Sur l’agriculture, le couple franco-allemand ne partage pas tout
Les ministres français et allemands ne partagent pas la même vision de l’agriculture. Malgré la crise
ukrainienne, l’Allemagne souhaite maintenir la priorité à la transition écologique.
Les ministres français et allemands ne partagent pas la même vision de l’agriculture. Malgré la crise
ukrainienne, l’Allemagne souhaite maintenir la priorité à la transition écologique.
Il y a quelques jours, le ministre allemand de l’Agriculture, Cem Özdemir, a rendu visite à Paris à son homologue français, Julien Denormandie. Ce premier rendez-vous de prise de fonction n’a eu lieu qu’une centaine de jours après la nomination du ministre Vert allemand. Officiellement, à cause du coronavirus, a-t-on entendu des deux côtés. En fait, les deux ministres ne partagent guère de points communs.
Ce qui les rapprochent
La France et l’Allemagne sont deux poids lourds dans le Conseil européen des ministres de l’Agriculture et veulent évidemment mettre en lumière leurs accords en politique agricole, en mettant en sourdine leurs divergences. La guerre d’Ukraine et ses conséquences pour le secteur agricole était au centre de leur entretien ainsi que l’aide à apporter à l’Ukraine pour assurer l’approvisionnement de la population. Des deux côtés du Rhin, on relève l’accord pour une plus grande autosuffisance européenne de manière générale et en productions de légumineuse, en particulier pour l’alimentation humaine et animale. Les deux ministres sont également à l’unisson sur les débouchés locaux et régionaux pour les productions agricoles, ainsi que sur un soutien plus important à accorder à l’économie circulaire au sein des exploitations agricoles en vue d’une production plus durable.
Clivage sur Farm to Fork
Mais le ministre allemand, Cem Özdemir est venu surtout plaider à Paris pour le Green deal que le ministre français a encore mis récemment en cause en demandant la révision de la stratégie de la Ferme à la fourchette. Il ne faut pas, selon le ministre allemand, jouer la crise ukrainienne contre la crise climatique. Alors que la France met davantage l’accent sur la nécessité de produire davantage dans l’Union européenne pour apaiser les tensions sur les marchés internationaux. Cem Özdemir la soupçonne d’être prête, le cas échéant, à reporter à plus tard cette transition environnementale. Le moteur franco-allemand tousse également dans les détails d’application de la Pac. Par exemple : Cem Özdemir ne voulait pas du stockage privé de viandes de porcs, considéré comme inutile, alors que son collègue français a réussi à l’imposer à Bruxelles. Concernant les jachères, le ministre allemand ne veut pas les libérer pour de la production et surtout ne pas autoriser l’utilisation d’engrais et de pesticides sur ces surfaces.