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Viande bovine : Cobevial parie sur les filières

McDonald’s, Lidl, Label rouge… Cobevial tire toutes les ficelles pour pouvoir apporter une juste rémunération à ses éleveurs de bovins.

Parmi les filières, le Ch’ti bœuf est un contrat tripartite entre Cobevial, Bigard et Lidl, à destination des femelles pures Charolaises.
Parmi les filières, le Ch’ti bœuf est un contrat tripartite entre Cobevial, Bigard et Lidl, à destination des femelles pures Charolaises.
© A. P.

Le marché de la viande bovine pour Cobevial ? 35 000 bovins annuels, dont environ trois quarts pour la viande et un quart pour l’engraissement. Et un peu plus de 6 000 Prim’Holstein, sur près de 11 000 abattages de vaches de réformes. «Aujourd’hui, on ne peut plus parler viande sans parler troupeau laitier», assure David Delerue, directeur du secteur bovin. Les Blondes d’Aquitaine de réforme et les Charolaises ont été respectivement 1 065 et 1 765 à être abattues l’année dernière. «Ce chiffre est en baisse, car les besoins en boucherie ont diminué.» Il s’agit donc d’adapter l’offre à la demande. Et ce que les consommateurs veulent, de plus en plus, c’est «du haché» !
La politique de Cobevial est clair : assurer un revenu à ses 713 adhérents (ils étaient 350 il y a dix ans). Et cela passe par une contractualisation. Ainsi, la coopérative propose des contrats pour les taurillons, Charolais et croisés, avec un prix plancher garanti à 3,75 €. Les conditions : moins de vingt-quatre mois, 400 à 480 kg, conformation R + minimum, et un engagement de vingt bêtes au minimum. «Le prix englobe le coût de production et une rémunération à hauteur de deux fois le Smic», précise Hervé Drouvin, président. Aujourd’hui, la totalité des adhérents sont engagés dans ce contrat. Près de 8 000 taurillons ont été abattus (hors Holstein). «Il n’est pas évident d’obtenir l’engagement des industriels sur un prix. Mais notre volume, désormais conséquent, fait que nous pesons plus», explique Hervé Drouvin. Ce contrat reste néanmoins «à risque» pour Cobevial. En 2019, il lui aura coûté 12 000 €.
«Cette année, nous devrions parvenir à récolter des engagements supplémentaire de la part des industriels. Nous avançons un pas à la fois

McDo et Lidl : les clients sûrs
Les taurillons Prim’Holstein, eux, bénéficient du contrat Mc Key (McDonald’s). «Un contrat sécurisé pour l’éleveur, puisque le prix est connu à la naissance du veau», annonce David Delerue. Le cahier des charges précise qu’il s’agit de bêtes de vingt-quatre mois et 330 kg au maximum, avec une conformation P +, O - et O =. Le prix attendu en 2020 est de 3,21 €/kg pour une bête née dans l’exploitation et 3,29 €/kg pour une bête achetée pour engraissement. Un peu plus de 2 380 taurillons ont été abattus sous cette forme.
Autre filière qui a la cote : le Ch’ti bœuf, mis en route en octobre 2019. C’est un contrat tripartite entre Cobevial, Bigard et Lidl, à destination des femelles pures Charolaises, génisses ou vaches de moins de dix ans, nées et élevées en Hauts-de-France, avec un poids carcasse compris entre 340 et 420 kg, et une conformation R -,R =, R +, ou U -. «C’est le vrai créneau pour la génisse, se félicite Éric Bettens, directeur de Cobevial. Ce contrat assure 0,50 €/kg de plus à l’éleveur. Une vingtaine d’animaux sont abattus chaque semaine.» Le tout est commercialisé sous six références (trois types de haché et entrecôte, faux filet et steak), en barquettes, avec les photos des éleveurs.

D’autres filières à saisir
Cobevial est engagées dans d’autres filières, comme la Bleu blanc cœur, qui assure au client une viande «riche en Oméga 3». Elle concerne les réformes laitières et les Blondes d’Aquitaine. À la clé, 0,15 €/kg de plus si les conditions sont respectées. Mais celles-ci ne sont pas évidentes. «Le cahier des charges implique une période tarissement de cinq à six mois, et l’alimentation à base graines de lin extrudées est coûteuse», regrette David Delerue.
La filière Cœur de gamme, qui concerne les génisses et les vaches de moins de dix ans de race pure Charolaises, Limousines et Blondes d’Aquitaine, reste également une niche. En 2019, 377 bêtes sont entrés en Cœur de gamme pour une plus-value de 60 488 €. «Elle a été créée en 2018  et s’éteint en 2020, lance David Delerue. C’est très aléatoire pour les éleveurs.» En janvier, par exemple, treize vaches sont passées Cœur de gamme à l’abattoir de Feignies, pour 250 animaux, soit 1 % des animaux livrés à cet abattoir. 
Les dirigeants de Cobevial fondent des espoirs dans le Label rouge, notamment pour les Charolaises, Limousines et les Blondes. Ce label implique, entre autres, que des règles en matière de bien-être animal soient respectées, ainsi qu’une alimentation très herbagère, non OGM… «Quelques éleveurs pourraient y entrer sans gros surcoût de production. Mais quels volumes, à quels prix ? Beaucoup de critères restent à définir», résume Éric Bettens.

Compléments et dividendes
En plus des filières, Cobevial met en place des accompagnements spécifiques pour leurs éleveurs, comme le prêt à 0,5 % pour financer l’achat de broutards à engraisser. Les compléments de prix aux adhérents se sont élevés, en 2019, à 10 € par taurillon, vache, génisse, bœuf, broutard vendu et broutard engraissé (soit 20 E pour un naisseur-engraisseur). À cela peut s’ajouter les dividendes lorsque l’adhérent est actionnaire du Groupe Alliance, soit
30 % du capital social. Pour un JB, par exemple, le chiffre d’affaires moyen est estimé à 1 500 €. Les dividendes par bovin s’élèvent donc à 10,20 E pour un adhérent à 2 % de capital social et à 25,50 € pour un adhérent à 5 % de capital social.

Thierry Caron fait le pari des taurillons

L’élevage de Charolaises est devenu le dada de Thierry Caron. «Mon père a commencé en 1980, lorsqu’il a décidé d’arrêter le lait. J’ai poursuivi son développement, avec un atelier taurillons en 2009.» 80 mères et 160 taurillons (avec une capacité de 220 places), composent son troupeau. Une vache par mois est vendue en direct depuis quatre ans. Les taurillons, eux, sont commercialisés via le contrat Cobevial qui offre un prix plancher. L’éleveur a d’ailleurs parié sur cet atelier il y a peu, puisqu’il a doublé la surface du bâtiment d’élevage. «L’intérêt était d’augmenter le nombre de bêtes, mais aussi d’avoir un meilleur confort de travail avec un nouveau parc de contention : un couloir de contention dans chaque parc, et un système dit en camembert, avec des passages d’hommes. Il nous permet de peser, vacciner, tondre et embarquer plus facilement. En deux heures, à quatre, nous avons pesé les
160 taurillons. Je suis surtout beaucoup moins stressé», confie-t-il. 12 000 € ont été investis pour cela, et 3 000 € d’aides ont été débloqués par la MSA.
Il s’agit donc de rentabiliser l’investissement. En plus du prix plancher, Thierry travaille à l’optimisation de ses coûts de production, avec l’aide de la chambre d’agriculture. Cela passe entre autres, par la génétique, une vraie passion, qui permet «d’améliorer le cheptel petit à petit». Le sélectionneur Charolais fait génotyper ses femelles. «Je peux ainsi éloigner les tares, comme le gène culard, et les maladies telles que l’ataxie.» Les vêlages ont été groupés sur deux mois, et la moitié des génisses vêlent à deux ans. L’alimentation, elle, est le plus possible herbagère. «Je récolte le surplus d’herbe et, aux beaux jours, je fonctionne en pâturage tournant, grâce à trois îlots de 10 ha.» Les prairies sont régénérées, ressemées… Bref,
chouchoutées.

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