Filière betteraves
Un nouvel acteur sucrier veut s'installer en France
La société gestionnaire des ports normands de Rouen, Le Havre et de celui de Paris, Haropa Port, a annoncé le 17 mars avoir retenu le projet de création d’une sucrerie en Seine-Maritime porté par un investisseur de Dubaï (AKS) sur son site de Grand-Couronne-Moulineaux (76).
La société gestionnaire des ports normands de Rouen, Le Havre et de celui de Paris, Haropa Port, a annoncé le 17 mars avoir retenu le projet de création d’une sucrerie en Seine-Maritime porté par un investisseur de Dubaï (AKS) sur son site de Grand-Couronne-Moulineaux (76).
Le département de Seine-Maritime, et plus largement la Normandie, verront-t-elles prochainement l’implantation d’un nouvel acteur de la transformation de betteraves sur leur sol ? C’est en tous cas l’annonce qu’ont fait le 17 mars dernier les responsables d’Haropa Port, la société gestionnaire des ports de Rouen, Le Havre et Paris. Dans le cadre d’un appel à projet lancé en juin 2021 pour le réaménagement d’une ancienne plateforme, Haropa Port a en effet choisi le projet présenté par le sucrier AKS. Ce projet, c’est une usine de transformation de betteraves pour en faire du sucre, d’une capacité comprise entre « 650 et 800 000 tonnes annuelles », selon son promoteur. Il s’agirait ainsi « de l’une des plus grandes unités de ce type en activité sur le continent européen », toujours selon les responsables d’Haropa Port. Le départ de Renault, en 2020, avait laissé un vide de 75 hectares sur une zone à vocation industrielle proche du terminal « conteneurs de marchandises diverses ». La production réalisée sur le site normand aurait pour vocation l’export, et plus particulièrement les destinations Maghreb, Italie, Espagne et Royaume-Uni. Le sucre serait expédié par conteneurs, ce qui ravi Haropa Port. AKS, pour Al Khaleej Sugar (Le sucre du golfe), est une société familiale implantée à Dubai, spécialisée dans la fabrication de sucre.
50 000 hectares recherchés
S’il reste à finaliser, le projet est soutenu par l’État, la Métropole Rouen Normandie et la Région Normandie. Le président de cette dernière, Hervé Morin applaudit des deux mains : « Je me réjouis de l’implantation de AKS en Normandie », a-t-il déclaré, y voyant le signe que « notre Région se veut conquérante et différenciante en proposant un nouveau modèle de développement qui séduit les investisseurs et les nouveaux projets des grands acteurs internationaux ». L’investissement prévu est évalué à « plusieurs centaines de millions d’euros », indique mi-mars Haropa Port. Et évoque le chiffre de « 300 emplois directs et un millier d’emplois indirects » à la clé. La mise en service de la sucrerie serait effective en 2025. En outre, « la construction de l’unité de production offrira de nouveaux débouchés à la production agricole normande ». Selon une information du journal Les Echos, « AKS table sur un approvisionnement en betteraves issues pour les deux tiers du département voisin du Calvados et, pour le tiers restant, d'autres régions de Normandie et des Hauts-de-France ». Cette nouvelle sucrerie « avalerait » environ 4,5 millions de tonnes de betteraves par an, soit quelque 50 000 hectares.
La CGB veut « dialoguer »
Compte tenu de l’ampleur du projet, autant que du symbole qu’il représente après la réorganisation du secteur de la transformation en France au cours des dernières années – le souvenir de la fermeture de la sucrerie de Cagny en 2020 reste douloureux -, la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) admet regarder avec « attention » le dossier. « Il faut être prudent », expliquait lundi 21 mars au soir le directeur de la CGB Normandie, Benoît Carton : « Il ne s’agit encore que d’un projet dont on ne connait pas tout, même s’il parait sérieux ». Motif de satisfaction pour le syndicat, « l’intérêt d’investisseurs dans la filière betterave-sucre-éthanol est toujours une bonne nouvelle car elle témoigne de son attractivité », et rappelle que « la Normandie est une région propice à la betterave ». En ce qui concerne le volume potentiellement à travailler, la CGB constate que « 50 000 hectares, ce n’est pas rien… », puisque cela pèserait « 12,5 % des surfaces françaises actuelles ». Fait-il dans ce cas craindre une concurrence avec d’autres outils de transformation déjà présents ? Pour Benoît Carton, une chose est sûre : « Il faudra veiller à respecter les outils actuels. Un projet comme celui d’AKS ne doit pas venir les déstabiliser ». Pour le directeur de la CGB Normandie, le temps est à la mesure : « Il ne faut pas être dans le déni, mais on se garde aussi d’être trop enthousiastes ». Et la CGB d’appeler l’industriel dubaïote à « engager le dialogue et la consultation avec les agriculteurs ».