Une récolte d’escourgeon décevante
Les dernières parcelles d’escourgeon devaient être battues en cette fin de semaine. La céréale, pourtant prometteuse, a finalement déçu, avec des rendements moyens et un PS un peu en-dessous de la norme.
Les dernières parcelles d’escourgeon devaient être battues en cette fin de semaine. La céréale, pourtant prometteuse, a finalement déçu, avec des rendements moyens et un PS un peu en-dessous de la norme.
Décevante. C’est l’adjectif employé par la plupart des collecteurs de la Somme à l’évocation de la récolte d’escourgeon cette année. Les dernières parcelles devaient être battues en cette fin de semaine, mais un premier bilan peut déjà être dressé. «Ça avait bien démarré en petites terres, mais notre enthousiasme est un peu retombé lorsque les bennes des terres plus fortes nous ont été livrées», commente Jean-Jacques Charpentier, des établissements du même nom, à Beauquesne. Pour le négociant agricole, la moyenne est 83 à 84 qx/ha, soit une dizaine de quintaux de moins que l’année dernière. «La qualité est aussi moins belle (62-63 de PS, pour une norme à 64). Heureusement, tout est rentré bien sec.» Dans ce secteur du doullennais, un des plus tardifs du département, il restait 20 % des orges d’hiver à rentrer ce mercredi.
Le constat est similaire dans les autres régions. «Les rendements oscillent entre 75 et 85 qx/ha, avec un PS en-deçà de la norme», note Antoine Dennetière, directeur d’exploitation chez Calipso. Les résultats sont en fait très hétérogènes d’une parcelle à l’autre. «Entre 70 et 100 qx/ha», relève Hubert Lecas, responsable du secteur Ouest chez Noriap. Son collègue du secteur Est et Sud, Frédéric Toullet, met cette hétérogénéité sur le compte de la pluviométrie qui a oscillé entre 100 et 150 mm selon les communes. «La moyenne est de 82 qx/ha, soit 5 qx de moins que l’année dernière.» Les bonnes terres auraient surtout trinqué (- 5 à - 10 qx/ha par rapport à 2020), alors que les petites terres s’en sortent mieux (+ 5 qx/ha).
L’escourgeon est à peine terminé que les autres cultures prennent déjà la route des silos. «Cette année, il n’y a pas de répit. Tout va s’enchaîner», constate Pierre Demolin, responsable dans la Somme pour la coopérative NatUp. Les premières bennes de colza, de blé, d’orge de printemps et de pois d’hiver étaient livrées un peu partout en ce début de semaine. Sans surprise, ces derniers pois ne sont «pas fameux». «Ils ont souffert du gel, donc des bactéries se sont infiltrées, provoquant le pourrissement des pieds», relève Hubert Lecas. «Les rendements sont de l’ordre de 30 qx/ha, note Frédéric Toullet. Les agriculteurs rencontrent des difficultés de battage à cause du salissement des parcelles, lié à la pluviométrie.»
Blé : l’angoisse de la pluie
Toutes les attentions sont désormais tournées vers le blé, avec une crainte : que la pluie vienne détériorer la qualité. Aux établissements Charpentier, la première benne était livrée ce mercredi, et l’équipe était curieuse de découvrir le résultat du temps de chute de Hagberg (TCH), qui détermine l’aptitude d’un blé à être utilisé dans les industries de cuisson. Il s’agit de mesurer l’activité d’enzymes qui se développent dans le grain dès le début du processus de germination. «Les deux premiers échantillons étaient à 233 et 249 s, ce qui n’est pas rassurant. Les normes commerciales imposent 220 s minimum. Or, les quelques gouttes annoncées ce week-end pourraient dégrader la qualité de notre produit, alors déclassé en fourrage», annonce Jean-Jacques Charpentier. Le négociant ne veut cependant pas alarmer : «Ce résultat est à prendre avec des pincettes, car il s’agit d’un tout premier échantillon».