Manifestation
Sans réponses du gouvernement, la colère des agriculteurs de la Somme pas prête de retomber
Avec le blocage de l’A29 dès mardi 23 janvier à Amiens puis d’autres mobilisations à travers le département les jours suivants, le mouvement de colère des agriculteurs samariens s’inscrit dans la continuité de manifestations qui ont débuté en Occitanie.
Avec le blocage de l’A29 dès mardi 23 janvier à Amiens puis d’autres mobilisations à travers le département les jours suivants, le mouvement de colère des agriculteurs samariens s’inscrit dans la continuité de manifestations qui ont débuté en Occitanie.
Dès mardi 23 janvier, les agriculteurs picards manifestaient à leur tour pour contester et demander le retrait de trop nombreuses normes imposées par les réglementations française et européenne. Dans un tract commun, FDSEA et JA de la Somme dénoncent «toujours plus de charges et moins de solutions, moins de sens et moins d’avenir».
Le départ du mouvement s’est décidé lundi soir avec un premier jet mené par la FDSEA et les Jeunes agriculteurs dès le lendemain avec, pour objectif, le blocage de l’autoroute A29, à partir du péage Jules Verne. Les premiers rassemblements se sont organisés à différents points stratégiques de la ville d’Amiens pour faciliter la convergence vers le point de manifestation. Une dizaine de personnes accompagnées de leurs tracteurs se sont réunies au rond-point A29 d’Auchan Dury aux alentours de 11h15. «Tout ce que l’on veut, c’est que le gouvernement revienne sur les normes qui nous sont imposées, sinon on ne pourra jamais s’en sortir», expliquait alors Sébastien Chabaille, président du SEA de Poix. Après un long périple et une opération «escargot» sur la rocade, plusieurs convois de tracteurs se sont fixé le péage autoroutier de Dury comme point de convergence.
Une centaine de personnes présentes
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les agriculteurs se sont déplacés en nombre, malgré un quotidien chargé. Mardi midi, on dénombrait pas moins d’une centaine de personnes et une cinquantaine de tracteurs bloquant le péage. Dans les rangs des agriculteurs mobilisés, le mécontentement est général. Leur souhait ? Que le gouvernement réponde à leurs questions et mette des choses en place : «Entre les normes écologiques et les normes européennes, on ne sait plus quoi faire. Mais on restera jusqu’à ce que ça lâche là-haut», affirmait d’un ton assuré Sébastien Chabaille. Pour Denis Bully, président de la FDSEA 80, les réponses sont urgentes sur tout un tas de sujets : retour de la jachère obligatoire dès 2024, remise en cause des accords de libre-échange, défiscalisation du carburant agricole, restriction sur l’utilisation de produits de protection des plantes, contraintes sur les épandages, réforme des aides animales, contrôles des agriculteurs… En l’attente d’une déclaration du gouvernement, les agriculteurs étaient déterminés à tenir le mouvement le plus longtemps possible, afin d’attirer un maximum d’attentions sur leurs difficultés. «Il nous faut plus qu’un mouvement éphémère sinon personne ne bougera», assurait encore le président du SEA de Poix-en-Picardie, au volant de son tracteur. Après 24 heures de mobilisation, il continuait de défendre l’idée selon laquelle «tout s’est fait très rapidement», mais jurait vouloir «rester pour que ceux qui n’ont pas pu venir aujourd’hui puissent nous rejoindre dans les heures à venir, ce soir et les jours suivants.»
Un avenir incertain
Agricultrice en polyculture-élevage, Stéphanie Habare livrait elle aussi un témoignage poignant sur les raisons de sa présence dans le mouvement. Jeune installée, elle aimerait pouvoir envisager un futur dans sa profession. «On est là pour défendre notre avenir et nos exploitations de demain», expliquait-elle lors de la première journée de mobilisation. «C’est compliqué de voir un avenir tout court. On n’a pas les mêmes normes que nos pays européens, ils peuvent utiliser des produits qui nous sont interdits. Et aujourd’hui, les consommateurs préfèrent la nourriture pas chère», détaillait encore Stéphanie, ayant le sentiment d’être parfois «sacrifiée.» Mercredi soir, sans aucune précision sur le moment auquel la parole présidentielle allait leur apporter des réponses, les agriculteurs de la Somme restaient déterminés à poursuivre leur mobilisation. Après Amiens, mardi et mercredi, ils avaient en effet prévu de rallier Abbeville, jeudi 25, pour y partager leurs revendications. Ce vendredi 26, c’est du côté de l’autoroute A1, dans le secteur Roye-Péronne, qu’une opération escargot pourrait être conduite.
La FDSEA et les JA de la Somme présentent leurs revendications à 20h30 sur X(anciennement twitter)