Une partie du muguet 2020 restera au champ
Étendue au 11 mai, la période de confinement englobe désormais la très courte période de commercialisation du muguet. Seuls les volumes vendus à la grande distribution qui représente 50 % des débouchés, ont commencé à être récoltés. Les milliers de brins destinés aux fleuristes et grossistes pourraient bien rester aux champs.
Si la production de légumes commence à trouver ses marques en cette période de confinement, les maraîchers nantais doivent faire face à la commercialisation d’un produit dont la saisonnalité ne laisse pas droit à l’erreur : le muguet.
En effet, 80 % de la production française de cette fleur vendue le 1er mai sont réalisés dans le bassin nantais. Pour les exploitations pratiquant cette culture, elle peut représenter de 5 à 25 % du chiffre d’affaires annuel. Alors que la cueillette avait débuté le 15 avril, le prolongement du confinement jusqu’au 11 mai remet en cause la récolte sur une partie des surfaces cultivées. «Les frais de personnel pour le ramassage et le conditionnement représentent 70 % du coût de production d’un brin de muguet. Ce serait de la folie de récolter sans avoir de commande au préalable», explique Patrice Verron, conseiller technique muguet au sein du Comité départemental de développement maraîcher (CDDM) de Loire-Atlantique. En conséquence, seuls les producteurs qui livrent à la GMS et qui ont des commandes fermes ont débuté la récolte. Ce sont essentiellement les volumes habituellement destinés aux fleuristes, grossistes et mandataires à Rungis qui posent problème.
«Comme ils sont fermés, on ne sait pas s’ils pourront vendre ou non le 1er mai. Mais s’il n’y a pas de commande avant la fin de semaine, ce sera terminé», constate le conseiller du CDDM. Concernant la GMS, tous les volumes ne sont pas assurés non plus. Pour ce débouché qui représente habituellement la moitié de la commercialisation du muguet, les commandes sont en retrait de 30 %.
Une organisation de travail revue
En cette période de confinement, la récolte du muguet pose un problème sanitaire eu égard au nombre de saisonniers présents dans les champs et dans les locaux de conditionnements. Pour faire face à cette situation, les maraîchers nantais ont modifié leur organisation de travail. «Heureusement les planches de muguet font 1,4 m, cela permet plus facilement de garder une distanciation de 1,5 m en évitant les vis-à-vis, explique Patrice Verron. Pour éviter les contacts entre équipes, certains producteurs ont mis au point une récolte toutes les deux à
trois bandes».
Pour le travail sur les calibreuses, une réflexion avec le fabricant a permis d’installer des cloisons entre chaque poste. Sur certaines exploitations, seule une calibreuse sur deux fonctionnera mais sur des temps plus loin avec des rotations d’équipes.
Selon le conseiller du CDDM, le recrutement des nombreux saisonniers n’a pas posé de problèmes. Cette année, la récolte du muguet était en adéquation avec les vacances scolaires. Les équipes étaient complètes et les producteurs n’ont pas eu à faire appel aux volontaires inscrits pour aider le secteur agricole.