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Une commune samarienne au chevet de l’Australie

La commune de Villers-Bretonneux se mobilise pour donner un coup de pouce à une commune de l’état de Victoria, toujours en proie à de violents incendies. Des liens forts entre la ville de l’est-amiénois et l’Australie existent depuis plus de cent ans.

Le musée franco-australien qui rend hommage aux soldats australiens qui ont libéré Villers-Bretonneux date de 1975.
Le musée franco-australien qui rend hommage aux soldats australiens qui ont libéré Villers-Bretonneux date de 1975.
© Musée franco-australien



Sur la plateforme de dons en ligne Leetchi, la cagnotte est sobrement intitulée «Villers-Bretonneux pour l’Australie». Milieu de semaine, elle avait déjà permis de récolter un peu plus de 18 000 euros. Pour la commune samarienne de 4 500 habitants, c’est la moindre chose qui pouvait être faite tant les liens avec l’Australie sont forts et anciens. A l’origine de ce témoignage de solidarité, on retrouve l’association franco-australienne ainsi que «les habitants de Villers-Bretonneux», ajoute-t-elle sobrement. Les fonds récoltés - il reste un peu plus de soixante- dix jours pour participer - seront versés aux pompiers de Robinvale et aideront à la reconstruction de la commune sinistrée. Depuis le lancement de la cagnotte, plusieurs médias nationaux se sont penchés sur ce geste, ainsi que sur l’histoire qui lie les communes de Villers-Bretonneux et de Robinvale.

Musée et mémorial franco-australien
Autoproclamée «ville la plus australienne de France», la commune samarienne rend hommage chaque année à l’acte héroïque des soldats australiens de l’Australian and New Zealand Army Corps (ANZAC) qui l’ont libéré le 25 avril 1918 d’une présence allemande pendant la première guerre mondiale. Un musée créé en 1975 témoigne de cet épisode historique tandis qu’un mémorial a été bâti au nord de la commune. Sur 400 mètres carrés d’exposition, le musée permet aux visiteurs de découvrir les vestiges de la grande guerre, des uniformes français, anglais et allemands, des cartes montrant l’évolution du Front durant les batailles de la Somme, l’armement de l’époque et de nombreux objets de la vie quotidienne des soldats.

Un jumelage vivant
C’est à partir des années 1980 que l’idée d’un jumelage va naître ; une manière «de formaliser les liens historiques entre nos deux peuples : batailles d’avril 1918, reconstruction de Villers-Bretonneux avec l’aide australienne et Mémorial national australien», peut-on lire sur le site Internet de la commune samarienne. Ce lien fort sera rendu encore un peu plus indéfectible quelques années plus tard par la signature d’une charte de jumelage le 5 mai 1984, entre Villers-Bretonneux et Robinvale dans l’état de Victoria. Depuis cette date, un  comité de jumelage organise des voyages culturels, des rencontres et des échanges entretenant ainsi l’amitié entre la France et l’Australie. Le 2 février prochain, une marche de la solidarité sera organisée à Villers-Bretonneux. L’ambassadeur d’Australie en France devrait y participer.


6 284 têtes de bétail perdues depuis le début de la saison des feux en Australie

D’après un communiqué du 7 janvier de l’association des agriculteurs de Nouvelle Galles du sud (NSW Farmers), État du sud-est australien particulièrement touché par les feux de brousse, 6 284 têtes de bétail seraient décédées ou auraient été euthanasiées dans la région depuis le mois de septembre. Les chiffres, issus des recensements des autorités régionales, pourraient augmenter dans les semaines à venir, alors que les incendies persistent et que la saison des feux s’étend en principe jusqu’en mars. «Les producteurs laitiers de la côte du Sud sont ceux qui ont le besoin le plus urgent de soutien», souligne James Jackson, président de NSW Farmers. L’association de producteurs a appelé à la solidarité sur les réseaux sociaux, en sollicitant des dons en nature ou financiers. Les autorités régionales ont également apporté leur soutien, en facilitant l’acheminement de fourrages, de carburants et de générateurs.
L’État du New South Wales s’est, par ailleurs, engagé le 8 janvier à financer la reconstruction des infrastructures à hauteur d’un milliard de dollars australiens, soit 617 millions d’euros. Car les incendies ont affecté non seulement les producteurs, mais également les routes et les ports. Selon les services de l’ambassade australienne à Paris, «il faudra un certain temps pour mesurer l’impact complet et les implications pour la fourniture de produits exportés». D’après les derniers chiffres, les feux de brousse auraient détruit près de 5 millions d’hectares en Nouvelle Galles du sud, ainsi que 1 300 logements.




Avant les incendies, l’Australie était déjà affaiblie

Sur les marchés de céréales, les opérateurs avaient déjà intégré les impacts du nouvel épisode de sécheresse qui a pénalisé l’agriculture australienne, bien avant que surviennent les incendies. Mais les autres filières sont dans l’expectative. En fait, une bonne partie de la moisson était déjà achevée lorsque ces incendies ont surgi. Le bilan de la campagne australienne est avant tout celui d’une nouvelle campagne déficitaire en pluies. La récolte de blé sera la plus faible des douze dernières campagnes, autour de 17,2 Mt selon le Conseil international des céréales. L’île n’exportera que 9,5 Mt contre 13,7 Mt trois ans plutôt. Elle puisera même 600 000 tonnes de grains dans ses stocks pour atteindre cet objectif. Mais la baisse des exportations australiennes n’impactera pas, à l’échelle de la planète, le fonctionnement et l’équilibre du marché mondial du blé. Les opérateurs ont même les moyens de faire face à un nouveau coup dur. En fin de campagne, les stocks de report augmenteront de 6 Mt car la production mondiale de blé a crû de 28 Mt en un an.  Pour l’orge, mêmes causes même effets. Le marché mondial a les moyens d’absorber la nouvelle baisse de la production australienne (- 1,3 Mt en deux ans) disponible à l’export puisque les autres pays producteurs d’orges ont récolté 15 Mt de plus que l’an passé. Si bien qu’à l’échelle de la planète, les stocks de report progresseront aussi (+ 5 Mt).

Baisse accélérée de la production de lait
En ravageant les états du Victoria et de la Nouvelle-Galles du Sud, où la majorité du lait australien est produite, les incendies impacteront la filière laitière australienne en deux temps, selon le Centre nationale interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel). Faute d’herbe, les éleveurs devront davantage puiser dans leurs stocks de fourrages pour alimenter les troupeaux. Et moins bien nourries, les vaches qui ont échappé aux flammes produiront alors moins de lait. Résultat, les dommages causés par ces incendies pourraient accélérer le déclin de la production de lait (- 2 % par an ; - 1,3 Mt en cinq ans) et la réduire de 400 à 500 000 tonnes de plus que prévues. Mais cette nouvelle baisse pourrait être suffisante pour tendre les marchés mondiaux des produits laitiers si l’Union européenne ou les états-Unis ne prennent pas le relais en produisant plus de lait. Car sur les 8,8 millions de tonnes de lait produites cette année en Australie (1,6 % de la production mondiale - source USDA), un tiers de la collecte de lait est exporté sous forme de poudres écrémées (5 % du marché mondial) ou de fromages (8,5 %). Par la suite, les éleveurs australiens seront dans l’obligation de vendre une partie de leur cheptel s’ils n’ont pas les moyens d’acheter des aliments en attendant de pouvoir compter sur une nouvelle récolte de fourrages pour alimenter leur troupeau.

Risque de décapitalisation
Sur les marchés mondiaux de viandes rouges, la suprématie de l’Australie pourrait aussi être égratignée. Les éleveurs pourraient être contraints, là encore, de se séparer d’une partie de leur troupeau faute de fourrages ou d’argent pour en acheter. Cette décapitalisation pourrait faire baisser les cours. Mais par la suite, peu de pays seront alors en mesure de prendre la relève en exportant plus de viande rouge alors que la production mondiale de porcs est déficitaire. En effet, l’Australie est le deuxième pays exportateur de viande bovine dans le monde (1,5 M t équivalent carcasse (tec) sur les 7 M tec vendues dans le monde environ) et le premier pays en viande ovine. Là-dessus, elle exporte deux tiers de sa production de viande bovine auxquels il faut ajouter les embarquements d’animaux vivants (+ ou - 1 million de têtes). Aussi, une baisse de ses capacités de production puis d’exportations compromettrait l’approvisionnent des pays asiatiques et moyen-orientaux. Scénario similaire en production ovine. Les incendies pourraient affaiblir les capacités de vente de l’Australie (500 000 tec de viande et des animaux vifs) sans que l’Amérique du sud et la Nouvelle Zélande n’aient les moyens de prendre le relais.

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