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Une actualité sanitaire dominée par le retour de la fièvre catarrhale

Le Groupement départemental de défense sanitaire du bétail a tenu une série de réunions pour faire le point sur la fièvre catarrhale.

© AAP

Le fait marquant de ces derniers mois a été sans aucun doute la résurgence du virus de la fièvre catarrhale en août 2015, isolé sur un bélier suspect dans l’Allier. Les différentes enquêtes effectuées depuis confortent l’hypothèse d’un réveil focalisé sur le Massif Central, dont la cause probable serait un défaut de vaccination sur ce secteur. L’Etat a géré la crise avec l’objectif de rétablir au plus vite les flux commerciaux et s’en est plutôt bien sorti, au prix d’analyses coûteuses et de vaccins pratiqués en urgence. Et maintenant, que va-t-il se passer ? En cette fin d’hiver, le pays est toujours séparé en deux zones, réglementées et indemnes, dont les départements du nord font encore partie.
On doit néanmoins s’attendre à une extension rapide de la maladie dès les premiers beaux jours, et il est fort probable que les départements picards soient concernés avant l’été. D’un commun accord entre les professionnels et le ministère, on s’acheminerait vers une vaccination volontaire : dans cet esprit, l’Etat a passé commande de vaccins nécessaires à la protection de quelque huit millions de bovins et deux millions et demi d’ovins, qui devraient être livrés au printemps. Toutefois, les éleveurs de la zone réglementée seront les premiers servis, et les doses seront affectées en priorité aux broutards destinés aux échanges, aux ovins et aux ruminants visés par des schémas de sélection. En clair, peu d’espoir d’obtenir ici du vaccin avant l’été, bien mauvaise nouvelle pour les cheptels ovins qui avaient payé un lourd tribut en 2007.
La question se pose différemment pour les bovins, quand bien même le virus sérotype 8 avait créé la surprise par sa virulence inattendue. A ce propos, pourquoi si peu de cas cliniques jusqu’à présent ? L’explication serait une diffusion limitée du virus dans les cheptels (peu d’animaux contaminés globalement) et, bien sûr, la situation pourrait se dégrader rapidement…Enfin, le vaccin serait mis à disposition gratuitement (par le biais des vétérinaires), mais pas l’acte vaccinal lorsqu’une certification est exigée : le vétérinaire facturera sa prestation.
La réforme annoncée dans la gestion de l’IBR se concrétise avec la parution prochaine d’un nouvel arrêté ministériel. Le directeur du GDS en a résumé les grandes lignes : certification étendue à l’ensemble des élevages présentant des résultats favorables (sang ou lait), contrôles renforcés dans les élevages encore infectés (à partir de douze mois), limitation de circulation et marquage des bovins positifs (une attestation de couleur orange est évoquée), qui ne pourront être vendus en dehors d’un abattoir ou d’un atelier d’engraissement fermé, interdiction de rassembler bovins indemnes et infectés dans les estives ou marais communaux (le département en compte une quinzaine).
Il annonce, enfin, un changement dans la conduite des introductions qui va «bousculer» les habitudes : la visite d’achat ne sera plus immédiate, mais différée à quinze, voire trente jours après l’arrivée de l’animal, l’objectif étant de détecter une éventuelle contamination pendant le transport (dans ce cas, il faut laisser le temps aux anticorps d’apparaître, d’où les quinze jours), et si le vendeur n’est pas qualifié, il devra réaliser à ses frais un contrôle avant départ. La dérogation dans les règles définies actuellement (élevage indemne, transport direct dans la journée, pas d’intermédiaire) serait maintenue.

BVD : la boucle «deux en un» enfin homologuée !
Une bonne nouvelle pour les éleveurs engagés dans le protocole de détection précoce des bovins porteurs du virus (IPI), ils ne seront plus contraints de percer un deuxième trou dans l’oreille du veau, l’une des boucles d’identification fera le travail. Ces éleveurs sont une trentaine actuellement, et nul doute que ce progrès dopera les engagements. Ce nouveau dispositif sera disponible au cours du printemps et ne devrait pas coûter davantage (2 € de matériel et 6 € d’analyse, moins la participation du GDS en plan d’assainissement). Le président, Pascal Bienaimé, a également annoncé un programme national d’éradication sous quatre ou cinq ans : plusieurs régions se lancent en effet dans la lutte collective (Grand Est), suivant l’exemple suisse, et plus récemment allemand, belge et irlandais, autant de pays qui ont rendu obligatoire la biopsie auriculaire à la naissance. Tous les départements ne partiraient pas en même temps mais, a-t-il ajouté, les GDS de Nord-Picardie ont pris position pour un démarrage rapide.

Pathologies respiratoires
Nicolas Lucas, vétérinaire à Crèvecoeur-le-Grand, dans l’Oise, a traité, lui, des pathologies respiratoires. Comme d’autres syndromes (mammites…), celles-ci sont multifactorielles. Si le rôle des agents infectieux, virus ou bactéries, est important, l’ambiance des locaux et la conduite de l’élevage peuvent constituer autant de facteurs de risque. Parmi les premiers, le virus VRS tient toujours une place prépondérante puisqu’on le retrouve seul ou en association dans 75 % des foyers ; le quart restant se partage entre d’autres virus (adénovirus, parainfluenza), tandis que les bactéries (souvent des pasteurelles) interviennent plutôt dans les complications. Le vétérinaire attribue toutefois une mention spéciale au virus BVD qui, sans être initiateur, est souvent un cofacteur associé à d’autres, en affaiblissant les défenses immunitaires (il serait ainsi détecté dans 30 % des poumons malades).
Contre les virus, point d’antibiotique efficace, seule la vaccination peut régler (en partie) le problème et, souvent, l’année suivante ! Sur ce point, Nicolas Lucas préconise le vaccin intranasal à huit jours (VRS) qu’il juge vraiment efficace, à condition d’être appliqué convenablement. Ensuite, plusieurs vaccins injectables peuvent prendre le relais, à deux et trois mois par exemple, avec un matériel propre et adapté. Quand on est dans l’urgence d’un début d’épidémie, l’antibiotique et l’antiinflammatoire sont inévitables et doivent être entrepris précocement. La prise de température à l’ensemble des veaux d’un lot permet d’évaluer la contagion et de mettre en œuvre un traitement généralisé au besoin (métaphylaxie, avec un ATB longue action). Attention, cependant, les antibiotiques critiques (baytril, marbocyl…) seront bientôt bannis dans ce cadre, sauf à prouver par des analyses qu’il n’y a pas d’alternative.
Des surfaces insuffisantes ou des grands volumes inadaptés aux veaux (gare aux courants d’air froid au sol !) font le lit des affections respiratoires. En cas de problèmes récurrents, il convient de mener une véritable analyse d’ambiance et, s’il n’y pas de solution simple, mieux vaut mettre les veaux dehors, en niches individuelles, par exemple, puis, ensuite, en igloos, à condition de choisir la bonne exposition et de couvrir si possible le parcours extérieur. Enfin, la règle générale est de ne pas dépasser quinze jours d’écart d’âge dans les lots, point difficile à satisfaire en bâtiment collectif. Parmi les autres facteurs de risque, le vétérinaire a cité l’introduction d’animaux et insisté sur la nécessité d’une quarantaine d’au moins huit à dix jours, le temps d’éliminer naturellement quelques virus de passage…

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