Tereos veut faire partager sa confiance
C’est au Tereos Campus Europe, à Moussy-le-Vieux (77), que le groupe coopératif a tenu mardi 9 septembre sa réunion d’information annuelle, accueillant plusieurs centaines d’adhérents, partenaires, clients fournisseurs et collaborateurs.
Le temps des tumultes est-il révolu ? La question est de mise pour celles et ceux qui y ont assisté, tant les propos du début à la fin ont été focalisés sur le positif de l’entreprise.
Alexis Duval, président du directoire, a en premier lieu, dressé un tableau exhaustif des résultats et indicateurs du groupe coopératif durant l’exercice 2018-2019, et tracé une projection sur l’année en cours et les suivants. Il a, en prime, posé les ratios économiques du groupe, dont le résultat net consolidé s’est dégradé en 2018-2019 de 3 109 M€, pour atteindre - 260 M€. Il a posé pour élément de repère la «chute des cours du sucre mondial» qui a entraîné une baisse du chiffre d’affaires de plus de 457 millions d’euros, soit 10 % du chiffre d’affaires total de l’entreprise.
Des usines plus souples
Il a, par ailleurs, mis en exergue les différents points d’actions menés par le groupe. Sur le secteur betteravier, le groupe a poussé la performance industrielle sur l’exercice pour travailler 800 000 tonnes de betteraves supplémentaires, soit 30 % de volumes de plus et 45 % de sucres de plus par site en l’espace de quelques années. L’adaptation des usines aux marchés a été un axe de travail fort du groupe, puisqu’à présent, il dispose d’une capacité d’adaptation sucre éthanol de 15 % pour saisir des opportunités de segments. Ainsi, en 2018-2018 le mix sucre/éthanol s’élevait à 60 %/40 % alors qu’il était de 75 %/25 % l’année précédente.
La diversification, une stratégie cohérente
Dans son rapport stratégique, Alexis Duval a affiché les chiffres de production et de commercialisation du sucre : 70 % du sucre produit par Tereos en France est exporté en Europe, et 30 % à travers le reste du monde. Et si le marché européen s’est tendu au cours de l’année écoulée, il s’est «assaini» en l’espace de quelques mois, en se rétablissant au-delà des 400 €/t. Un niveau encourageant pour le groupe coopératif, qui rappelle «avoir traversé la période en ne fermant aucune usine». Si le rétablissement de la zone Europe se veut un peu rassurant, Tereos se veut toujours orienté vers les pays émergents où il réalise 30 % de ses ventes, car la consommation du sucre y est bel et bien croissante. Et pas que du sucre : les amidons et produits protéinés bénéficient aussi de cette croissance, et pèse une part croissante du chiffre d’affaires. Les investissements orientés grand export en témoignent comme, par exemple, le centre de conditionnement container sur le site d’Escaudœuvres, le long du canal de l’Escaut, qui permet de desservir les ports européens. Dès lors, Alexis Duval réaffirme la durabilité et la cohérence de la stratégie de diversification du groupe : «une diversification qui donne de la résilience, mais aussi qui porte ses fruits financiers, car depuis qu’elle est mise en place, elle a permis le versement de 275 millions d’euros, soit une rémunération moyenne de 10 % du capital».
C’est d’ailleurs par un versement de dividende exceptionnel que Tereos va compléter le paiement des betteraves aux adhérents coopérateurs au 30 septembre, et entend poursuivre cette stratégie pour améliorer sa résistance face à la volatilité des marchés. Sujet à peine effleuré : pour poursuivre cette stratégie, Alexis Duval confirme que le sujet de l’ouverture du capital demeure une hypothèse de travail régulièrement examinée avec le conseil de surveillance.
Un plan de réduction de charges
Il a, enfin,w précisé les ambitions du plan d’entreprise ambitions 2022 : «Tereos a mobilisé toutes ses équipes pour identifier 1 100 projets internes à conduire permettant de viser une économie annuelle de coûts de 200 millions d’euros.». Le plan se décompose sur deux axes : un plan de performance industrielle et la gestion du changement. Pour la performance industrielle, les équipes mobilisées ont travaillé sur cinq axes : la sécurité, la sécurité alimentaire, la compétitivité, la durabilité et la conformité. Pour la gestion du changement, les travaux sont focalisés sur trois axes : l’amélioration continue, le modèle de management, le digital et innovation.
Plusieurs collaborateurs du groupe ont témoigné de leur quotidien au travers du prisme de ce plan, aboutissant à des économies significatives, par exemple sur le chargement des camions à Connantre, sur une économie de transport de 3 % grâce à la géolocalisation, sur les outils internes de pilotage des sites industriels, faisant identifier au plus tôt les sources de dysfonctionnement et mobilisant l’ensemble des équipes dans la résolution ou l’amélioration.
Un groupe tourné vers ses clients
La diversification des activités amène Tereos a commercialisé ses produits dans cent trente pays, avec des clients aux besoins très spécifiques et parfois changeants pour s’adapter à leurs propres marchés. Tereos se dit aujourd’hui mieux structuré pour être réactif face aux besoins ou aux valeurs à partager avec ses clients. C’est du moins ce qu’auront entendu les participants dans les propos d’Eric Desbonnets, vice-président de la Supply chain pour Coca Cola European Partners (la plus grande unité de production de la firme dans le monde, avec treize pays couverts. Cinq sites de production en France, la volonté de travailler à une gamme de boissons diversifiées, innovantes, porteuses de valeur sur les volets de la production (production et transformation locale) et sur l’empreinte environnementale (gestion des contenants, des emballages, etc.). C’est ainsi qu’il a déployé les arguments de similitude d’approche avec Tereos pour assurer l’approvisionnement de ses usines par le groupe en produits et solutions sucrantes, le tout en proximité.
Un centre opérationnel qui l’incarne
Sujets de discussions, le Campus Tereos Europe, que chacun a pu découvrir à cette occasion, rassemble plus de cinq cents collaborateurs du groupe qui étaient jusqu’à présent dispersés sur trente-deux sites. Leur proximité nouvelle permet d’améliorer l’innovation et la réactivité du groupe dans ses recherches de produits ou solutions innovantes, tout en contribuant à de meilleures conditions de travail de proximité entre les personnes, les équipes, les services. «Après une période de tumultes liés à ce genre de déménagements et d’emménagement, nous tirons aujourd’hui les fruits de ces changements», a témoigné un collaborateur lors d’une table ronde illustrant les effets de ce changement. Car à présent, lorsqu’un client veut travailler sur un nouveau produit ou rencontre une difficulté, il se voit immédiatement entouré des équipes pluridisciplinaires sur la nature du produit, la recherche sur ses solutions techniques, la logistique, le packaging, etc.
Jean-Charles Lefevre confiant pour la suite
Dans son propos conclusif, le président du Conseil de surveillance a rappelé que la réussite du groupe Tereos passait par celle de l’ensemble de ses adhérents. «Notre responsabilité est d’optimiser le revenu des adhérents en proposant une diversité de productions et en cherchant leur rentabilité maximale», a-t-il insisté. Il s’est réjoui que les orientations prises par le groupe depuis plusieurs décennies permettent «d’y contribuer», tout en rendant hommage à Philippe Duval, récemment décédé, et qui a dirigé le groupe de 1984 à 2012. Après avoir mentionné l’«Homme de volonté de courage et de respect, qui a su porter l’avenir de la betterave et de l’outil industriel», il a invité la salle à s’associer à ce dernier hommage.