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Un plan d’urgence préalable à «des annonces plus structurelles»

Le Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais-Picardie débloque trois millions d’euros pour aider les éleveurs et les producteurs de lait.

Jean-Michel Serres a été élu président de la commission «Agriculture et agroalimentaire» au Conseil régional.
Jean-Michel Serres a été élu président de la commission «Agriculture et agroalimentaire» au Conseil régional.
© D R

Une enveloppe de 3 075 000 €. C’est le montant complémentaire* que vient de débloquer le Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais-Picardie pour son plan d’urgence en faveur de l’élevage. Promesse de campagne de Xavier Bertrand, ce plan, voté le 28 janvier dernier au siège de la Région, à Lille, sera notamment conduit par Jean-Michel Serres, président tout juste élu de la commission «Agriculture et agroalimentaire». Eleveur de porcs à Fontaine-sous-Montdidier (80) et président de la Fédération nationale porcine (FNP) de 2004 à 2014, il nous dévoile sa vision de l’agriculture régionale et les lignes directrices du plan.

Quels sont vos ambitions et vos objectifs pour ce mandat ?
Les politiques menées par les précédents Conseils régionaux du Nord-Pas-de-Calais et de Picardie étaient différentes sur certains aspects, mais avaient toutes un point commun : des aides à l’agriculture limitées, et généralement axées sur le bio ou les circuits courts.
Dans un contexte européen et mondialisé, ces directives n’ont pas suffisamment répondu aux besoins de compétitivité de l’agriculture régionale dans son ensemble. Elles ont même accentué les distorsions avec les pays proches qui sont nos premiers concurrents.
Néanmoins, tout laisse penser que l’on peut rapidement corriger le tir. Notre agriculture a de nombreux atouts par sa diversité, sa performance et ses pôles de recherche. L’ambition de la nouvelle majorité est d’aider l’ensemble des productions, notamment en utilisant mieux le 2e pilier de la Pac.

Les fonds Feader**, pilotés par la Région, vous semblent donc mal orientés ?
Premièrement, c’est une erreur du gouvernement actuel d’avoir engagé vingt-deux programmes de développement rural régionaux différents sur l’Hexagone juste avant la régionalisation (treize régions désormais). Ensuite, les orientations régionales sont effectivement à remanier afin de considérer, encore une fois, l’agriculture de façon la plus équitable possible. Nous devons nous battre avec les mêmes armes que nos voisins !
Un de nos premiers défis sera de demander à Bruxelles de revoir sa copie ; des rectifications peuvent peut-être être apportées en 2017, à mi-parcours de la programmation 2014-2020. La France ne recourt pas assez au second pilier, contrairement à l’Allemagne ou l’Espagne, qui l’utilisent à bon escient comme levier de développement et donnent, particulièrement aux éleveurs, les moyens d’investir.

Pouvez-vous nous détailler les deux principales mesures de ce plan d’urgence pour l’élevage ?
Face à la crise durable que connaît l’élevage, notre volonté était d’agir vite après les élections. La premiè̀re initiative du plan consiste donc à rallonger les moyens du fonds d'allè̀gement des charges (Fac) de 500 000 € pour qu’il atteigne un montant total de 1,7 million d’euros (M€). Ce fonds participe au remboursement des intérêts d’emprunt. Jusqu'à 4 000 € peuvent être disponibles par exploitation.
Avec une année 2016 qui s’annonce de nouveau difficile, l'impératif est d’instaurer un effet de levier sur les trésoreries. Un fonds de couverture de 2 M€ va permettre de prendre en charge les frais liés à la restructuration des prêts (allongement de la durée du prê̂t et allègement du remboursement, ndlr). L’objectif principal est d’entretenir une marge de manœuvre dans les exploitations en situation de difficulté pour pérenniser l’activité.

Des audits-conseils, une étude sur les coûts de production par bassin et l’organisation «d’Etats généraux» de l’élevage sont aussi prévus…
Il faut être conscient qu’un éleveur qui stoppe son activité aujourd’hui le fait de manière définitive. Nous perdons actuellement de la production animale dans la région alors que certaines exploitations pourraient être maintenues par l’action de différents critères susceptibles de les dynamiser. La Région va donc financer des audits-conseils et une étude qui vise à diminuer les coûts de production par bassin de production (respectivement pour 500 000 et 60 000 €, ndlr).
Un état des lieux régional précis sera réalisé afin d’accompagner au mieux certaines restructurations, remises à niveau d’ateliers ou modernisations. Ces analyses doivent être terminées dans les quatre à cinq mois qui viennent. Elles donneront lieu à l’organisation des «Etats généraux» de l’élevage en région, dès le printemps prochain. Des annonces plus structurelles devraient alors être mises en œuvre avec l’ambition d’élaborer un plan pluriannuel d’action de développement et de soutien de l’élevage en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

L’engagement sur le recours à̀ la production ré́gionale dans les cantines des lycé́es est-il ré́affirmé ?
En effet, des discussions sont en cours avec les Conseils départementaux. Plusieurs opérations ont déjà été menées par quelques établissements. C’est une démarche lourde où une véritable coordination est à mettre en place pour favoriser l’introduction de produits locaux dans la restauration scolaire.
Les mesures prises devront représenter une réelle opportunité pour la profession agricole, mais il ne faut pas laisser croire que l’approvisionnement local va régler les problèmes de fond de l’agriculture. Dans la même optique de développement, la Région a vocation à réintroduire des outils industriels sur notre territoire, notamment de transformation.

Comprenez-vous la poursuite des manifestations de la part du monde agricole, malgré les mesures annoncées par le Conseil régional ?
La Région fait ce qu’elle peut pour arrêter l’hémorragie. Mais la vraie solution, c’est la remontée des prix, comme le réclame les agriculteurs. Après les grandes mobilisations européennes et françaises de septembre 2015, le manque d’avancées est très décevant. Rien n’est fait pour la réouverture du marché russe après deux ans jour pour jour d’embargo pour la filière porc.
La fin des quotas laitiers s’avère être une erreur, j’espère qu’il n’en sera pas de même pour la betterave en 2017. Ajoutez à cela la lourdeur administrative et réglementaire pour voir le poids qui pèse sur les revenus agricoles. Donc oui, je comprends parfaitement la mobilisation des agriculteurs lorsqu’il n’y a pas d’autres solutions pour se faire entendre.

*1 200 000 € d’aides avaient déjà été votés en octobre 2015 par la précédente majorité au Conseil régional, uniquement pour les départements du Nord et du Pas-de-Calais.
**Fonds européen agricole pour le développement rural.

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