Une valeur retrouvée pour la féverole
Sensible au stress hydrique comme aux maladies, la féverole de printemps garde quelques adeptes dans la région qui ont opté pour une valorisation plutôt originale : la fabrication d’une pâte à tartiner «made in Somme».
dans différentes recettes.
Avec la féverole, il ne faut pas s’attendre à un rendement exceptionnel, mais ce n’est pas vraiment l’objectif recherché par Franck Dehondt. Depuis deux ans, cet agriculteur installé à Lucheux a réinscrit la féverole de printemps dans son assolement. Pour lui, la culture de la féverole permet à la fois d’avoir de la «diversité» dans une rotation, d’«amèner de la valeur sur la ferme» et participe à la structuration d’une filière locale de transformation. «Le problème de cette plante, dit-il, c’est la bruche. Si une parcelle est atteinte, les féveroles sont déclassées et partent pour l’alimentation animale, ce qui n’est pas très rémunérateur». En contractualisant pour l’alimentation humaine, il peut espérer une rémunération de 400 € par tonne.
Un débouché local
C’est à la suite d’une rencontre organisée entre la Chambre d’agriculture de la Somme et une entreprise artisanale spécialisée dans la valorisation des légumineuses qu’il a retrouvé goût à en produire. L’entreprise en question, c’est Graine de Choc, basée à Beuvraignes, dans le sud du département de la Somme. A sa tête, Béatrice Maire. Après avoir été éleveuse professionnelle de chevaux et cavalière, elle a donné une nouvelle orientation à sa carrière professionnelle depuis 2017 en se lançant dans la fabrication de produits alimentaires à base de féverole, dont des pâtes à tartiner, des veloutés ou encore des biscuits. Pour satisfaire ses besoins en matières premières - dont la féverole -, elle contractualise chaque année une vingtaine d’hectares avec des agriculteurs installés dans la Somme et dans l’Oise.
Une culture sans traitements
La récolte 2020 est «plus précoce que d’habitude», constatait Franck Dehondt le 8 août dernier, plutôt habitué à moissonner la féverole «début septembre». D’ordinaire, le rendement espéré est d’environ 4 tonnes par hectare... sauf en 2020 où il oscille chez M. Dehondt entre 1 et 2 tonnes par hectare : «Il a fait chaud et la féverole aime l’eau. En juin, la plante a subi un stress hydrique dont elle ne s’est pas remise ensuite. Et puis nous avons aussi eu des attaques de botrytis...» Une accumulation de facteurs défavorables, donc.
D’une manière générale, les semis de féveroles s’effectuent entre le 15 mars et le 15 avril, avec une densité de 220 kilos par hectare. Franck Dehondt utilise des semences qu’il produit lui-même, à partir d’une variété qui lui a été conseillée après plusieurs essais par Béatrice Maire. Cette année, la culture de féverole chez cet agriculteur adepte de l’agriculture de conservation des sols (ACS) a suivi un blé. Les quelques tournesols debout au milieu des féveroles sont des restes d’un couvert implanté après la moisson 2019 «parce qu’il n’a pas gelé suffisamment pour les détruire cet hiver», constate M. Dehondt.
Une fois implantée, la culture n’est exposée à aucun traitement fongicide ou insecticide, comme l’impose le cahier des charges de Graine de choc. Après la récolte, la féverole est stockée dans un bâtiment ventilé à la ferme, puis triée pour être livrée en big bag ensuite en fonction des besoins de transformation. C’est d’ici quelques semaines que les premières livraisons redémarreront ; l’occasion pour Béatrice Maire de démarrer une nouvelle campagne de commercialisation avec de nouveaux produits...