Semences : une filière d’avenir qui a besoin de bras
Lundi 13 février, dans les locaux de HZPC France à la Chapelle-d’Armentières, la section nord de Semae a présenté son bilan 2022, mais aussi les pistes d’amélioration de la filière. Parmi elles : attirer les recrues.
Lundi 13 février, dans les locaux de HZPC France à la Chapelle-d’Armentières, la section nord de Semae a présenté son bilan 2022, mais aussi les pistes d’amélioration de la filière. Parmi elles : attirer les recrues.
Si la France reste en 2022 le premier producteur européen de semences avec plus de 400 000 hectares et le premier exportateur mondial de semences agricoles (devant les États-Unis et l’Allemagne), il n’en reste pas moins que la filière semence a été bien secouée. Une filière qui peine à recruter avec un nombre d’agriculteurs qui tend à baisser d’année en année. Des défis auxquels la Semae (interprofession regroupant 48 fédérations et organisations professionnelles), entend bien répondre.
Ukraine et climat
Dans le classement des chamboulements de 2022, la guerre entre l'Ukraine et la Russie figure en bonne place. «L’impact a été très important car la Russie est très dépendante des semences occidentales et il y a des usines de productions dans les deux pays», explique Jean-Yves Delpouve, délégué régional de Semae Nord (Hauts-de-France, Seine-Maritime et Eure). En effet, Semae enregistre des pertes vers l’Ukraine de 35,5 % pour une valeur des exportations de 64,5 millions d’euros (M€), alors que vers la Russie, elles progressent de 4 % pour un total de 112 M€. Les exportations ont continué de croître mais les importations aussi. Cela dit, la balance commerciale reste stable et atteint 1,1 milliard d’euros. Parallèlement, l’été 2022, chaud et sec, a entraîné des baisses de rendement, voire des retournements de parcelles. «Il y a une baisse de la surface semence, surtout en maïs. Or, 50 % des semences européennes de maïs proviennent de la France», appuie Jean-Yves Delpouve. Cette baisse des surfaces est particulièrement visible chez les agriculteurs multiplicateurs (- 10 % en cinq ans) qui, face à des marchés très fluctuants en faveur d’autres cultures (comme le blé) et face aux coûts de l’énergie et de production en hausse, se posent des questions et ont tendance à quitter le navire…
Des attentes importantes
Pourtant, la filière semences est «au cœur de l’agroécologie», soutient Sébastien Douay, responsable des relations interprofessionnelles de Semae Nord. «Il y a beaucoup d’attentes de la part des agriculteurs, mais aussi de la société pour le développement de variétés plus résistantes aux maladies et aux aléas climatiques, pour limiter l’usage d’intrants. C’est pourquoi la filière investit entre 15 et 20 % de ses bénéfices dans la recherche et le développement. Pour donner un ordre de grandeur, c’est à peu près les mêmes proportions que dans l’industrie pharmaceutique», décrit Jean-Yves Delpouve. Or, pour cela, il faut des ressources humaines et surfaciques adéquates. Mais il faut aussi du temps. «Pour développer une nouvelle variété de pomme de terre, il faut environ vingt ans», rappelle Christophe Gauchet, directeur général de HZPC France, basée à la Chappelle-d'Armentières, qui accueillait la conférence de Semae ce 13 février. Aujourd’hui, l’entreprise propose plus de 500 variétés, «mais certaines sont vouées à disparaître au profit d’autres».
Le Nord : leader en pommes de terre et lin
Pour ce qui est de la Semae Nord en tant que telle, elle représente 17 % de la surface de semences françaises (70 000 ha). Le lin occupe presque 39 % de cette surface, suivi des céréales à paille (30 %), puis des plants de pommes de terre (21 %). Mais, «si l’on compare les surfaces Semae Nord par rapport aux surfaces Semae France, Semae Nord représente 81 % des surfaces de semences en lin textile et 63 % des plants de pommes de terre», précise Jean-Yves Delpouve. Par ailleurs, sur les 17 261 agriculteurs de la Semae, 2 455 se trouvent dans la section nord, soit 14 %.
Mission recrutement
Malgré des résultats globalement satisfaisants, la filière peine à recruter, notamment au niveau des techniciens. «J’ai ouvert un post de technicien il y a un mois, j’ai reçu quatre candidatures…», regrette Christophe Gauchet. La cause : «Les élèves en BTS ont plus tendance qu’avant à poursuivre leurs études vers des licences, voire des diplômes d’ingénieurs», explique Sébastien Douay. Résultat : un manque de candidat pour les postes de technicien, pourtant essentiels. De plus, pour ceux qui auraient le profil, ils ne viennent pas dans ce secteur. Pourtant, ce n’est pas la place qui manque : «On a 1 340 postes à pourvoir dans la filière actuellement. On va donc mettre l’accent sur la communication avec les lycées agricoles et aller dans les salons pour montrer que la filière recrute», conclut Sébastien Douay.