Un Space en mode marche avant !
Au-delà des bons chiffres de participation, le Space 2017 aura été globalement un très bon cru, marqué par le retour à une ambiance plus calme, presque sereine.
Personne n’a oublié les difficultés des différentes filières. Mais après trois années de crise profonde, les éleveurs pensent aussi au renouvellement des matériels et aux investissements trop longtemps repoussés. Beaucoup d’éleveurs sont venus au Space avec des projets en tête. Des projets raisonnés, longuement mûris, dont ils voulaient aussi vérifier la faisabilité avec l’évolution des marchés et des prix de leurs produits, mais aussi des nouvelles ambitions affichées du gouvernement. Le Space 2017 était donc à la croisée de tous les enjeux politiques, environnementaux, génétiques, économiques, sociaux…
Au total, ce sont près de 114 00 visiteurs qui se sont succédé au parc expo de Rennes pendant les quatre jours du Salon. Presque une année record, notamment sur la journée du jeudi, qui a atteint les 38 000 visiteurs... en limite des capacités des parkings et des halls. 2017 a donc été à nouveau une très bonne année, après une édition 2016 entachée de mouvements d’humeur et de blocages qui avaient largement perturbé les accès et fait baisser la participation.
Marche avant
Le Space reprend en quelque sorte sa marche en avant, qui se traduit par encore plus d’exposants, encore plus de surfaces d’exposition en air libre notamment, et plus de visiteurs étrangers. Mais plus que l’aspect quantitatif, c’est bien sur le qualitatif que le Salon fait la différence. Certains avouaient avec un certain soulagement : «C’est presque le retour à une année normale. Après 30 de baisse en 2015-2016, on revient à des niveaux corrects.»
Mardi 12 septembre, c’est le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, qui a pris le temps d’échanger au Salon pour dessiner les grandes lignes de son ambition pour les Etats généraux de l’alimentation. Le Space a, de fait, été une étape importante dans la réflexion des Etats généraux, offrant l’image d’une agriculture qui innove, qui met en place des solutions et qui est prête à se battre sur un plan de la performance pour durer. L’immersion de nombreux élus a été totale et rapide, mais ce Salon a sans doute été aussi l’occasion d’une confrontation entre l’idée de l’agriculture et sa réalité.
Au cœur des grands enjeux
D’une façon plus large, le Space 2017 aura aussi été au cœur des grands enjeux agricoles, notamment parce qu’il s’y traite énormément de sujets d’actualité dans les conférences. La robotisation, qui constitue un progrès, était traitée dans le cadre de la plate-forme eSpace pour demain, mais aussi dans nombre de débats. Avec les robots, que deviendra le métier d’agriculteur demain Ce sont ainsi les grands sujets agricoles qui ont fait l’objet d’un nombre exceptionnel de conférences et de tables rondes, signe que l’on ne vient pas au Space uniquement pour acheter, on vient aussi y trouver des idées et de l’information.
Si le Space est devenu une vitrine où les entreprises innovantes doivent être vues, il est aussi un lieu où les contestations commencent à s’exprimer. Quelques affiches - peu nombreuses il est vrai - avaient été apposées sur les accès du Space, indiquant que certains refusent l’élevage des animaux. Quelques personnes ont aussi tenté de perturber la vente génétique Evolution. Au-delà de l’anecdote, ce sont de petits clignotants qui s’allument, notamment face aux militants du «bien-être animal». Aujourd’hui largement minoritaires, ces mouvements militants cherchent la confrontation. C’est la première fois qu’ils viennent au cœur même du ring.
Mais, au final, ce que retiendront les agriculteurs de ce Space, c’est le retour aux années projet et celui d’une confiance relative retrouvée. Le Space a aussi exploré de nouveaux horizons en invitant les acteurs de la filière aquaculture, une source de diversification et de recherche pour quarante exposants déjà présents au Salon cette année. A suivre !
Le bien-être animal s’invite au Space
«Il est parfois difficile de participer à un débat sur le bien-être animal dans lequel on ne nous écoute pas... 80 % des débats sont animés par des anti-viande», confiait Etienne Gangneron, en charge du dossier bien-être animal à la FNSEA, lors d’une conférence sur le bien-être en production porcine, menée par l’Ifip. Ce jour-là, des éleveurs ont pu prendre la parole pour dire combien ils se sentaient «mal aimés». Alors que faire ? Christine Roguet (Ifip) suggère de «trouver un niveau de consensus sur ce que doit être l’élevage», mais aussi de rétablir la confiance, en communiquant sur les pratiques autant qu’en les faisant progresser. Il faudra aussi, dans le contexte d’une «image de l’élevage qui s’effrite se préparer à un étiquetage obligatoire selon le mode de production». Et la désaffection pour la consommation de viande est régulière, même si seulement 2 % des consommateurs ne mangent pas de viande. A ce constat, François Valy de la FNP opposait le fait qu’en France «on fait déjà les meilleurs produits» et que de nouvelles exigences devront s’accompagner d’ «une vraie reconnaissance, notamment économique».