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Semences bio : une filière régionale à développer

Sous la présidence d’Olivier Petit, la Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (FNAMS) Hauts-de-France s’est réunie le 19 mai à Léglantiers, dans l’Oise, chez Thomas Bourgeois, président national de la Fnams.

L’après-midi était consacrée à la visite d’essais bio développés sur l’exploitation de Thomas Bourgeois. 
L’après-midi était consacrée à la visite d’essais bio développés sur l’exploitation de Thomas Bourgeois. 
© Gilles Salitot

Le contexte sanitaire de 2020 a considérablement réduit les activités d’animation de la structure régionale puisque les visites d’essais menées par le pôle technique n’ont pas pu être organisées. Néanmoins, les essais de semences, en légumineuses et graminées fourragères, ont été réalisés et la présentation de leurs résultats est prévue le 28 mai à Bougainville (Somme). Thomas Bourgeois a rappelé l’évolution du Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences) opérée cette année. Celui-ci s’appelle désormais Semae et accueille en son sein de nouvelles semences avec la création d’une nouvelle section (la neuvième) qui s’appelle diversité des semences.

«Dans la même idée de préserver la biodiversité, dorénavant, des essais de semences se font sans produits phytosanitaires, en privilégiant les produits de biocontrôle. Cela se pratique sur un de nos trois sites d’essais, sur huit cultures différentes. C’est le projet Agrosem», annonce Thomas Bourgeois. Récemment converti à l’agriculture biologique, le président national a donc accueilli chez lui cette assemblée régionale placée sous le signe de l’agriculture biologique.

 

Des besoins en semences bio

En bio, en théorie, les semences doivent être aussi produites selon le cahier des charges bio. «La fourniture de semences certifiées bio aux producteurs est donc un enjeu majeur», annonce Oliver Petit. Et comme la production bio se développe vite en Hauts-de-France, de nouveaux besoins apparaissent en semences bio performantes. Malheureusement, la recherche de nouvelles variétés adaptées à la production bio n’est pas très avancée en France. «Les producteurs bio s’approvisionnent parfois en semences venant d’Allemagne ou d’Autriche», constate Gilles Salitot, conseiller bio à la Chambre d’agriculture de l’Oise. Au pire, s’ils peuvent prouver leurs difficultés à trouver de la semence certifiée bio, par dérogation, les agriculteurs peuvent utiliser des semences conventionnelles, non traitées bien entendu. Néanmoins, le blé, le triticale, l’orge d’hiver et le grand épeautre ne bénéficient pas de dérogation et les semences doivent être obligatoirement en bio. D’après une enquête menée dans la région, un tiers des agriculteurs bio y ont recours, particulièrement en céréales et protéagineux.

Le développement d’une filière de production de semences bio en Hauts-de-France est nécessaire et le partenariat entre la Fnams Hauts-de-France et Bio en Hauts-de-France en est le premier maillon. «Nous avons besoin de producteurs multiplicateurs, d’investir dans des outils de triage et de stockage pour répondre à la demande», souligne Oliver Petit. «Les agriculteurs bio de la région utilisent des semences, notamment fourragères, sélectionnées et développées dans le centre de la France. Il serait bien qu’elles le soient dans les Hauts-de-France car elles seraient plus adaptées au contexte pédo-climatique et plus locales», renchérit Thomas Bourgeois.

 

Exigences et travaux de recherche 

Le niveau d’exigences pour des semences bio est le même que celui des semences conventionnelles : faculté germinative, pureté variétale, pureté spécifique. S’ajoutent des contraintes en termes de conservation puisque les produits phytosanitaires sont proscrits. Des traitements à la vapeur ou thermiques peuvent être appliqués s’ils ne réduisent pas le taux de germination. Il s’agit de désinfection des semences pour éliminer les parasites pathogènes, notamment pour lutter contre la carie du blé. Des recherches sont également menées pour un traitement par ozone

La recherche devra également porter sur plusieurs espèces car les producteurs bio cultivent de nombreuses céréales autres que le blé car elles ont des besoins en azote différents. «L’épeautre, qui nécessite moins d’azote, est ainsi d’un grand intérêt», confirme Gilles Salitot. La résistance aux maladies et la rusticité sont également des critères de sélection recherchés. Pour peu que des moyens soient mis, la filière semences en bio recèle de véritables potentialités.

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