Une campagne pour le climat
La consultation publique et citoyenne organisée par le Conseil régional des Hauts-de-France qui a débuté en janvier dernier, a fait étape il y a quelques jours à Abbeville. D’autres rencontres sont prévues jusqu’en décembre.
Cela ressemble à s’y méprendre à une campagne électorale dont l’enjeu est de gagner contre le réchauffement climatique et ses effets. Depuis le 21 janvier dernier et jusqu’à la fin de l’année 2020, le conseil régional des Hauts-de-France a mis en place une grande concertation publique sur le climat auprès de ses habitants. Le principe ? Au travers de rencontres avec les citoyens - les lycéens sont particulièrement sollicités -, la Région entend «faire émerger les idées du terrain et définir des solutions concrètes pour lutter contre le réchauffement climatique». Pour Guislain Cambier, le conseiller régional délégué à la transition climatique, «le but est de recueillir l’avis du plus grand nombre de citoyens, mais aussi des entreprises, des agriculteurs, des associations... Nous voulons voir ce qui est expérimenté à l’échelle locale et qui pourrait être transposable à plus grande échelle».
Une feuille de route régionale
Comme un moyen de planter le décor, une vidéo réalisée par le CERDD (Centre ressource du développement durable) témoigne de la réalité du changement climatique dans la région. Et Guislain Cambier de commenter : «Les Hauts-de-France sont parmi les régions les plus vulnérables au changement climatique.» Entre 1955 et 2017, la moyenne des températures à Lille aurait ainsi grimpé de 2°. À Saint-Quentin, sur la même période, le niveau de précipitations a grimpé de 10 %.
D’autres conséquences sont également attendues : des étés plus chauds, des sécheresses plus prononcées pendant la période estivale ou, encore, plus de pluies en hiver, entraînant coulées de boues et inondations. Pour répondre au changement climatique et contraindre ses effets, «le premier élément sur lequel on peut agir est la réduction des gaz à effet de serre, poursuit le conseiller régional délégué à la transition climatique. En milieu rural, on peut agir sur les pratiques agricoles ou la préservation de la biodiversité. Dans les villes, il faut revoir les politiques de transport, plus d’espaces verts, récupérer l’eau...»
Après avoir cité les domaines de compétences du Conseil régional - transport, lycée, port, énergie, agriculture, eau, biodiversité ou encore forêt -, son représentant est revenu sur quelques engagements déjà réalisés par la collectivité : la mission Rev3 pour accompagner la transition énergétique, une politique dédiée à la gestion de l’eau et de la biodiversité, un plan pour la transition agroécologique ou, encore, un Master plan bois-forêt et des mesures pour un transport plus durable. «Pour que l’écologie soit acceptée, elle doit être populaire et non pas punitive», défend encore Guislain Cambier. Et ce dernier de présenter les premiers contours du plan «arbres» que veut mettre en place Xavier Bertrand : «D’ici trois ans, l’objectif du plan arbres est de planter 1 million d’arbres à travers la région, a expliqué M. Cambier. L’idée est d’abord de planter ces arbres dans des espaces qui appartiennent à la Région. Nous allons ensuite travailler avec l’Établissement public foncier pour occuper des friches industrielles, des sites pollués. Nous allons également y associer Voies navigables de France (VNF), les communes, les intercommunalités, les départements...» Ambitieux, puisqu’il prévoit la plantation de 300 000 arbres par an et sans aucun doute, sujet à de nombreux débats futurs, ce plan Arbres devrait être présenté lors de la prochaine session plénière du Conseil régional.
Sur le terrain et sur le web
Si la réunion organisée au Lycée Boucher de Perthes, à Abbeville, le 3 mars dernier, n’a pas attiré les foules - on comptait tout au plus une vingtaine de participants -, le conseil régional rappelle que les moyens de participer à la consultation publique sont multiples : rencontres citoyennes, plateforme web dédiée ou encore réseaux sociaux. De nouvelles rencontres sont, en outre, prévues ailleurs dans les cinq départements des Hauts-de-France : le 7 avril à Vervins, le 29 avril à Compiègne, le 19 mai à Bavay, le 2 juin à Saint-Martin-les-Boulogne, le 23 juin à Amiens, le 7 juillet à Méru, le 15 septembre à Soissons, le 6 octobre à Valenciennes, le 17 novembre à Calais et le 8 décembre à Lille.
Gaz à effet de serre : les politiques actuelles insuffisantes au regard des Accords de Paris
Dans un article publié le 4 mars dans Nature, des chercheurs ont analysé les dix derniers rapports du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) qui évaluent l’écart entre les déclarations d’intention des pays et leurs réductions effectives d’émissions de gaz à effet de serre. «Collectivement, il est clair que les politiques actuelles ne contiendront pas la hausse du réchauffement sous 2°C, et encore moins sous 1,5°C, comme le prévoyaient les Accords de Paris», regrettent les chercheurs, estimant que les émissions mondiales doivent diminuer de 7 % par an jusqu’en 2030 pour atteindre ces objectifs. En comparant les projections à l’horizon 2030 réalisées en 2015, et celles de 2018, les chercheurs estiment que l’Union européenne est le seul grand émetteur qui a mis en place les politiques permettant de réduire ses émissions à l’horizon 2030, suite aux accords de Paris. Sept des pays du G20, dont le Brésil et l’Australie, n’auraient en revanche toujours pas mis en place les mesures adaptées. «La différence est si grande que les gouvernements, les entreprises et les communautés doivent enclencher le mode crise», exigent les chercheurs. La Cop26, qui aura lieu du 9 au 19 novembre 2020 à Glasgow, révélera la position des dirigeants du monde face à ces constats d’échec.