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Agroécologie
Une flore remarquable dans les prairies de la Somme

Ce lundi matin, un jury d’experts en agriculture et en écologie sillonnaient les prairies d’éleveurs de la vallée de la Somme pour recenser leur richesse floristique.
Leur compte-rendu sera jugé au concours des pratiques agroécologiques – prairies et parcours du Concours général agricole (CGA).

La découverte de l’orchis négligé dans cette prairie humide de Corbie donne le sourire aux jurés du concours des pratiques agroécologiques – prairies et parcours. «Il y a ici des milliers de pieds de cette orchidée sauvage, alors qu’elle devient rare en France. La vallée de la Somme et la plaine maritime Picarde ont une forte responsabilité pour sa protection. La région est un bastillon de l’espèce, qui est préservée grâce aux bonnes pratiques des éleveurs en termes de pâturage», remarque Matthieu Franquin, chargé de mission agro-écologie au Conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France. 

Ce 22 mai, un jury composé d’experts en agriculture et en écologie* se rendait chez cinq éleveurs de la Somme pour dresser un compte-rendu qui servira de base au concours national. La journée commençait chez Nicolas Lamote, agriculteur à Corbie et éleveur de chevaux Pinto. Une vingtaine de juments, leurs poulains et un étalon de cet Élevage des trois vallées y pâturent à la belle saison. «Le troupeau pâture dans ce marais communal, le long de la Somme, depuis 2000 pour la première partie et 2007 pour la seconde partie. L’élevage est une passion pour moi. Et puis c’est une activité qui permet de valoriser ces prairies humides. On ne pourrait rien y faire d’autre que de l’élevage», présente-t-il. 

Pour Nicolas, il s’agit de la première participation au concours des pratiques agroécologiques. «On m’a proposé cela dans le cadre de la conduite en Maec (Mesures agroenvironnementales et climatiques). Je trouvais l’expérience intéressante. Ça permet de faire un bilan fourrager de la prairie, et de valoriser le métier d’éleveur en faveur de la biodiversité.» Ses pratiques sont très extensives : «pas de fauche, aucun engrais, aucun produit phytosanitaire. Les vermifuges sont administrés l’hiver, lorsque les chevaux sont au bâtiment. La parcelle de 23 hectares, dont 16 de prairie (bosquets et haies décomptés) est coupée en deux par un fil pour permettre une rotation et le renouvellement de l’herbe». Des pratiques gagnantes pour la biodiversité. Aux côtés des orchis négligés s’épanouissent entre autres la Rhinanthe à feuilles étroites et le Pigamon jaune. «La préservation de ces espèces est primordiale. La phalène sagittée, par exemple, est la chenille d’un papillon de nuit qui se nourrit uniquement sur le Pigamon jaune», pointe Benjamin Blondel, référent scientifique au Syndicat mixte Baie de Somme-Grand littoral picard.

 

Élevage et biodiversité vont de pair

Sans pâturage, ces espèces disparaîtraient de ces espaces. «Un milieu non pâturé est un milieu qui se referme», assurent les experts. C’est pourquoi un tel concours récompense les éleveurs qui travaillent à maintenir l’équilibre. «Le but est de montrer qu’élevage productif et conservation de la nature peuvent être conciliés. Ici, la prairie produit peut-être moins que si elle était conduite avec des produits phyto, mais elle produit plus longtemps dans la saison, et elle présente une flore plus variée, avec un intérêt alimentaire certain», pointe Matthieu Franquin. Un outil de plus pour tenter d’en convaincre l’opinion publique. 

 

* Les membres du jury : Matthieu Longuet, éleveur à Liercourt, Claire Leroy et Anaïs Montel, conseillères en élevage à la Chambre d’agriculture de la Somme, Matthieu Franquin, chargé de mission agro-écologie au Conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France, et Benjamin Blondel, Référent scientifique au Syndicat mixte Baie de Somme-Grand littoral picard.

 

Des éleveurs de la Somme performants

«On est fier des éleveurs de la Somme qui, depuis dix ans, décrochent des prix au concours des pratiques agroécologiques», sourit Matthieu Franquin, chargé de mission agro-écologie au Conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France. Lors de la précédente édition, Matthieu Longuet, éleveur d’allaitantes de Liercourt, recevait notamment un premier prix dans la catégorie pâturage prioritaire. La gestion du pâturage fait entièrement partie de sa réflexion, avec des pratiques extensives : très peu d’azote (environ 30 à 35 unités avant le printemps, pour favoriser le démarrage de la végétation en début de saison), puis pâturage de dix environ dix jours en avril, puis à partir de mi-juillet. «Je remarque que les légumineuses, à forte valeur alimentaire, reprennent leur place d’année en année. Les refus fauchés sont désormais rares. Les orties et les chardons quasi-inexistants. La charge de travail est aussi mieux répartie, avec un pâturage tournant et des récoltes de fourrages plus étalées dans le temps», confiait l’éleveur. Un autre prix peut être espéré cette année. Réponse au Sia, du 24 février au 3 mars. 
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