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Filière betteraves
Une collaboration pour trouver des alternatives aux néonicotinoïdes

La question des alternatives aux néonicotinoïdes est plus que jamais d’actualité en ce début d’année. Tous les acteurs de la filière betterave sont sur le pont pour trouver des alternatives. Point sur les travaux de recherche de la Chambre d’agriculture de la Somme et ses partenaires.

Colonie de pucerons verts aptères, parcelle d’essais secteur Rosières-en-Santerre.
Colonie de pucerons verts aptères, parcelle d’essais secteur Rosières-en-Santerre.
© D. R.

L’utilisation de semences enrobées avec néonicotinoïdes est soumise à plusieurs conditions d’emploi : la limitation des cultures suivantes, l’interdiction de semer une culture à fleur en remplacement des betteraves en cas de destruction précoce, une seule utilisation par an des semences avec traitement NNI et une année sur trois s’agissant d’une même parcelle, la limitation d’intercultures mellifères après la culture suivante ou la détruire avant floraison et, enfin, la limitation de la présence d’adventices en fleurs sur les cultures suivantes.

Tous les acteurs de la filière travaillent à tester des méthodes alternatives respectueuses de l’environnement.

Les biocontrôles au banc d’essai

Depuis plusieurs années, la Chambre d’agriculture de la Somme mène des essais avec le Ceta de Ham et des Hauts de Somme. En 2022, trois essais ont été réalisés en réseau avec trois alternatives testées : le biocontrôle, l’intérêt des bandes fleuries et la stratégie «boost» de la croissance des betteraves dès leur plus jeune stade. Parmi les biocontrôles testés par la chambre d’agriculture, nous retrouvons la décoction d’ail et le sucre en comparaison avec la stratégie de l’agriculteur. Les premiers pucerons verts aptères sont apparus le 3 mai. Un pic a été observé quelques jours plus tard, le 12 avec le seuil pucerons atteint avec 10 % de plantes et la présence d’au moins un puceron vert aptère. Sur cette période, le biocontrôle a été appliqué une première fois le 26 avril puis le 9 mai. Les résultats n’ont pas montré d’efficacité suffisante pour ces deux solutions de biocontrôle. 

Le Ceta des Hauts de Somme s’est, quant à lui, focalisé sur l’impact des bandes fleuries vis-à-vis des pucerons et de l’avoine en tant que plante compagne. La parcelle d’essai était située dans l’Est de la Somme avec le seuil pucerons atteint autour du 15 mai.

Au Ceta de Ham, c’est la stratégie «boost» qui est à l’étude. L’objectif de cette stratégie est de réduire la période de sensibilité de la betterave vis-à-vis des pucerons. Trois modalités sont testées dans cet essai : la pratique de l’agriculteur, la modalité «boost» ainsi que le semis décalé de quinze à vingt jours par rapport aux deux autres modalités. Finalement, le décalage de semis n’a été que de sept jours. Sur cet essai, les pucerons verts aptères sont arrivés dès la fin avril avec le seuil atteint au 2 mai. Pour booster la betterave, l’agriculteur a appliqué du
18-46 au semis et de l’engrais foliaire en végétation. «En conclusion, même si la différence de date de semis était trop faible, seulement sept jours, nous avons pu observer que les betteraves semées plus tardivement ont rapidement rattrapé le stade des autres modalités, confirmant ainsi la dynamique de pousse plus rapide lorsque l’on décale la date de semis.»

Quel assolement après l’implantation d’une betterave avec traitement de semences NNI ?

Début février 2021, un premier arrêté précisait les assolements possibles après une betterave avec traitement de semences NNI. La version 2022 apporte quelques modifications.
Si une betterave avec des semences «néonicotinoïdes» est implantée à partir de 2022 :
À partir de la campagne 2023 (année N+1) : avoine, blé, choux, cultures fourragères non attractives, cultures légumières non attractives, endives, fétuques (semences), moha, oignon, orge, ray grass, seigle, betterave sucrière sans protection NNI, épeautre, épinard porte graine, gaminées fourragères porte graine, haricot, miscanthus, soja, tabac, triticale et tritordeum.
À partir de 2024 (année N+2) : chanvre, maïs, pavot/œillette, pomme de terre, millet, quinoa.
À partir de 2025 (année N+3) : colza, cultures fourragères mellifères, cultures légumières mélifères, féverole, lin, luzerne, moutarde tardive, phacélie, pois, radis, tournesol, trèfle, vesce, lupin, sarrasin, sorgho.
Les mesures d’atténuation qui étaient prévues dans l’arrêté de 2021 pour le maïs et le colza ne sont pas retenues par l’Anses dans ce nouvel arrêté.

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Premiers retours d’expérience des essais plantes compagnes du Plan national de recherche et d’innovation

Associer des plantes compagnes aux betteraves sucrières est l’un des leviers testés !

Une efficacité sur les pucerons verts et la jaunisse

L'avoine rude et l'orge de printemps ont permis de réduire significativement le nombre de pucerons par betterave dans la moitié des situations suivies sans protection aphicide (20 sur 44), et la féverole seulement sur un quart des situations (3 sur 11). L'absence d'effet sur les autres situations s'explique en partie par une pression plus faible en pucerons (un à trois pucerons par betterave), pour laquelle aucun effet statistique n'est détecté, et par des populations de plantes compagnes trop faibles sur certains essais.

Sur les deux années d'expérimentation 2021 et 2022, l'efficacité moyenne des graminées sur les pucerons verts aptères est de 36 % pour l'avoine et 33 % pour l'orge. Celle de la féverole est de 19 %.

Une réduction des symptômes de jaunisse est également observée dans plus de la moitié des situations avec des graminées (19 sur 34 présentant des symptômes de jaunisse), et cela coïncide avec un effet sur les populations de pucerons observé précédemment. Pour la féverole, cinq situations sur huit affichent une réduction des symptômes de jaunisse.

Ces résultats sont intéressants en matière d'efficacité. Comme attendu, les plantes compagnes ne permettent pas à elles seules de gérer convenablement la jaunisse, des symptômes de jaunisse, parfois très réduits, étant toujours observés. La question se pose dès lors de l'utilisation de ce levier dans des combinaisons. 

Perspectives

La réussite du levier «plantes compagne» doit concilier une réduction du nombre de pucerons verts, des symptômes de jaunisse et une absence de concurrence avec les betteraves. Ces deux années d’expérimentation montrent que les plantes compagnes permettent de réduire les populations de pucerons verts sur betteraves et les symptômes de jaunisse. La maîtrise de la date de destruction est essentielle pour éviter les pertes de rendement. Ces travaux seront poursuivis en 2023 avec des conditions d’implantation et de destruction assurant efficacité et absence de concurrence.

À ce jour, peu d'essais ont permis d'évaluer leur articulation avec une protection aphicide, qui ne pourra dorénavant plus comporter qu'une seule application. Un autre enjeu en 2023 sera donc de positionner les plantes compagnes et de les articuler avec une protection aphicide classique ou une variété de betterave partiellement tolérante à la jaunisse. 

Contribution de l'ITB (Somme-Oise)

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