Chaussée. Lui dit comprendre la raison financière qui a décidé la CUA à cesser l’activité. Mais l’annonce, sans concertation, d’une fermeture dans quelques mois seulement, a du mal à passer. «Nous n’avons pas le temps de nous retourner. On est mis à la porte du jour au lendemain. Or, nous avons besoin d’un tel marché pour travailler.» Pour le marchand, ce marché représente environ 20 % de son activité. Une perte qui mettrait à mal tout un équilibre. «Pour être viable, une filière doit fonctionner à 100 %.»
Le professionnel regrette la perte de ce «marché de libre-échange» qui offre des débouchés particuliers. Quinze-mille animaux en moyenne seraient négociés chaque année à Arras. Il s’agit en partie d’animaux de boucheries, élevés en Hauts-de-France et valorisés dans cette même région. Des filières courtes qui répondent à une attente des consommateurs. Les animaux d’élevage y sont aussi bien valorisés. «Chaque marchand a ses clients naisseurs ou engraisseurs. Nous pouvons nous accorder pour créer des lots d’animaux et ainsi les valoriser au mieux.» Enfin, certains bovins y trouvent leur seul débouché. «Avec des bêtes qui n’ont aucune valeur chez nous, nous parvenons à faire un camion pour l’Italie ou l’Espagne. Celles-ci resteront dans les fermes si nous en sommes privé», alerte Henri Ducrocq.
Un appel à la volonté politique
Les professionnels sont désormais à la recherche active d’un lieu leur permettant de poursuivre leur activité. «Les marchés aux bestiaux du Cateau-Cambrésis (59) et de Forges-les-Eaux (76), sont loin de valoir celui d’Arras. Ils impliquent plus de temps de transport, plus de frais, et beaucoup moins de possibilités de vente.» Ils en appellent au soutien de la Région. «Seule une volonté politique pourra nous sauver.»
Le lieu, lui, accueillera d’autres activités. Une petite partie des 4 ha est déjà occupée par les nouveaux locaux du laboratoire de l’Inrae et de ceux du laboratoire d’industrie agroalimentaire Adrianor.