Tous unanimes : «le taux de protéines c’est l’accès aux marchés»
La réunion prospective de la coopérative Cerena, le 21 janvier, a sensibilisé les agriculteurs à la qualité des blés.
«De 12,5% en 2003, la courbe du taux de protéines dans les céréales françaises n’a cessé de décroître pour tomber aujourd’hui à 11,2%», s’est désolé Thibault Lecomte, trader chez Ceremis. Or, que ce soit pour les meuniers, les amidonniers, mais aussi les fabricants d'aliments pour animaux, la qualité du blé est essentielle.
La concurrence européenne se segmente. La France, premier producteur de blé avec 35 à 37 Mt s’oriente vers les pays du Sud. L’Allemagne avec 25 Mt se tourne vers l’Europe du Nord. La Roumanie et la Bulgarie avec 12 Mt exportent vers les pays du pourtour méditerranéen. «Cette segmentation est basée sur la qualité. Les destinations se font en fonction des utilisations des céréales», souligne Thibault Lecomte. Le blé allemand a un taux de protéine moyen de 12,5 % (12,8% cette année). La Roumanie et la Bulgarie sont depuis deux ans des exportateurs de blé meunier qui comptent, en constante progression. Contrairement à la France et à l’Allemagne, la récolte 2013 y a été précoce, avec une bonne qualité meunière, ce qui a permis à ces pays de prendre des parts de marchés sur l’Egypte et la Syrie.
Des cahiers des charges exigeants à l’export
«Sur les 50 % des blés français destinés à l’export, 95 % partent vers les pays du Maghreb, l’Algérie principalement, et l’Egypte. Aujourd’hui, ces pays réclament un taux de protéines plus élevé», a expliqué Jean-Philippe Everling, directeur de Granit, négoce international filiale du groupe coopératif Axereal. Avec un taux moyen de 11,2% cette année, nos blés sont concurrencés, en particulier par ceux des pays riverains de la mer Noire. Il est donc capital, estime-t-il, d'obtenir des taux de protéines plus élevés si l'on veut conserver nos clients actuels, voire en trouver d’autres. D'autant que leurs cahiers des charges sont de plus en plus stricts.
Certes la France a des atouts. Jean-Philippe Everling énumère entre autre la météo, le type de blé exporté (du «medium hard» destiné à la boulangerie de type «baguette» adaptée à nombre de pays voisins), une logistique relativement efficace, la proximité de nos principaux clients.
Mais, "il faut bien être conscients que la qualité est un atout majeur face à la concurrence», insiste-t-il.
Un accompagnement de la coopérative
Pour Olivier Bouillet, directeur exécutif international en place à Kiev, "nous avons à travailler sur la protéine, mais aussi sur le coût de production". Il explique que pour développer nos parts de marché sur les pays tiers où nos concurrents sont plus compétitifs, le producteur français doit augmenter sa productivité. Et de citer à cet effet différents moyens comme la hausse du rendement, la réduction du coût de mécanisation, le travail à façon...
A l’aide d’un graphique, Marc Braidy, vice-président de Cerena, a montré l’évolution du taux de protéines des blés chez les adhérents de la coopérative. «En 2013, ils affichaient un taux de 11,6% mais ce n’était que 10,9% en 2009. Notre objectif est de se situer entre 11,5 et 12%», a-t-il annoncé. Cerena met tout en oeuvre pour accompagner ses associés-coopérateurs en les conseillant sur le choix variétal, sur un pilotage de l’azote précis et mesuré, sur l'utilisation d'outils d'aide à la décision... Chaque agriculteur recevra prochainement le taux de protéines moyen de ses livraisons et pourra le comparer avec la moyenne de son silo, l'intérêt étant de se situer personnellement dans un contexte local. En conclusion, Marc Braidy a invité les adhérents à participer aux réunions de secteur qui auront lieu les 18 et 19 juin prochain à Dunkerque avec la visite des installations portuaires de la Sica Nord Céréales. Une autre approche des besoins du marché...