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Une montée en gamme qui inquiète les producteurs

Le 17 novembre, l’URGPP-Interporc, Union des groupements de producteurs de porcs, a tenu son assemblée générale. Des sujets d’actualité ont été abordés, notamment la biosécurité et le bien-être animal. L’arrêt de la castration à vif des porcelets d’ici 2022 a cristallisé les échanges.

L’équipe de l’URGPP et d’Interporc s’est réunie le 17 novembre à Saint-Laurent-Blangy pour son assemblée générale  annuelle.
L’équipe de l’URGPP et d’Interporc s’est réunie le 17 novembre à Saint-Laurent-Blangy pour son assemblée générale annuelle.
© L. D.

L’hiver qui approche s’annonce rude pour les producteurs de porcs de la région. Les cours sont au plus bas depuis quelques semaines. Les importations chinoises au ralenti et la surproduction européenne, en Espagne notamment, créé une abondance de biens sur le marché. «Actuellement, les producteurs de porcs vendent leurs animaux à perte», rappelle Sylvie Delforges, directrice du groupement de producteurs des monts de Flandres. C’est donc dans ce climat morose que s’est déroulée l’assemblée générale de l’URGPP-Interporc (Union régionale des groupements de producteurs de porcs) des Hauts-de-France le mercredi 17 novembre.

 

La fièvre porcine africaine menace

En plus d’un contexte économique défavorable, les producteurs se trouvent dans un environnement sanitaire particulier avec la fièvre porcine africaine arrivée en Europe. Un nouveau foyer a, d’ailleurs, été recensé en Allemagne cette semaine près de la frontière avec la Pologne.

«Des cas de fièvre porcine ont été détectés en République dominicaine et en Haïti, annonce Gwendoline Desailly, directrice de l’URGPP-Interporc. La proximité de ces îles avec nos Dom-Tom augmente le niveau d’alerte car, au sein de l’Union européenne, ces îles font partie du même territoire de la France. Un cas là-bas et cela déséquilibrerait les exportations entraînant une chute des prix.» 

D’où l’importance de se former à la biosécurité. «Dans chaque exploitation, il doit y avoir un référent biosécurité formé qui assure la sensibilisation des autres personnes», rappelle Gwendoline Desailly. 

 

Formés au bien-être animal 

Comme toujours, la question du bien-être animal a été évoquée. D’ici le 1er janvier 2022, chaque élevage devra avoir un référent sur le sujet. «L’arrêté ministériel n’a pas encore été publié, mais on imagine qu’une formation devra être délivrée, explique Anne-Lise Hallépée, animatrice à l’URGPP. Une partie serait dispensée en distanciel et sept heures en présentiel. Le référent pourrait avoir le choix entre quatre modules, pour que sa formation colle davantage à son élevage.» En parallèle, les éleveurs sont également appelés à respecter quelques règles concernant la luminosité des bâtiments, l’abreuvement et les matériaux manipulables.

La filière a également annoncé une montée en gamme progressive pour le label «Viande de porc français». De nouveaux critères devraient apparaître avec, notamment, l’obligation de fournir une déclaration d’activité, lutter contre les rongeurs, isoler les animaux malades, entretenir les abords ou encore respecter les règles de bien-être animal. «Le socle de base de la démarche reste inchangé, rassure la directrice de l’URGPP. Les démarches VPF (viande de porc français) et QT vont simplement fusionner.»

 

Divergences sur la castration

Un autre sujet, plus polémique cette fois-ci, a monopolisé une bonne partie des échanges : l’arrêt de la castration à vif des porcelets. Au 1er janvier, les éleveurs devront revoir leurs techniques de castration. Après une étude d’objectivation réalisée par Inaporc, deux techniques s’offrent aux éleveurs : l’élevage de porcs entiers ou la castration sous anesthésie locale. L’une permet aux éleveurs de gagner environ 10 €/porc mâle, l’autre coûte 0,68 €/porcelet. «Dans le cas de l’anesthésie, les éleveurs devront se former, explique Caroline Tailleur, directrice adjointe à l’Inaporc. Cela demandera plus de temps et ce sera plus contraignant.»

Si le choix semble être évident pour les éleveurs, il n’en est pas de même pour l’aval de la filière présente à l’AG. «Pour des raisons qualitatives, Bigard n’acceptera aucun porc mâle non castré, prévient Fabrice Didier, responsable de la filière chez Bigard. Nous ne prendrons pas le risque d’avoir de la viande mal odorante ou trop maigre.» À côté de lui, Didier Hue, directeur des Salaisons du terroir travaille avec de la viande de porcs mâles entiers depuis une dizaine d’années : «Cela demande de l’organisation, une certaine adaptation mais c’est possible. Pour cela, il faut du temps.»

Si chacun des opérateurs promet une prise en charge du coût de la castration dans leurs prix d’achat, les éleveurs repartent frustrés. Rien n’est encore acté, mais le ton est donné. Toutefois, après cette date, rien n’empêchera les transformateurs de faire évoluer, à leur rythme, leurs organisations opérationnelles pour que le porc mâle entier arrive dans les rayons... s’ils se décident.

 

Une production qui se maintient

Avec 1,1 million de porcs charcutiers vendus en 2020, la production régionale reste stable, avec un niveau semblable à 2018. Toutefois, on note une baisse de 1,8 % du nombre d’élevages en Hauts-de-France par rapport à 2020. Avec 629 sites de plus de dix truies ou plus de cinquante places d’engraissement. En 2020, le prix moyen du porc au marché de Plérin était de 1,39 €/kg, avec un point haut à 1,619 €/kg début 2020 et un point bas à 1,197 €/kg.
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