Vers un nouveau plan de réduction des produits phytosanitaires
Les 9,2 % d’augmentation de l'usage des phytos en 2013 confirment la difficulté d’atteindre les objectifs chiffrés du plan Ecophyto.
Un rapport préconise de nouvelles mesures et le Premier ministre
a demandé le lancement d'un nouveau plan de réduction.
Le Premier ministre Manuel Valls a demandé, le 23 décembre, aux ministres de l’Écologie et de l'Agriculture, Ségolène Royal et Stéphane Le Foll, d'engager un nouveau plan de réduction de l'utilisation des pesticides en France (Plan Écophyto). Cette annonce intervient après la remise, le jour-même, par le député de Meurthe-et-Moselle Dominique Potier d'un rapport parlementaire qui conclut à l'échec du premier Plan Écophyto (2008-2014). «Six ans après son démarrage fin 2008, le plan n’a pas eu les résultats espérés, puisque les indicateurs de suivi quantitatif global des usages ne montrent pas de tendance à la baisse», note-t-il dans son rapport. Le député a rencontré pendant plusieurs mois 90 organismes et 200 personnalités du monde agricole, de la société civile, de la recherche et de l’administration pour proposer des pistes nouvelles pour la réduction de l’utilisation des phytosanitaires.
Agir davantage au niveau des producteurs
Dans ses recommandations, Dominique Potier propose d’agir davantage au niveau des producteurs. «Nous voulons les remettre au cœur du dispositif. Il s’agit de mieux les accompagner» dans la réduction des produits de traitement, a-t-il précisé.
«La solution n’est pas «je diminue mes doses» si je ne change pas mon modèle de production», a ainsi expliqué Stéphane Le Foll au micro de France Inter, le 23 décembre. Car en modifiant les systèmes d’exploitation, la baisse des recours aux phytosanitaires est souvent au rendez-vous, en témoignent les bons résultats du réseau DEPHY (Démonstration, d’expérimentation et de production de références du plan Ecophyto). Les quelque 2 000 fermes qui en font partie sur le territoire ont réussi à baisser leur taux d’utilisation de produits phytosanitaires en 2013, à hauteur de 12 % pour les grandes cultures et la polyculture-élevage, et 11 % pour l’arboriculture. «Le poste herbicides reste néanmoins le plus difficile à réduire», reconnaît le ministère
Dans son rapport le député suggère que la nouvelle version du plan Écophyto mobilise les outils des politiques publiques et agisse également auprès de l’aval : collecte et mise en marché, transformation, distribution et consommation. Sur le terrain, il recommande un renforcement du plan protéines, de l’agriculture biologique, d’expérimenter les certificats d’économie de phytosanitaires et de multiplier par dix le nombre d’agriculteurs accompagnés dans leur transition vers l’agro-écologie, pour le porter à 30 000.
Sept actions prioritaires pour Ségolène Royal
Parmi les propositions du rapport Potier, la ministre de l’Ecologie a retenu sept mesures dont elle souhaite faire une priorité. Il s’agit de :
- réduire les herbicides dans l’eau, en déterminant pour les trois substances les plus présentes des Normes de qualité environnementale «NQE»,
- expérimenter les certificats d’économie de phytosanitaires à l’exemple de ce qui existe déjà dans le domaine de l’énergie,
- multiplier par dix le nombre d’agriculteurs formés aux méthodes alternatives,
- diffuser l’expérience des fermes DEPHY,
- développer l’agriculture bio notamment grâce à la généralisation du bio dans la restauration hors domicile,
- lancer une campagne de surveillance des pesticides dans l’air,
- et concernant les jardins et espaces verts publics, ne plus autoriser les ventes en libre service des produits interdits en 2022.
Davantage de produits phytosanitaires en 2013
En France, le recours aux produits phytosanitaires a augmenté de 9,2% entre 2012 et 2013, annonce le ministère de l’Agriculture, dans un communiqué le 22 décembre, à l’occasion de la publication des résultats annuels de suivi du plan Ecophyto. Un résultat décevant, dans l’optique de réduction de l’usage de ces produits, après la baisse de 5,7% observée entre 2011 et 2012.
Depuis la mise en place de l’indicateur en 2009, le recours aux produits phytosanitaires ne cesse d’augmenter (+5% par an, en moyenne entre 2009 et 2013).
Une analyse par catégorie de produits de l’évolution de l’indicateur de référence Nodu (nombre de doses unités) dévoile des disparités : le recours aux herbicides et aux fongicides augmente entre 2012 et 2013, quand le recours aux insecticides diminue.
Le ministère rappelle que l’année 2013, comme l’année 2012, a été marquée par une forte pression des maladies fongiques. En revanche, dans les zones non agricoles, le Nodu a diminué de 7,9% entre 2012 et 2013 (de 3,4% entre 2009 et 2013).