Vallée de l'Authie : l'opportunité d'un PPRI en question(s)
Deux études sont en cours sur le bassin versant de l'Authie pour évaluer l'opportunité de la mise en place d'un plan de prévention du risque inondation (PPRI) sur ce territoire de 163 communes.
Certains l'attendent autant que d'autres le redoutent. Dans la vallée de l'Authie, la mise en oeuvre d'un plan de prévention des risques d'inondation (PPRI) fait actuellement l'objet de discussions dans les communes de ce territoire à cheval entre le Pas-de-Calais et la Somme. Verra-t-il le jour ou pas ? Est-il nécessaire d'établir ce document cartographique et réglementaire ? C'est ce que deux études devront tenter de justifier dans les prochains mois. Car, comme l'indiquait la directrice des territoires et de la mer (DDTM) de la Somme lors d'une réunion publique sur le sujet à Doullens, le 24 septembre, «rien n'est arrêté pour le moment». Pour Emmanuelle Clomes, «l'idée de ces études est d'avoir des données qui nous permettront d'évaluer le risque d'inondation, de sécuriser ce territoire et d'aider les élus dans leur prise de décision. Souvent, les PPRI sont des documents qui font peur parce qu'ils identifient un aléa. Le but n'est toutefois pas de sanctuariser des territoires, mais il faut faire les choses intelligemment».
Pour un certain nombre d'élus locaux et de propriétaires fonciers, la mise en place d'un PPRI peut en effet être synonyme de gel de leurs projets de développement et/ou de baisse de la valeur foncière de leurs terrains. Face au doute et à cette perspective, Emmanuelle Clomes se montre rassurante : «Nous ne sommes pas là pour figer un territoire et y empêcher de nouvelles constructions. Simplement, nous aurons une carte des zones où il y a un risque à urbaniser en raison du risque d'inondation.»
Deux études complémentaires
Dans l'assemblée de particuliers qui participaient à la réunion du 24 septembre, nombreux sont ceux qui gardent en tête le souvenir du débordement de la Somme en 2001 pendant plusieurs semaines, ou encore les inondations qui ont touché Doullens et sa périphérie pendant l'été 2018. Pour le sous-préfet d'Abbeville, Philippe Fournier-Montgieux, l'un des enjeux du PPRI et des études réalisées en amont reste bien de sensibiliser les habitants d'un territoire donné.
Le cadre politique et réglementaire étant posé, un cabinet d'études ainsi que le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) ont présenté les modalités et la finalité de leurs interventions. Une première étude conduite par Prolog Ingénierie a débuté en juin dernier et doit se poursuivre jusqu'en décembre prochain. À la clé, les élus du territoire comme les services de l'État devraient disposer d'un recensement des incidents liés au cours d'eau, d'éléments «pour comprendre le fonctionnement hydraulique de l'Authie et d'une cartographie du risque inondation», précise le cabinet. La «phase 2» de l'étude réalisée par Prolog Ingénierie permettra ensuite «de mesurer le risque et sa gravité». Une seconde étude conduite par le BRGM a, quant à elle, pour but de caractériser le risque d'inondation par le phénomène de remontée de nappes. «Plus rare», selon le BRGM, le phénomène doit néanmoins être «pris au sérieux».
Un travail auprès des collectivités
Jusqu'au 10 octobre, des rencontres avec les élus et les EPCI sont ainsi organisées. Ce n'est ensuite qu'à l'automne 2020 que ces derniers pourront émettre un avis sur la cartographie des aléas et des zones inondables du territoire. Suivant les résultats des études réalisées dans la vallée de l'Authie, deux options seront ouvertes. En cas de «risque faible», une simple information auprès des habitants du territoire sera réalisée, ainsi qu'une mention dans les documents d'urbanisme. En revanche, si un risque plus fort est déclaré, l'adoption d'un plan de prévention du risque d'inondation (PPRI) serait obligatoire. Celui-ci imposera alors la présence de documents de gestion de crise et proposera des recommandations sur la gestion des eaux pluviales.