Transport : les ports des Hauts-de-France préparent le Brexit
L’association Norlink dresse un bilan de son activité et rappelle ses ambitions de faire des Hauts-de-France un hub logistique incontournable en Europe.
de Norlink, Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France.
Leur slogan pourrait être la devise nationale belge «L’union fait la force». Pourtant, c’est justement pour faire face à la concurrence des grands ports du nord de l’Europe que les sites portuaires intérieurs et maritimes des Hauts-de-France ont choisi de «chasser en meute», depuis 2017 en constituant l’association Norlink. «Il reste beaucoup de travail pour réussir le challenge d’être un hub logistique européen», a affirmé Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France, en préambule de la conférence de presse de Norlink ports organisée le 27 septembre dernier, à Lille.
Une croissance à deux chiffres
L’association compte aujourd’hui vingt-cinq adhérents dont l’objectif est d’assurer la cohérence et la promotion des infrastructures de la région. Chiffres à l’appui, les responsables de Norlink ont souhaité montrer que leur stratégie était payante : + 11 % de trafic pour les ports de Lille en 2017 ou encore une augmentation de 30 % du trafic fluvial pour la plateforme Delta 3 à Dourges. Côté investissement, le port de Valenciennes (Docks Seine-Nord Europe - Escaut) continue son développement après trois ans d’existence et va entamer des travaux d’expansion pour porter sa capacité de 80 000 à 120 000 EVP. L’investissement s’élève à 10 millions d’euros (M€). 700 M€ vont être investis pour l’extension du port de Calais et 130 M€ d’investissement sont prévus pour les ports de Lille.
En parallèle de cette montée en puissance du transport fluvial dans la région, l’association Norlink a accueilli une quinzaine de nouveaux associés depuis décembre 2017, dont l’entité Getlink-Eurotunnel (port à sec). Cette arrivée n’est sans doute pas étrangère au Brexit qui doit survenir au printemps prochain.
Se préparer au Brexit
Pour les responsables de Norlink, l’enjeu est de maintenir la fluidité des échanges qui existent actuellement, malgré la mise en place de nouveaux contrôles douaniers et sanitaires engendrés par la nouvelle frontière. Les responsables des ports régionaux se félicitent de l’annonce de l’Etat d’embaucher 700 douaniers d’ici la fin du quinquennat, mais ne savent pas encore combien seront affectés dans les Hauts-de-France.
Norlink ports prévoit d’accompagner les entreprises chargées du transit des marchandises à ce nouvel enjeu des contrôles douaniers. Un système informatique commun devrait être mis en place. Les responsables de Norlink estiment que le Brexit va engendrer de nouveaux besoins en matière d’aménagement des sites (entrepôts, parking, personnel supplémentaire…), mais peut-être aussi des opportunités nouvelles avec la création de filières logistiques liées à la frontière.
«Dans un contexte où toutes les entreprises cherchent à être performantes», comme le souligne Stéphane Raison, président du directoire de Dunkerque-port, les acteurs portuaires de la région souhaitent montrer que le transport fluvial permet à la fois de gagner en compétitivité et répondre aux objectifs de développement durable.
Les ports français du Nord craignent une mise à l’écart
Brexit. Lors de la dernière séance plénière du conseil régional des Hauts-de-France, le 25 septembre, les élus ont adopté un vœu soutenant le maintien des ports français de la Manche et de la mer du Nord sur le tracé du corridor stratégique européen «mer du Nord-Méditerranée». La commission européenne envisage, en effet, de revoir son tracé en connectant directement les ports de la République d’Irlande (Dublin, Cork, etc.) aux ports belges et néerlandais (Zeebrugge, Anvers et Rotterdam). Conséquence : ils seraient alors prioritaires dans l’attribution d’aides européennes. La Région ne l’entend pas de cette oreille. Elle rappelle qu’actuellement, un tiers de l’ensemble des flux commerciaux irlandais à destination du continent transite par Calais, le tunnel sous la Manche et Dunkerque, et intime l’exécutif européen de revoir son tracé en y conservant les ports français de la Manche et de la mer du Nord.
Engagement de la Région
12,9 millions d’euros. C’est le montant de la subvention régionale allouée par le conseil régional à la Société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE), maître d’ouvrage du projet. Il s’agit de la première contribution financière du conseil régional, tel que prévu dans le cadre du protocole de financement et de gouvernance signé le 13 mars 2017. La subvention sera utilisée pour les études, les acquisitions foncières, les dégagements d’emprise et les premiers travaux d’aménagement environnementaux. Le coût total de ces opérations est estimé à 32,5 M€, soit un taux de participation régional de 39,7 %. Pour rappel, la région Hauts-de-France s’est engagée à hauteur de 352,6 M€ en faveur du canal Seine-Nord.
Les Hauts-de-France, carrefour multimodal
La région Hauts-de-France constitue le premier ensemble portuaire français. Elle compte quatre ports maritimes (Dunkerque, Calais, Boulogne-sur-Mer, et Le Tréport) et vingt ports et plateformes intérieurs. Le secteur de la logistique-transport représente 157 000 emplois salariés privés. Elle est située au carrefour d’un bassin de 80 millions de personnes dans un rayon de 300 km. Le transport fluvial et maritime est complété par un réseau de fret ferroviaire. Autant dire que les possibilités de développement autour de l’intermodalité sont importantes pour les ports régionaux.