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Gestion de l'eau
Trouver un équilibre entre abondance et excès d’eau

Troisième et dernière COP départementale, les Assises de l’eau, organisées le 26 avril ont réuni davantage de participants encore que celles sur la sobriété foncière et la sobriété énergétique. 

Lorsque l’eau a stagné plusieurs jours, toutes les plantes ont parfois disparu.
Lorsque l’eau a stagné plusieurs jours, toutes les plantes ont parfois disparu.
© D. R.

Plus de 100 gestionnaires d’eau potable, 1085 forages agricoles, pourcentage des eaux superficielles de bonne qualité dans la Somme (50% à l’échelle région ou bassin), 3% des sols à grande vulnérabilité pour la qualité de l’eau... Voilà quelques chiffres clé égrenés par Agnès Cochu, du service environnement à la DDTM en introduction des Assises de l’eau, vendredi 26 avril. Dans leurs propos introductifs, le préfet Rollon Mouchel-Blaisot et le président du Conseil Départemental Stéphane Haussoulier ont à la fois posé la chance du département de disposer naturellement d’une réserve hydrique élevée, en profondeur et en surface, mais aussi de la nécessité de gérer cette ressource, en quantité et en qualité.

Vers une autre répartition de l’eau de pluie

La recontextualisation a été faite par Jean-Pierre Pietrzak, directeur interrégional Nord de Meteo France. En résumé, les modèles climatiques en Hauts-de -France tendent vers une climatologie avec peut-être pas plus de pluie à l’année, mais davantage en hiver, moins en été, et une température plus élevée, donc un besoin en eau accru. « Les extrêmes d’aujourd’hui seront la normale de demain… ». Et donc la question est posée : quels équilibres pour tous les usages avec une contrainte aussi forte ? Contrainte que connaît bien le monde agricole, comme en ont détaillé Christophe Vieillard, directeur agro Nord Picardie chez Bonduelle, et Armand Frassaint membre du bureau de l’OPL Vert, qui ont illustré les difficultés pour mettre en adéquation les volumes de productions et les calendriers avec l’accès à l’eau. Et de souligner l’importance d’avoir une forme de visibilité contractuelle sur la ressource en eau, tout en soulignant les axes de développement sur la recherche variétale avec des plantes plus résistantes au stress hydrique, la répartition des productions dans des aires géographiques élargies, et l’accompagnement des producteurs dans l’agriculture régénératrice. 

A l’inverse des périodes de restrictions, la gestion des excès d’eau par le monde agricole a été abordée par Françoise Crété et Thomas Damonneville pour la Chambre d’agriculture, en présentant les actions d’aménagement paysager conduites par SOMEA, et en invitant les collectivités territoriales présentes à engager en partenariat ce type d’études.

Les CLE, parlement de l’eau

En matière de risque, Oliver Mopty, directeur de l’AMEVA a présenté l’historique de l’AMEVA mise en œuvre suite aux inondations de 2001, et a présenté ses modèles de prévision des évolutions des nappes et cours d’eau à l’échelle départementale, en mettant en lumière l’ampleur des phénomènes à réguler à présent. La directrice adjointe de l’Agence de l’Eau Artois Picardie a présenté la trajectoire des usages de l’eau validée par l’agence avec un objectif de réduction de 10% des prélèvements porté quasi exclusivement sur les usages des particuliers, et une enveloppe constante pour les industries et l’agriculture qui devront se développer à volume constant. « C’est déjà un effort significatif, avec les prévisions climatiques, de rester dans le même volume. » a-t-elle insisté. La transversalité des usages a été mise en lumière par les schémas de gouvernance. Les SAGE (Schéma d’aménagement et de gestions des eaux, à l’échelle de sous-bassin), qui découlent de l’application cadre sur l’eau sont élaborés, proposés pilotés par les Commissions Locales de l’Eau (CLE). C’est là que les équilibres se dessinent et que les décisions se prennent. « Ce sont des véritables parlements locaux de l’eau ».

Une qualité à préserver

L’autre sujet dès qu’on parle d’eau, c’est la qualité. La protection de la ressource des nappes phréatiques et un enjeu pour tous, mais le pas de temps entre les actions aux champs et leur arrivée dans l’eau met régulièrement entre 30 et 50 ans. Une fois de plus, les chiffres présentés par la DREAL sont plutôt favorables à la Somme en comparaison du reste du bassin, dont la partie Nord Pas de Calais avec un historique industriel et une densité de population plus forts. Mais cela ne cautionnerait pas l’insouciance : 3% de la surface agricole départementale présente une vulnérabilité vis-à-vis des aires d’alimentation de captage, et doivent faire l’objet d’approches de protection. Approche coercitive ou partenariale ? C’est tout l’enjeu des propos de Philippe Cheval, président du SIEAP de Caix : « il faut travailler avec les agriculteurs pour qu’ils puissent mettre en œuvre des aménagements, mais à l’échelle d’un SIAEP, on n’en a ni les moyens ni le droit ». Et de citer le coût d’une unité de traitement des eaux à 8 millions d’euros d’investissement et 300 000 € de fonctionnement annuel, là où 200 000 € permettraient la mise en œuvre de Paiements de Services Environnementaux (PSE).  Qui paie ? C’est tout l’enjeu de ces débats. On est juste certain, que si aujourd’hui, on ne sait pas qui peut ou doit payer, on sait que demain ce sera tout le monde ! 

Dans sa conclusion, André Flajeolet, président de l’Agence de l’Eau Artois Picardie s’est interrogé sur le devenir de cette ressource : « des hypothèses conduisent à envisager des ouvrages pour être des autoroutes de l’eau, pour la transporter de là où elle abonde à là où elle manque. Certains appellent cela souvent de l’aménagement du territoire, et parfois du déménagement du territoire. L’eau doit être gérée de façon transversale et locale au travers des SAGE ».

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