Blé : un risque septoriose en hausse
Compte tenu des conditions météorologiques des derniers mois, la pression septoriose est bien présente dans les parcelles de blé de la région.
De premiers symptômes sont déjà visibles.
Compte tenu des conditions météorologiques des derniers mois, la pression septoriose est bien présente dans les parcelles de blé de la région.
De premiers symptômes sont déjà visibles.

Suite aux nombreuses pluies de mars et d’avril, «nous faisons face à une pression septoriose précoce», constatait fin de semaine dernière l’équipe régionale d’Arvalis. Il faut remonter à 2008 pour avoir une pression aussi précoce, mais les variétés cultivées à cette époque étaient beaucoup plus sensibles qu’actuellement. 2016 est la dernière grande année septoriose, mais les contaminations avaient été plus tardives, réparties sur les mois de mai et juin. Face aux conditions climatiques de 2023, la vigilance est de rigueur, surtout sur variétés sensibles.
Mars, avril très pluvieux et frais
Les mois de mars et avril ont été plus frais et pluvieux qu’habituellement. La pluie a été régulière et très abondante avec plusieurs journées pluvieuses consécutives (5 à 15 mm de pluie par jour selon les stations météo, avec des pointes sur certaines journées à plus de 30 mm par jour). Avec le froid de ces derniers jours, les stades avancent assez lentement sur la région Hauts-de-France et les parcelles atteignent pour la plupart le stade 2 nœuds entre le 15 et 25 avril et le stade dernière feuille pointante sera atteint entre le 25 avril et le 5-10 mai. Il faudra alors attendre dix à quinze jours pour l’étalement complet de la dernière feuille (stade dernière feuille étalée). Au stade 2 nœuds, la F2 définitive est pointante, mais il reste encore une feuille à sortir. La F1 du moment sera alors la F3 définitive. Il faut déplier à l’intérieur de la tige pour vérifier le nombre de feuilles restant à sortir. En moyenne, dans la région, il faut attendre dix à quinze jours entre le stade 2 nœuds et dernière feuille pointante. Au stade 3 nœuds (Z33), la F2 définitive est étalée à environ 75 %. Une feuille est comptabilisée si elle est émergée à plus de 50 % de la feuille précédente. Cette année, compte tenu des températures fraîches à cette période, ce délai a pu être rallongé. Au stade dernière feuille pointante, c’est la F2 du moment qui sera la F3 définitive.
Des symptômes déjà bien présents
Les conditions climatiques de la montaison, et particulièrement le cumul pluviométrique, déterminent l’intensité des attaques de septoriose. En effet, les pluies permettent de propager les spores de septoriose d’étage foliaire en étage foliaire.
Dans ce contexte, il est normal d’observer une pression importante sur les feuilles basses actuelles (qui deviendront les F5 et F4 définitives) même sur des variétés peu sensibles notées 7 comme Chevignon ou KWS Extase. Les variétés peu sensibles (notées >=6,5) vont normalement exprimer moins de pertes de rendement que les variétés moyennement sensibles (note 5,5 à 6) face à une même pression maladie. Mais en cas d’année à fortes attaques, elles ne sont pas à l’abri d’exprimer des symptômes sur feuilles basses.
En parallèle, les températures basses ralentissent également le délai d’incubation pour la septoriose, si bien que les contaminations en cours mettront plus de temps à sortir (quatre semaines au lieu de trois semaines). Si les températures dans les jours qui suivent se radoucissent, le délai d’incubation pourra alors se raccourcir.
Un risque en hausse à l’approche de la sortie de la dernière feuille
À partir du stade 2 nœuds (F2 définitive pointante), la surveillance est de mise. L’objectif est de limiter le développement de la septoriose sur les trois dernières feuilles qui contribuent le plus au rendement. Les traitements fongicides ne permettront de protéger que les organes présents au moment du traitement.
Analyse du risque septoriose
Les seuils d’intervention sont atteints ou sont en passe de l’être pour les variétés sensibles à moyennement sensibles (note septoriose <=6) entre le stade 3 nœuds et le stade dernière feuille pointante. Une application T1 a déjà pu être réalisée ou est à prévoir. Pour les parcelles les moins avancées (encore au stade 1 nœud), ou implantées avec des variétés peu sensibles (note septoriose >=6,5), elles sont pour l’instant moins exposées, mais le risque est en hausse surtout si les conditions pluvieuses perdurent pendant l’étalement de la dernière feuille. En cas d’atteinte des seuils de nuisibilité, un déclenchement avant le stade DFE pourra s’envisager, à condition de ré-intervenir pour protéger la dernière feuille une fois complètement étalée.
Si le climat actuel ne permet pas d’interventions dans de bonnes conditions (vent, pluie, température fraîche), ou si le choix d’une impasse T1 se fait sur variétés peu sensibles, il y aura un besoin de protection à dernière feuille étalée (DFE) plus important avec des doses revues à la hausse cette année. Dans tous les cas, il faudra être vigilant pour bien couvrir la dernière feuille au bon moment et avec des doses adaptées.

