Sans plastique : le dilemme de la conservation pour l’endive
À partir du 1er janvier 2022, les lots de fruits et légumes de moins de 1,5 kg ne pourront plus être emballés dans des contenants en plastique. La filière de l’endive est pour l’instant dans une impasse.
À partir du 1er janvier 2022, les lots de fruits et légumes de moins de 1,5 kg ne pourront plus être emballés dans des contenants en plastique. La filière de l’endive est pour l’instant dans une impasse.
Le sachet en polypropylène dans lequel sont placées les endives vendues en lots n’est pas qu’un simple contenant. «Il est micro-perforé, et permet ainsi de réduire le taux d’oxygène et d’augmenter le taux de CO2 à l’intérieur. En résumé, l’endive est mise en dormance. Elle se conserve mieux et son verdissement est ralenti», explique Delphine Bridoux, ingénieur responsable de programme d’essais à l’Apef (Association des producteurs d’endives de France).
La loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (Agec) place donc la filière de l’endive face à un mur. Pour cause, elle impose l’interdiction des emballages plastiques pour les lots de fruits et légumes de moins de 1,5 kg à partir du 1er janvier 2022. «Or, 80 % des endives sont vendues sous emballage, et la plupart des lots font moins de 1,5 kg. Les consommateurs apprécient surtout les lots de quatre pièces», précise Delphine Bridoux.
En partenariat avec des entreprises d’emballage, la spécialiste mène des essais avec d’autres matières, notamment pour la conception d’emballages en papiers. Mais les résultats ne sont pas concluants pour l’instant. «Nous ne parvenons pas à trouver d’équivalent en termes de conservation.» Même le conditionnement des Carmines®, ces endives rouges placées dans des barquettes en carton, mais entourées d’un film en PVC, pose problème. «Nous pourrions remplacer ce film par un équivalent, à base de plastique biosourcé, dit “home-compost“. Mais celui-ci ne répond pas à la loi, puisqu’il contient du polymère.»
Perle du Nord mise sur le carton
La filière compte bien prouver sa bonne volonté. La marque de producteurs Perle du nord (120 producteurs, 45 % des volumes nationaux), par exemple, a annoncé le 9 février qu’elle conditionnerait ses jeunes pousses dans une barquette «100 % recyclable en carton» dès le 1er mars. Elle remplacera la traditionnelle barquette en plastique PET et permettra ainsi de réduire de 79 % le plastique contenu dans l’emballage des jeunes pousses. «Nous nous réjouissons de pouvoir proposer pour nos jeunes pousses d’endives un conditionnement qui permet de préserver la qualité du produit, de répondre aux attentes du consommateur et, en même temps, de participer à une démarche volontariste de réduction sensible des déchets plastiques», a réagi le directeur général de la marque Patrick Petitpas, cité dans un communiqué. Perle du Nord planche sur ce nouvel emballage depuis 2019, en partenariat avec le pôle d’excellence agroalimentaire des Hauts-de-France Agroé et l’entreprise Saica Pack. Le problème n’est néanmoins pas totalement résolu, puisque cette barquette en carton est toujours recouverte d’un emballage en polypropylène.
Du vrac peu commercialisé
Pour les endiviers, une telle réglementation pourrait engendrer de lourds investissements pour transformer les chaînes de conditionnement, ou les remplacer par des ateliers de vrac. «Le vrac semble être la seule solution qui se présente à nous, mais aujourd’hui, il représente à peine 15 % de nos ventes totales», relève Isabelle Drecq, responsable de l’endiverie VBM Prod, à Mézières-en-Santerre. Seul espoir - puisque le texte de loi précise que l’obligation de retrait de l’emballage plastique «n’est pas applicable aux fruits et légumes présentant un risque de détérioration lors de leur vente en vrac dont la liste est fixée par décret» -, est que l’endive fasse partie des exceptions. «Des demandes ont été formulées auprès du CNA (Conseil national de l’alimentation) pour cela», espère Delphine Bridoux. Une réponse devrait être donnée dans les mois à venir.