Top départ pour les audits-conseils de la Région
Le 11 mars dernier, le Conseil régional Nord-Pas-de-Calais-Picardie a lancé les audits-conseils prévus dans son plan d’urgence en faveur de l’élevage.
L’audit-conseil, l’une des principales mesures du plan d’urgence en faveur de l’élevage, voté le 28 janvier dernier par le Conseil régional Nord-Pas-de-Calais-Picardie, a été lancé officiellement vendredi
11 mars. En maîtresse de cérémonie, la vice-présidente du Conseil régional, en charge de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Marie-Sophie Lesne, entourée de Christophe Buisset, président de la Chambre régionale d’agriculture Nord-Pas-de-Calais-Picardie, et de Ludovic Cauchois, président du Groupement d’intérêt économique (GIE) Lait-Viande Nord-Picardie.
«Un audit pour un audit, cela ne va pas très loin, reconnaît d’entrée de jeu Marie-Sophie Lesne. Mais ces audits-conseils présentent un véritable intérêt, car ils déboucheront sur des préconisations et un suivi dans l’accompagnement des éleveurs.» Traduction : ceux qui pourraient penser qu’il s’agit d’un outil qui ne servira encore à rien, ou qu’on aurait vite fait d’oublier en cas de reprise économique dans le secteur de l’élevage, se trompent.
Seule certitude : la relance économique ne sera probablement pas au rendez-vous en 2016. «Les perspectives ne sont pas très encourageantes, dit Ludovic Cauchois. Aussi le GIE a-t-il décidé de se joindre au plan d’urgence mis en place par le Conseil régional en faveur de l’élevage, en apportant une contribution de 500 000 €. Nous sommes prêts également à apporter notre expertise dans l’accompagnement et l’analyse des situations qui seront réalisés dans le cadre de ces audits. Dans tous les cas, nous suivrons de près ce qui se fait pour nous assurer de la cohérence des dispositifs de soutien.» Avec les 500 000 € mis sur la table par le Conseil régional, le plan d’urgence dispose donc désormais d’une enveloppe d’un million d’euros.
Comment ça marche ?
L’audit-conseil se décline en trois étapes. La première est consacrée à la prise de contact par l’intermédiaire des interlocuteurs proches de l’éleveur ou par mail à une adresse dédiée(1). Dans tous les cas, c’est à l’éleveur de se faire connaître et de choisir ses intervenants, s’il le désire.
La seconde étape est dédiée à la collecte de l’information sur l’exploitation (une demi-journée), puis à l’analyse des points forts et des points faibles, ainsi que des marges de progrès qui peuvent être réalisées (demi-journée). Pour ce faire, la collecte des informations portera autant sur l’analyse de l’exploitation, que sur le projet de l’éleveur, sa famille, leurs objectifs, l’environnement, les productions, les sols, le matériel, les aspects réglementaires... Pas moins de quinze leviers seront étudiés.
La troisième étape porte, elle, sur la restitution faite sur l’exploitation par une équipe pluridisciplinaire de l’analyse, la mise en place d’un plan d’action, puis la définition d’un accompagnement personnalisé. Le tout alimenté par des références régionales, par territoire, fournies chaque année par les services techniques des chambres d’agriculture.
Coût de l’audit-conseil : 1 500 € financés par la Région, le GIE Lait-Viande Nord-Picardie, les organismes conseils qui accompagnent le dispositif (chambres d’agriculture, service de contrôle laitier, centres de gestion), et donc 0 € de la poche de l’éleveur. Tous les éleveurs en difficulté peuvent en faire la demande. Ils seraient 6 700 dans ce cas pour une population estimée aujourd’hui entre 14 000 et 15 000. «Il n’y a pas, pour l’heure, de critères définis. Mais si les demandes sont trop nombreuses, relève Christophe Buisset, nous en mettrons peut-être en place pour répondre en priorité aux éleveurs les plus en difficulté.»
Un outil pertinent ?
«Pertinent», et même «performant», selon Marie-Sophie Lesne, au vu des objectifs de l’audit-conseil. «Ceux-ci sont, d’une part, d’analyser les forces et les faiblesses de l’exploitation, et, d’autre part, de proposer des évolutions concrètes à mettre en œuvre pour que les éleveurs retrouvent rapidement des perspectives», martèle-t-elle. «Si des investissements doivent être faits sur l’exploitation au terme de l’audit-conseil, on peut y ajouter les fonds européens PCAE», ajoute Christophe Buisset. Reste que s’il y a besoin d’une expertise plus approfondie, des experts plus pointus prendront le relais. Qui paiera alors ? «On verra comment on peut faire avec la Région pour financer, répond le président de la Chambre régionale d’agriculture. Il y a aussi des fonds Vivea que l’on peut utiliser. Rien n’est fixé pour l’heure, mais il est vrai que ces expertises en plus devront être payées.»
Pertinent, l’outil l’est assurément, ne serait-ce que par le fait qu’il «permet de se poser et de ne pas prendre de décision hâtive. Autrement dit, pour ceux qui peuvent encore trouver une solution pour sortir de la crise, un temps de réflexion peut être pris avant qu’ils ne se décident à arrêter», dixit Christophe Buisset. La crainte de tous est, en effet, que l’élevage disparaisse de la Région, car il entraînerait derrière lui la fermeture des abattoirs, comme le départ de certaines industries agroalimentaires et la suppression des emplois indirects.
Cette crainte est dans tous les esprits, car «dans notre grande Région, on est capables de tout faire en agriculture, sauf dans quelques rares zones», rappelle-t-il. Et pour remettre en route un élevage et reconstituer un patrimoine génétique, il faut au moins une génération. Ce qu’a bien saisi le Conseil départemental de la Somme, qui a mandaté la Chambre d’agriculture départementale pour mettre en place un audit-conseil identique, dont la Région est d’ailleurs partenaire. Une convention devrait être signée d’ici la fin du mois.
(1) planregional.soutienelevage
@npcpic-elevage.fr