Semences
Un risque de pénurie de plants de pommes de terre en 2024
Face à des coûts de production croissants et des prix insuffisants, les producteurs européens se détournent de la culture des plants.
Face à des coûts de production croissants et des prix insuffisants, les producteurs européens se détournent de la culture des plants.
La production européenne de plants de pommes de terre est en plein paradoxe : le nombre de producteurs et les surfaces en production reculent dans quasiment tous les pays alors que la demande en pommes de terre, notamment pour l’industrie, est chaque année de plus en plus importante. C’est le constat fait par les planteurs à l’occasion du Congrès de la Fédération des producteurs de plants de pommes de terre (FN3PT) qui se tenait le 6 décembre à Paris. La Fédération, qui fêtait ses 90 ans, avait invité des producteurs européens d’Allemagne, de Belgique et d’Écosse. La situation est la même partout. Pour la campagne en cours (2023-2024), la production des six principaux pays européens producteurs de plants est en recul de 6,46 %. 93 846 ha sont mis en production dont 38 776 ha aux Pays-Bas (- 5,87 %), 21 078 ha en France (- 10,44 %), 16 860 ha en Allemagne (- 7,6 %), 9 897 ha en Ecosse (- 3,83 %) et 1 847 ha en Belgique (- 6,26 %). Seul le Danemark connaît une légère progression des surfaces avec 5 392 ha plantés (+ 5,75 %).
Cette production européenne de plants est en recul constant depuis la campagne 2020-2021 où 103 385 hectares avaient été plantés.
Impasses techniques
Comme dans beaucoup de grandes cultures, les producteurs doivent faire face à des problèmes sanitaires et disposent de moins en moins de solutions pour traiter les parcelles. Par ailleurs, le plant de pomme de terre est moins bien payé au producteur que la pomme de terre. Dès lors, ils se détournent de la production de plants pour la pomme de terre de conservation plus rémunératrice. Pourtant, «nous aurons toujours besoin de plants», a souligné Éric Fallou, président de la FN3PT. «Il faut un plan pour les plants», a ajouté Bernard Dardenne, président de la Fiwap, le syndicat des producteurs belges. «C’est bien une question de rentabilité de la production qui est en jeu, rentabilité qui n’est plus au rendez-vous pour nous, producteurs», ajoute Éric Fallou.
Faire front
«Les prix payés aux producteurs de plants ne nous permettent pas de vivre décemment de notre production et de faire face à la hausse des coûts de production, aux risques encourus, aux contraintes réglementaires, aux aléas climatiques, etc.». L’année 2024 «s’annonce avec des pénuries de plants pour les utilisateurs et cette situation risque de durer quatre à cinq ans car il y a aussi la problématique des souches à renouveler», ajoute-t-il. «C’est donc la souveraineté du plant mais aussi, par ricochet, celle des filières aval (pommes de terre pour le frais et l’industrie) qui est remise en question.» Les producteurs français et européens ont décidé de faire front ensemble pour relancer la production de plants. «Nous avons décidé de relancer les activités de l’European Seed Potato Growers association (ESPG) afin de replacer le producteur de plant sur la scène européenne et de réfléchir collectivement aux modèles de production de plants certifiés de demain», a conclu Éric Fallou.