Tereos : fin de la crise de gouvernance ?
Après les trois assemblées de région, qui ont eu lieu
du 3 au 5 décembre, 79 conseillers de région ont rejoint les 102 déjà élus pour travailler au sein des instances de Tereos.
Les élections partielles, Nord, Nord Littoral et Picardie Ouest, ont permis de pourvoir aux 70 postes de conseillers de région laissés vacants par les démissions intervenues en juillet dernier, et de désigner neuf conseillers de région supplémentaires par décision du conseil de surveillance. Ce sont donc 79 nouveaux conseillers de région qui rejoignent les 102 conseillers demeurés en fonction. Et, parmi les nouveaux élus, 66 sont des conseillers de région ayant démissionné en juillet sur 70, quatre d’entre eux n’ayant pas souhaité suivre les frondeurs. Un résultat «sans équivoque» et démontrant «un véritable soutien au mouvement de protestation de la gouvernance de Tereos», selon les frondeurs.
Du côté de Tereos, c’est une autre explication qui est avancée pour les résultats. La coopérative n’a pas constitué de listes pour apaiser les tensions, ainsi qu’elle le faisait savoir le week-end avant les élections sur les réseaux sociaux. Faux, rétorquent les frondeurs, qui en veulent pour preuve les coups de fil passés par la coopérative pour trouver des volontaires sur sa liste, mais en vain.
Vrai ou faux, Tereos pouvait, de toute façon, se passer de constituer une liste, car il n’y avait aucun risque pour elle de se retrouver de nouveau confrontée à Gilles Bollé, Xavier Laude et Gérard Clay, qui ne pouvaient se représenter du fait de leur exclusion de la coopérative, en août dernier. Aussi Tereos pouvait-elle adresser ses félicitations à tous les conseillers de région élus et les inviter désormais à «jouer pleinement leur rôle d’intérêt général au service de notre coopérative», rappelait-elle, le 5 décembre. Question : ces élections sifflent-elle la fin des hostilités entre les frondeurs et Tereos ?
Sortie de crise ?
Le conseil de surveillance va à présent proposer l’organisation d’une réunion dans chacune des trois régions concernées pour échanger avec les nouveaux élus réunis en conseils de région. L’ensemble des conseillers des six régions de Tereos seront ensuite convoqués à une réunion générale des conseillers de région en janvier pour «évoquer, dans un esprit de rassemblement, les enjeux liés à la vie de la coopérative et à la situation sur les marchés», dixit le conseil de surveillance de Tereos.
Pour les frondeurs, les élections ne sifflent pas pour autant la fin de la partie. Ils demandent la tenue d’une assemblée générale plénière. Ils affirment qu’une pétition en ce sens rassemblant 2 598 signatures de planteurs a été collectée. Leur demande, poursuivent-ils, est soutenue par le Haut conseil à la coopération agricole (HCCA), qui avait d’ailleurs envoyé un courrier à Tereos, le 20 novembre dernier. Avant de rappeler cependant n‘avoir «pas le pouvoir d’imposer la tenue d’une assemblée générale».
Pour qu’il en soit ainsi, la liste des signataires doit être validée par Tereos, qui l’attend sur son bureau. Sauf que les contestataires s’étant engagés auprès de certains agriculteurs qui ne voulaient pas que leur nom soit divulgué à Tereos, n’ont pas donné le feu vert au HCCA pour communiquer la liste à Tereos. Le HCCA a donc proposé à cette dernière de venir sur place et de faire valider la liste par un huissier commun à la coopérative et aux contestataires. Pour l’heure, c’est le statu quo.
Last but not least, l’association créée par les frondeurs, l’ADCT (Association de défense des coopérateurs de Tereos), demande la réintégration, d’ici le 20 décembre, des trois planteurs exclus, ce qui permettrait, selon eux, «d’arrêter l’action en justice en cours et donnerait un signal fort d’apaisement de la part de Tereos». Et de solliciter une rencontre avec le président du conseil de surveillance, François Leroux, pour valider les signatures de la pétition au niveau du HCCA et convoquer une assemblée générale plénière.
Reste qu’en raison du statu quo actuel, la possibilité d’une assemblée générale plénière en décembre est bel et bien compromise. «Tout dépend en fait de la prise en compte des signatures par Tereos. Une fois que cela sera fait, la coopérative a ensuite deux mois pour convoquer une assemblée générale», indique Xavier Laude.
Pour l’heure, la seule proposition de Tereos, faite le 7 décembre dernier, a été de prendre les betteraves des trois exclus, tant des récoltes de 2018 que de 2019, mais sous le statut de tiers non associé. Ceux-ci attendent désormais de connaître les conditions d’achat. Autrement dit, la sortie de crise n’est pas pour demain.