Agroalimentaire
Une usine de frites va pousser sur l’ancienne friche Flodor
Les dirigeants d’Ecofrost France ont symboliquement planté un arbre fin de semaine dernière dans la zone d’activité de la Croisette à Péronne (80) pour lancer le chantier d’une usine de transformation de pommes de terre.
Les dirigeants d’Ecofrost France ont symboliquement planté un arbre fin de semaine dernière dans la zone d’activité de la Croisette à Péronne (80) pour lancer le chantier d’une usine de transformation de pommes de terre.
Depuis la pose de la première pierre de la future usine de fabrication de frites d’Ecofrost à Péronne le 23 mai, on en sait un peu plus sur les intentions de l’industriel belge. Déjà présent à Péruwelz, Ecofrost a présenté les contours de sa future usine sur la zone d’activité de la Croisette. Derrière le nom Ecofrost, on retrouve deux familles belges – les Vervaeke et les Hoflack – associées depuis 2000. Leur première réalisation a été de monter une usine de transformation de pommes de terre dans la province wallonne du Hainaut. Pour concrétiser leur projet de construction d’une seconde usine, cette fois dans les Hauts-de-France (Péronne, Somme), elles se sont associées à Mathieu Lenglet, désormais présenté comme co-fondateur.
Péronne, petite sœur de Péruwelz
Ecofrost, c’est un chiffre d’affaires de 650 millions d’euros – 80 % sont réalisés par l’activité pommes de terre –, 240 000 tonnes de produits finis, 12 000 hectares de pommes de terre valorisés et 830 agriculteurs partenaires. Avec une croissance annuelle de son CA de 17 %, pas étonnant qu’Ecofrost ait eu envie de surfer sur la vague en montant une seconde usine. Son dévolu s’est jeté sur Péronne et l’ancienne friche Flodor. Selon les mots de présentation de ses responsables, Ecofrost Péronne pourrait «ressembler très fort à l’usine de Péruwelz.»
Pour faire tourner son usine de Péronne, Ecofrost va se lancer dans la recherche de 10 000 hectares de pommes de terre pour un volume de 400 000 tonnes à transformer. Si le défi peut sembler grand, l’industriel entend amorcer la pompe en relocalisant la transformation de pommes de terre actuellement produites dans la Somme et prenant la direction de l’usine de Péruwelz pour être transformées. «Nous souhaitons un ancrage agricole territorial fort et cela passe par un partenariat avec le monde agricole. Nous espérons une entente forte dans les années à venir, et pourquoi pas en révolutionnant la relation contractuelle», a assuré Mathieu Lenglet, lui-même agriculteur.
Mise en exploitation en 2026
L’usine Ecofrost de Péronne compte réaliser 60 % de son chiffre d’affaires sur le marché intérieur. Quant au reste, il s’agira d’export, en s’appuyant notamment sur le Canal Seine Nord Europe. Jusqu’à présent, Ecofrost est plutôt présent sur le marché des GMS avec lesquelles il réalise 90 % de son chiffre d’affaires. Seulement, affirme-t-on chez l’industriel, «avec l’usine de Péronne, vous allons viser davantage la restauration hors domicile». La mise en exploitation du site devrait intervenir à partir de 2026.
Dans un premier temps, un espace de stockage froid d’une capacité de 8 000 palettes sera créé. Puis viendra la construction de l’usine de fabrication à proprement parler. L’investissement global devrait être de 224 millions d’euros. Avec bientôt deux usines, l’objectif du groupe Ecofrost est de «tripler» sa production d’ici 2032, ce qui sous-entend augmentation des capacités de production, élargissement des gammes et investissements.
Un projet qualifié «d’exemplaire»
Localement, le projet est évidemment vu d’un bon œil. Pour le président de la Communauté de communes de la Haute-Somme (CCHS), Éric François, le démantèlement de l’usine Flodor «en catimini» a été «douloureux» et «a traumatisé le territoire». Les premiers contacts entre Ecofrost et les élus de l’intercommunalité remontent à 2020 et aboutiront à la vente de 13 hectares en décembre 2023. Toujours selon Éric François, si l’implantation d’Ecofrost est «exemplaire», c’est le fait de plusieurs facteurs : «Votre projet est exemplaire parce qu’il s’implante sur une zone déjà artificialisée, avec une situation géographique privilégiée, dans une région fertile et à seulement quelques kilomètres du port intérieur de Péronne» ; lequel desservira le futur Canal Seine-Nord Europe. Du côté du département de la Somme, représenté par son vice-président Emmanuel Noiret, l’implantation d’Ecofrost à Péronne est aussi une «bonne nouvelle». «Ici, a-t-il souligné, vous avez une matière première abondante et de qualité. Notre territoire compte déjà plusieurs entreprises agroalimentaires florissantes et nous sommes heureux de vous accueillir.» Vice-présidente du Conseil régional des Hauts-de-France, Marie-Sophie a vanté «un projet magnifique, symbole du renouveau de ce territoire, en lien avec le Canal Seine-Nord. On est en train de mesurer ici les retombées d’un dossier qui a pris du temps et a demandé de l’engagement…» Préfet de la Somme, Rollon Mouchel-Blaisot a pour sa part salué au travers de l’implantation d’Ecofrost un projet «précurseur» dans ce que l’État préconise en matière de sobriété foncière «puisque vous utilisez du foncier que l’on ne regardait plus…» Depuis le 23 mai dernier et dans les mois à venir, il n’est pourtant pas permis de douter que de nombreux regards se tourneront encore vers Ecofrost et sa future usine.