Tereos : médiation à venir avec les frondeurs et élections anticipées
Tereos va organiser un scrutin anticipé après les démissions de 70 conseillers de région cet été.
L’heure serait-il à l’apaisement ? Dans un contexte tendu de concurrence forcenée entre les coopératives sucrières et des marchés mondiaux du sucre en berne, rendant la commercialisation compliquée, les remous internes chez Tereos compliquent encore plus la donne pour cette coopérative. Après des échanges tendus avec le syndicat betteravier, l’heure de la médiation a, semble-t-il, sonné.
Retour en arrière. Depuis plusieurs mois, Tereos, union de coopératives devenue au printemps dernier une coopérative unique, subit les soubresauts d’une profonde crise de gouvernance. Fin juillet, 70 élus (sur 73) de trois régions parmi six, représentant 7 500 des 12 000 coopérateurs et cinq usines sucrières des Hauts-de-France, ont démissionné en bloc pour dénoncer une «gouvernance défaillante» et demander plus de transparence sur la gestion, en mettant en cause l’absence de résultat de la diversification internationale du groupe.
Le 29 août dernier, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, prend langue avec le président du conseil de surveillance, François Leroux, pour jouer les «casques bleus». «J’ai échangé avec Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, qui souhaite un apaisement au plus tôt. Je partage cette volonté d’apaisement, et nous allons engager une médiation», déclare alors François Leroux. Par ailleurs, le président du conseil de surveillance s’engage également à ce que «les betteraves des trois planteurs exclus seront bien achetées et transformées pour la campagne 2018». Son objectif : aller de l’avant.
Médiation et élections anticipées
Henri Nallet, le président du Haut conseil de la coopération agricole (HCCA) a été sollicité pour conduire cette médiation et «garantir que cette élection se passe bien», dixit Tereos. Mission acceptée.
La veille, Gilles Bollé, l’un des trois betteraviers frondeurs, a indiqué à l’AFP qu’il n’avait «pas de nouvelle» pour l’instant de cette procédure de médiation. Quoi qu’il en soit, les «frondeurs», dans un communiqué du 7 septembre, indiquaient qu’ils participeraient à cette médiation «de manière constructive, dans l’unique intérêt de nos coopérateurs». Avant de mettre un bémol : «Le succès de cette médiation dépendra cependant de la considération que le conseil de surveillance de Tereos accordera aux 63 % des associés coopérateurs, dont nous portons, avec l’ensemble de nos autres collègues démissionnaires, les convictions.»
De son côté, la CGB (syndicat betteravier), qui a eu des échanges «pas très courtois» avec Tereos dans cette affaire, a prévu de rencontrer rapidement des représentants de la coopérative, indiquait son président, Eric Lainé, le 6 septembre, à Agra Presse. Le syndicat veut «apaiser» ses relations avec le groupe sucrier et «parler de la réintégration» des trois exclus.
Tereos, elle, a pris la décision d’organiser, dès décembre 2018, plutôt qu’en juin 2019, les assemblées qui désigneront les titulaires des mandats de conseillers de région, qui ne sont plus pourvus depuis les démissions survenues en juillet, soit six mois plus tôt que prévu. Là encore les démissionnaires posent leurs exigences, soit leur réintégration en qualité d’associés coopérateurs et la convocation d’une assemblée générale, «qui seule peut élire un conseil de surveillance réellement représentatif de toutes nos régions et indépendant du directoire». La médiation, à l’évidence, sera tout, sauf simple.
Enquête ouverte pour «vol» de données
Le parquet de Saint-Quentin (Aisne) a ouvert une enquête pour «vol» de données confidentielles. Il s’agit d’une enquête préliminaire, ouverte en mai, après la plainte déposée pour «vol» de données au sein de l’entreprise, qui ont été utilisées et diffusées, selon la direction, pour «déstabiliser» le groupe, a précisé à l’AFP la procureure de la République, Laure Camus. La plainte fait état de «lettres anonymes» envoyées à partir de janvier 2018 à une liste d’adresses mails non publique de 150 administrateurs de l’entreprise, qui a son siège social dans l’Aisne. Ces messages avanceraient de «supposées graves difficultés financières» du groupe, dont la responsabilité serait imputée à la direction. L’enquête a été confiée à la brigade de recherches de Saint-Quentin et à la région de gendarmerie des Hauts-de-France. Le même jour, le président du Haut conseil de la coopération agricole (HCCA), Henri Nallet, ancien ministre de l’Agriculture, a annoncé, dans un communiqué, qu’il acceptait de conduire la médiation entre les parties prenantes au conflit que connaît actuellement la coopérative Tereos, après l’exclusion de trois betteraviers frondeurs parce qu’ils contestaient sa stratégie financière.